témoignageTrump se défend à son procès en diffamation, le juge évite tout dérapage

New York : Donald Trump se défend à son procès en diffamation sous la stricte supervision du juge

témoignageDonald Trump, qui a multiplié les écarts verbaux face à la justice, n’a pu répondre que par oui ou non à quelques questions
Croquis judiciaire de Donald Trump à son procès en diffamation à New York, le 25 janvier 2024, avec son avocate Alina Habba.
Croquis judiciaire de Donald Trump à son procès en diffamation à New York, le 25 janvier 2024, avec son avocate Alina Habba. - Elizabeth Williams/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’était presque fini avant d’avoir commencé. Trois questions, moins de cinq minutes : Donald Trump s’est défendu jeudi au procès en diffamation intenté à New York par l’autrice E. Jean Carroll, mais sa liberté de parole était strictement limitée par le juge, pour éviter tout dérapage verbal après plusieurs écarts. Avant l’arrivée du jury, il a marmonné, en gesticulant : « Je n’ai jamais rencontré cette femme, je ne sais pas qui est cette femme ». « M. Trump, baissez d’un ton », l’a averti le juge.

Dans une ambiance lourde, face aux neuf jurés et à son accusatrice, qui l’avait accusé de viol et l’avait fait condamner au civil en 2023 pour agression sexuelle, l’ancien président des Etats-Unis n’a été autorisé qu’à des réponses par oui ou par non, aux trois questions posées par son avocate Alina Habba.

Le grand favori de la primaire des républicains pour la présidentielle de 2024 a simplement pu confirmer, à « 100 % », sa déposition durant la procédure. Et il a indiqué par un « oui » qu’il avait tenu les propos visés par la plainte, en juin 2019, pour se défendre des accusations de viol que venait de lancer, pour la première fois publiquement, E. Jean Carroll dans un livre. « Elle a dit quelque chose que j’ai considéré comme faux », a-t-il tenté de développer, avant que le juge Lewis Kaplan ne le coupe immédiatement : « Le jury ignorera tout après ''oui'' »

« Ce n’est pas l’Amérique »

Avait-il l’intention de blesser Carroll en faisant ces déclarations ? « Non, je voulais juste me défendre, ainsi que ma famille, et franchement, également la présidence. » Même punition du juge Kaplan : « Le jury ne considérera rien après ''non'' ».

Le contre-interrogatoire de l’avocate d’E. Jean Carroll a été encore plus court : Donald Trump a simplement indiqué qu’il n’avait pas assisté à son premier procès qui avait établi sa responsabilité dans l’agression sexuelle de son accusatrice.

Mercredi soir, sur sa plateforme Truth Social, l’ex-président avait lancé pas moins de 37 attaques écrites contre E. Jean Carroll, qu’il continue depuis des mois de dénigrer et d’insulter en la traitant de « tarée », à l' « histoire bidon », qu’il n’a « jamais vue de (sa) vie ». « Elle est malade », avait-il répété lors de sa déposition dans la procédure en octobre 2022, que les jurés avaient pu visionner durant la matinée.

Visiblement frustré et furieux, Donald Trump, 77 ans, a secoué la tête de dépit lorsqu’il témoignait. « Ce n’est pas l’Amérique », a-t-il lâché en sortant de la salle d’audience, au tribunal fédéral de Manhattan.

Montant des dommages et intérêts à établir

Le procès au civil oppose depuis le 16 janvier E. Jean Carroll, 80 ans et ancienne chroniqueuse de l’édition américaine du magazine Elle, à l’ancien président des Etats-Unis.

L’autrice l’a déjà fait condamner au civil en mai 2023 à cinq millions de dollars de dédommagements pour agression sexuelle dans une cabine d’essayage d’un grand magasin new-yorkais en 1996 et déjà une première fois pour diffamation pour des propos tenus en 2022, un verdict rendu à l’unanimité par un jury populaire.

Mais elle avait déjà porté plainte pour diffamation en 2019, quand Donald Trump, pour démentir les accusations de viol, avait affirmé qu’elle avait tout inventé pour « vendre un nouveau livre ». La procédure avait été retardée mais ce second procès a été maintenu et E. Jean Carroll réclame plus de 10 millions de dollars pour préjudice moral et professionnel.

Le juge Kaplan, qui avait présidé le premier procès, avait ordonné que le second ne porte que sur les propos de Donald Trump et pas sur les accusations de viol d’E. Jean Carroll. Les débats doivent se terminer vendredi par les plaidoiries finales, avant que le jury ne se retire pour délibérer.