TENNISComment les fans français permettent à Cazaux, Parry et cie de se transcender

Open d’Australie : « On a retourné le stade », les supporters français au soutien (bruyant) des Bleus à Melbourne

TENNISDepuis le début de l’Open d’Australie, les supporteurs français encouragent très bruyamment les joueurs tricolores
L'arrivée des supporteurs français a changé la dynamique du match entre Diane Parry (en rose) et Kamilla Rakhimova.
L'arrivée des supporteurs français a changé la dynamique du match entre Diane Parry (en rose) et Kamilla Rakhimova. - Anthony WALLACE / AFP / AFP
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  1. A l’Open d’Australie, les spectateurs français sont extrêmement enthousiastes et bruyants pour encourager les joueurs tricolores.
  2. Une ambiance qui permet aux Français de se transcender sur le court. Sept tricolores sont qualifiés pour le troisième tour.
  3. Gourmands, joueurs et joueuses commencent à s’habituer à ces ambiances et demandent aux spectateurs de les suivre.

Le portrait du Français en voyage à l’étranger n’est guère dithyrambique : ça parle fort, ça ne fait pas l’effort de discuter en VO et ça se croit supérieur à tout le monde. Et Melbourne, mi-janvier, n’échappe pas à la règle, même à 18.000 kilomètres de Paris. A deux différences près : le comportement des Français y est loué et nos compatriotes ne se croient pas supérieurs à tout le monde, ils le sont, tout simplement.

Oui, car depuis le début de l’Open d’Australie, dans la foulée de performances spectaculaires des tricolores, les spectateurs français retournent les tribunes du premier tournoi du Grand Chelem de la saison, avec une ambiance du tonnerre, pour pousser leurs compatriotes à se dépasser. Et ça marche, avec sept représentants de l’Hexagone qualifiés pour le troisième tour, avant les matchs de la nuit dernière.

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« Avoir autant de Français qui t’encouragent alors qu’on est à l’autre bout du monde, c’est vraiment bien, se réjouissait ainsi Luca Van Assche après sa victoire au deuxième tour. C’est vraiment des génies ! Merci à eux pour avoir encouragé tous les Français tout au long de la journée. Ils nous poussent beaucoup, on a presque l’impression de jouer à Roland-Garros. » Enfin, Roland, sans l’ambiance feutrée, les panamas et les popopopopolololo.

Se sentir comme à la maison

Une vraie ambiance, digne de la Bombonera ou de Bollaert, avec chants, clapping, drapeaux français. Il ne manque plus que les fumigènes et on aurait un kop de folie. « On est avec eux, on les porte, ils sont loin de France et c’est quand même un endroit assez impressionnant, donc on fait le maximum pour qu’ils se sentent comme à la maison, en confiance et soutenus », nous explique Loïs (23 ans), qui entame sa deuxième année de PVT (permis vacances travail) en Australie.

Loïs était déjà présent l’année dernière à Melbourne pour encourager les Français, et notamment Adrian Mannarino, qui galérait face au local Alex De Minaur. Et avec un autre frenchy en PVT, Maxence (22 ans), ils avaient décidé de motiver le divin chauve : « C’est un peu là où tout a commencé, nous raconte Maxence. Manna était un peu en difficulté, on s’est dit qu’on allait mettre le feu pour l’aider et les Australiens ont joué avec nous, c’était une super ambiance. »

Les Français dans la Rod Laver Arena
Les Français dans la Rod Laver Arena - Loïs

Depuis, à force de rencontres, des groupes de Français se sont formés, entre ceux en PVT et ceux venus spécialement pour le tournoi, et ils écument les courts pour soutenir, dans le bruit et la fureur, leurs compatriotes. « Plus le court est petit, plus on est chaud pour y aller, expliquent Antoine (27 ans) et Marius (22 ans), créateurs de la chaîne Twitch TweenerTime, qui ont gagné un concours pour venir en Australie. T’es proche des joueurs, tu peux mettre une ambiance de fou. »

Intervention salutaire

Demandez donc à Arthur Cazaux, qualifié jeudi pour le troisième tour, qui s’est bien servi de la colonie bleu-blanc-rouge pour battre Holger Rune : « Ils ont foutu un bordel monstrueux, mis une ambiance de dingue. C’est en partie grâce à eux qu’il y a eu cette atmosphère de tension que j’adore. Je sentais que Holger était tendu parce que les mecs, ils étaient au taquet. Il les a chambrés, je ne suis pas sûr que c’était la meilleure idée. »

Déjà, au premier tour, face au Serbe Lazlo Djere, le public tricolore avait aidé le Montpelliérain à gagner son premier match dans un tournoi du Grand Chelem, le tout au bout de cinq sets accrochés. « A la fin, il est venu nous saluer et nous a expliqué qu’au début du cinquième, il avait des crampes partout et quand on est arrivés, il ne sentait plus rien, rapporte Antoine. Il nous dit qu’on avait fait tourner le match et que, sans nous, il ne s’en serait pas sorti. »

Diane Parry peut également remercier le kop français, venu à son secours alors qu’elle était mal en point, menée 4-1 dans le premier set par Kamilla Rakhimova, lors de son deuxième tour. « On s’est tous envoyé un message pour aller la voir, développe Loïs. On est rentrés dans la tête de la Russe. La pauvre, elle a craqué. Diane, on l’a enflammée. Il y avait une bande de Français, sur le dernier jeu, on a fait “Qui ne saute pas n’est pas français” sur tout le changement de côté, tu vois la Russe dépitée, avec Diane qui est dans son match, qui ne fait pas de faute. On a bien retourné le stade. Il n’y avait pas grand monde, on entendait que nous. »

Messages et invitations

De l’aveu de tous nos expats, l’ambiance lors de ce Parry-Rakhimova a été la plus marquante depuis le début de la semaine, même s’il y a eu pas mal de folie lors des matchs de Gaël Monfils, d’Ugo Humbert ou d’Adrian Mannarino. A la fin du match, la 72e mondiale a même pris le téléphone de Maxence pour chanter avec les supporteurs. « Les joueurs et joueuses sont hyper abordables, ils sont simples, super sympas, et tous nous remercient, témoigne le jeune homme. Ils chantent avec nous, font des vidéos. Je pense vraiment que ça leur fait du bien. »

« « En France, quand il y a des Français qui encouragent, les joueurs ne savent pas si c’est parce qu’ils sont fans des joueurs ou parce qu’ils ont mis de l’argent sur eux, indique Antoine. Ici, quand t’as des Français, avec des drapeaux tricolores qui viennent te voir, tu sais que ce n’est pas une histoire de pari sportif, c’est juste pour encourager les joueurs et prendre du plaisir. Et donc ils sont beaucoup plus ouverts avec nous. » »

Au point de tout mettre en œuvre pour que le kop soit à leurs côtés durant les matchs. « Parry et Dodin nous ont envoyé des messages pour qu’on soit présents, reprend Maxence. On a eu des invitations par Garcia pour son match face à Osaka, on a aussi eu trois invitations par Cazaux pour son match face à Rune. » « Ils connaissent nos têtes, reprend Loïs. Ugo [Humbert], nous avait écrit, car il voulait une ambiance de Coupe Davis sur son match. » Et pas la Coupe Davis de Gerard Piqué. La belle, la grande, celle où la France remportait des titres. Ça peut donner des idées.

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