BASKETPourquoi « Wemby » n’a-t-il pas été porté au All-Star Game par les fans ?

NBA : Pourquoi Victor Wembanyama n’a-t-il pas été porté au All-Star Game par les fans ?

BASKETAlors que les votes du public pour le prochain NBA All-Star Game (le 18 février à Indianapolis) s’achèvent ce samedi, le phénomène tricolore des Spurs ne pointe qu’en huitième position à son poste à l’Ouest. Pouvait-il viser mieux ?
Qui ne rêverait pas de voir « Wemby » claquer des dunks en plein All-Star Game, dès sa première saison en NBA ?
Qui ne rêverait pas de voir « Wemby » claquer des dunks en plein All-Star Game, dès sa première saison en NBA ? - Eric Gay/AP/SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • Le public peut élire sur Internet jusqu’à ce samedi son cinq majeur des conférences Est et Ouest pour le prochain NBA All-Star Game, qui se déroulera le 18 février à Indianapolis.
  • Très ambitieux, Victor Wembanyama (20 ans) rêve de participer à ce rendez-vous majeur dès sa saison rookie, ce qui est extrêmement rare dans l’histoire récente de la meilleure Ligue du monde.
  • Au dernier décompte jeudi soir, l’intérieur tricolore des Spurs figurait « seulement » à la huitième place des joueurs « frontcourt » de l’Ouest. Cela limite clairement les chances de « Wemby » d’en être, alors que le grand public ne s’est pas mobilisé en masse pour sa candidature.

«Wemby » peut-il réussir un exploit que personne n’a signé en NBA depuis treize ans, que ce soit Kyrie Irving, Damian Lillard, Luka Doncic, ou même LeBron James avant eux ? A savoir être sélectionné pour le All-Star Game dès sa saison rookie dans la meilleure Ligue du monde. Ce grand show à l’américaine, qui se déroulera le 18 février à Indianapolis, n’a en soi aucun intérêt sportif, comme le prouvent les 300 points systématiquement cumulés dans cette parodie d’opposition depuis cinq ans. Mais cela reste symboliquement LE match des étoiles qui oppose les 24 meilleurs joueurs de la NBA. Autant dire que lorsque vous êtes un phénomène comme Victor Wembanyama (20 ans, 2,24 m), vous comptez en être sans plus attendre.

Cette sélection passe par deux biais pour l’intérieur des Spurs (et pour tous les autres candidats) : faire partie des sept joueurs remplaçants de la conférence Est/Ouest retenus par les 30 coachs en poste, ou plus prestigieux encore : être l’un des trois joueurs du « frontcourt » titulaires, en étant plébiscités sur Internet par les fans (qui représentent 50 % du résultat final), les médias (25 %) et les joueurs (25 %). Une fois la partie réglementaire/relou évacuée, voilà les enseignements délivrés jeudi soir par la NBA, lors de son dernier point sur les votes avant leur clôture ce samedi (on connaîtra les titulaires le 25 janvier et les remplaçants le 1er février) :

  • Comme une semaine plus tôt, Victor Wembanyama apparaît à la 8e place des ailiers-intérieurs du côté de la conférence Ouest.
  • Il compte précisément 601.208 voix des internautes, ce qui le place très loin des superstars de la Ligue LeBron James (3,9 millions), Nicola Jokic (3,5 millions), Kevin Durant (3,5 millions), Anthony Davis (2 millions) et Kawhi Leonard (1,4 million).
  • Il devance symboliquement son grand rival pour le titre de rookie de l’année, Chet Holmgren (OKC, 422.330 voix).
  • Par contre, il ne recueille même pas la moitié des voix du pivot turc Alperen Sengun (1,3 million), qui a pourtant une aura moindre aux Etats-Unis et un bilan statistique comparable (21,5 points et 9 rebonds en 32 minutes contre 19,8 points et 10,1 rebonds en 28 minutes pour « Wemby »).

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« C'est là qu'on se rend compte de ce qu'est une nation de sport »

« C’est là qu’on se rend compte de ce qu’est une nation de sport »

Ce duel largement perdu dans les urnes virtuelles nous pousse à une question : le public français s’est-il véritablement mobilisé pour permettre à Victor Wembanyama de réaliser l’un de ses rêves : être un All-Star dès sa première saison en NBA ? « Oula, en France, le grand public préfère voter pour une émission comme Danse avec les stars qu’en faveur de Victor au All-Star Game, estime Jacques Monclar, l’emblématique consultant de beIN SPORTS, qui sera à Indianapolis dans un mois. C’est comme ça, ce n’est pas dans notre culture. » Ancien pivot des Bleus, vice-champion olympique à Sydney (en 2000), Frédéric Weis complète au sujet de l’impressionnant élan derrière Sengun : « C’est là qu’on se rend compte de ce qu’est une nation de sport, que ce soit cette fois la Turquie ou la Géorgie il y a quelques années ». Car oui, même un no name géorgien (aux yeux du grand public) avait affolé les compteurs en 2016.

On parle du bien nommé Zaza Pachulia, qui avait failli bénéficier de l’ancien système NBA, lorsque les fans étaient les seuls à voter, pour se glisser dans le cinq de départ du All-Star Game. Un peu à l’image de Yao Ming, plébiscité pour ce rendez-vous phare dès son année rookie en 2003. Sauf que la Géorgie compte 40 fois moins d’habitants, et Pachulia avait 40 fois moins d’impact en NBA que le géant asiatique… En 2016, l’ami Zaza avait ainsi devancé à la surprise générale des références comme Draymond Green, Blake Griffin et Anthony Davis, pour échouer à seulement 14.000 voix de Kawhi Leonard (3e du « frontcourt »). Le tout en ayant tourné cette saison-là (quasiment la meilleure de sa carrière) à 8,6 points et 9,4 rebonds par match avec Dallas. Ce quasi coup de tonnerre en NBA, mi-patriotisme +++, mi-troll, avait poussé la Ligue à réagir dès 2017 pour mettre en place le mode de votes actuel.

En 2016, le Géorgien Zaza Pachulia a failli créer la sensation en étant tout proche d'être élu dans le cinq majeur du NBA All-Star Game, malgré des statistiques assez quelconques.
En 2016, le Géorgien Zaza Pachulia a failli créer la sensation en étant tout proche d'être élu dans le cinq majeur du NBA All-Star Game, malgré des statistiques assez quelconques.  - Tony Gutierrez/AP/SIPA

« Mérite-t-il d’être devant Jokic, LeBron ou Durant ? »

« On a contraint la Ligue à changer le règlement, et c’est le moment dont je suis le plus fier dans ma carrière », avait confié dans la foulée Zaza Pachulia, conscient de ne pas avoir « le calibre d’un All-Star. » Frédéric Weis décrit le loustic : « C’était un très bon joueur de l’ombre, mais pas flashy du tout quoi. C’était un besogneux comme on en voit rarement dans un All-Star Game. Pachulia, ça n’aurait pas été normal qu’il en soit, il ne méritait pas d’être All-Star. Par contre avec Victor, ça revenait à appuyer une candidature valable. Mais pour ça, il aurait fallu voter massivement…. »

Ce que n’a donc pas suffisamment su impulser la communauté basket en France, alors qu’un autre intérieur tricolore très en vue cette saison, Rudy Gobert (en tête de la conférence Ouest avec les Wolves), est hors-Top 10. Est-ce finalement un constat décevant pour « Wemby », et en partie lié aussi « au petit marché que représente San Antonio à l’échelle de la NBA », comme le précise Frédéric Weis, également consultant basket pour beIN SPORTS ?

« C’est très bien que Victor ait des voix, mais je trouverais ça ridicule qu’on se mobilise au point de le hisser dans le cinq de départ d’un All-Star Game, nuance Jacques Monclar. Sérieusement, mérite-t-il d’être devant Nikola Jokic, LeBron James ou Kevin Durant ? Restons calmes. Victor est bluffant, il sait tout faire et son année rookie est déjà énorme. Mais la NBA, c’est un cheminement : même Michael Jordan a attendu sa septième saison avant d’être champion. Son développement me paraît sain. Alors soyons patients et respectons au travail de Gregg Popovich. » »

Le Skills Challenge, douze ans après Tony Parker ?

OK, ça nous gonfle parfois (souvent) de le voir limité à un temps de jeu de second rôle dans une des pires franchises de la NBA (7 victoires et 34 défaites), alors qu’il transfigure tout ou presque lorsqu’il enchaîne les séquences sur le terrain. Mais voyons le positif : Victor Wembanyama peut ainsi s’offrir d’étonnants records, comme ce deuxième triple-double (16 points, 12 rebonds et 10 passes décisives) le plus rapide de l’histoire de la NBA, en seulement 21 minutes la semaine passée.

NOTRE DOSSIER SUR VICTOR WEMBANYAMA

Et puis quoi qu’il arrive, à Indianapolis, notre atout majeur en vue des JO de Paris 2024 sera la grande attraction du Rising Stars challenge et du Skills challenge, concours d’agilité qu’avait remporté Tony Parker en 2012. « Wemby » pourrait devenir le premier vainqueur à culminer au-delà des 2,20 m, ce qui constituerait un record insolite de plus avant de gentiment s’asseoir au bord du terrain pour assister à la messe du basket US, le dimanche 18 février. « Concernant Victor, je ne pense pas que ce soit déjà cuit pour ce All-Star Game, entre le vote des joueurs, des journalistes et des coachs, glisse tout de même Frédéric Weis. On n’est pas à l’abri d’une belle surprise, surtout quand on voit comment il parvient à banaliser des exploits comme le fait un Giannis Antetokounmpo… »