révélationSamir Bellahcene, le gardien « impressionnant et inspirant » des Bleus

Euro de handball 2024 : « Il a répondu au-delà des attentes », Samir Bellahcene, l'ovni qui garde les cages tricolores

révélationA bientôt 29 ans, Samir Bellahcene, qui a rejoint Kiel cet été, dispute sa première compétition internationale avec l’équipe de France. Avec une franche réussite
Samir Bellahcene s'est envolé.
Samir Bellahcene s'est envolé. - Martin Meissner/AP/SIPA / SIPA
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • L’équipe de France affronte la Suède, ce vendredi, en demi-finale de l’Euro de handball (17h45).
  • Dans les buts, Samir Bellahcene, qui dispute sa première grande compétition avec les Bleus, aura un rôle déterminant.
  • Arrivé à Kiel (Allemagne), cet été, le gardien français, formé à Montpellier et passé par Massy et Dunkerque, a un style atypique de par son gabarit.

A quoi tient une carrière de sportif de haut niveau ? A pas grand-chose. La découverte d’un sport, vers lequel vous n’étiez pas prédestiné, à l’école, avant que tout s’enchaîne. Le centre de formation, le championnat de France, la Ligue des champions, l’équipe de France… en attendant la Légion d’honneur et le défilé sur les Champs-Elysées après la médaille d’or aux Jeux olympiques, cet été. C’est la drôle de trajectoire de Samir Bellahcene, le gardien de l’équipe de France, qui affronte la Suède, ce vendredi (17h45), en demi-finale de l’Euro de hand.

« A la base, il voulait faire gardien de foot, mais il a découvert le hand à l’école, comme moi, se souvient son frère Nassim, qui joue en deuxième division à Frontignan. Après, on a commencé tous les deux en club en même temps, moi à 9 et lui à 12 ans, ça nous a plu, on n’a jamais lâché. Vraiment, il était focus sur le poste de gardien, même s’il a eu un passage en tant que joueur, et ce n’était pas si mal. Mais il était meilleur gardien. » Et ce n’est pas les Autrichiens, entre autres, qui vous diront le contraire, eux qui ont été renvoyés à leurs chères études par le Montpelliérain (15 arrêts) durant cet Euro.

Vincent Gérard doit en faire des cauchemars

A bientôt 29 ans, Samir Bellahcene (9 sélections) explose pour sa première compétition internationale avec les Bleus, dans la foulée d’une première partie de saison plus que réussie à Kiel (Allemagne), qu’il a rejoint cet été, en prêt, engagé en tant que pigiste médical pour pallier la blessure de Vincent Gérard, le portier habituellement titulaire des Bleus. Ses performances outre-Rhin ont été telles que l’ancien club de Nikola Karabatic a racheté son contrat à Dunkerque début décembre, et a même écarté Gérard, à six mois des Jeux.

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« Quand on a eu rendez-vous avec Kiel pour qu’ils rachètent sa clause d’achat, ils nous ont dit qu’il avait répondu au-delà des attentes, explique son conseiller Kacem Ouadah. Il était venu en tant que n°2 derrière Tomás Mrkva, aujourd’hui, il est n°1 bis. Aller dans un club comme Kiel, ça lui permettait de frapper aux portes de l’équipe de France de manière légitime. Jouer dans un gros club européen, qui dispute la Ligue des champions, qui se bat pour le titre en Bundesliga… » »

Jouer à un tel niveau, surtout à Kiel, « le club qui le faisait rêver », souligne Valentin Kieffer, qui a partagé le but à Dunkerque avec le Montpelliérain, Samir Bellahcene n’attendait que ça. Des clubs huppés étaient bien venus aux renseignements, comme Vezprem (Hongrie), mais cela n’avait jamais abouti. « Dans son statut, il était déjà un joueur de niveau européen, explique Tarik Hayatoune, qui a coaché le gardien à Massy en 2017-2018 et dans le Nord en 2022-2023. Je ne le voyais pas ne pas réussir. Il connaissait déjà tellement de choses, sur tous les joueurs de Bundesliga, de Ligue des champions, que ça soit sur les carrières, les tireurs, les techniques des joueurs. »

Un gabarit atypique

Samir Bellahcene mange handball, dort handball, vit handball. Au point de « s’entraîner six jours sur sept, même les lendemains de matchs », indique Hayatoune. Aussi car le garçon à tendance à prendre du poids facilement. Un gabarit atypique (120 kg) sur lequel il s’appuie pour dégoûter les défenses adverses, notamment sur les tirs à l’aile. « J’ai vu des attitudes qui me plaisaient dans le but, de par sa taille, de par sa capacité à être bon dans les timings de parade, à lire les tirs de loin et sa morphologie l’aidait énormément, par rapport à notre système défensif, sur les tirs de l’aile », explique l’entraîneur, qui l’avait recruté à Massy alors qu’aucun club ne souhaitait de ce gardien qui sortait du centre de formation de Montpellier, barré notamment par… Vincent Gérard.

« Il a sûrement eu une période où il a douté, mais après il en a fait sa force, et il le prend surtout avec beaucoup d’humour maintenant, reprend son frère. Pour moi, c’est un atout. Avant, on avait des gardiens très rapides, explosifs. Maintenant, on a des gardiens plus larges, plus dans le placement. En plus, Samir est très explosif. Moi, j’ai plus de mal face à un gardien qui prend davantage de place dans un but. » »

A Kiel, en raison de l’enchaînement des matchs et de la présence quotidienne d’un entraîneur des gardiens, Samir Bellahcene a déjà perdu 10 kg. Mais le but n’est pas de devenir comme Kate Moss. « Il exploite au mieux ses qualités physiques, confirme Valentin Kieffer. Ça lui permet vraiment de jouer avec le tireur et de s’adapter régulièrement aux caractéristiques du tireur, et à leurs postes. D’un point de vue mental, il est très fort, il arrive à s’adapter à beaucoup de situations et à ne pas flancher. » Comme quand il a fallu se battre avec Massy dans une saison compliquée où le club luttait pour le maintien. En dépit de la relégation, Samir Bellahcene avait terminé quatrième meilleur gardien du championnat avec un beau pourcentage d’arrêt (34,53 %).

Faire plus d’arrêts exploit

A l’Euro, le taux de réussite est peu ou prou le même, malgré un début de compétition un peu plus compliqué, le temps de prendre ses marques. « Pour un gardien, évoluer à un niveau au-dessus, c’est difficile, mais pour lui, ça a été super rapide dans son adaptation, à Kiel comme en équipe de France, relève Kieffer. Je savais qu’il était très performant, mais de là à être aussi rapidement au niveau, je trouve ça impressionnant et inspirant. » Reste que, même à 29 ans, Samir Bellahcene a encore quelques points à améliorer.

« C’était déjà le cas chez nous, mais il doit progresser dans sa capacité à être décisif, même quand sa défense est en difficulté, estime Tarik Hayatoune. Il a la possibilité de faire plus d’arrêts, des “arrêts-exploits”, ce qui reste le rôle du gardien de but. Mais il n’a qu’une demi-saison en Bundesliga, une seule compétition internationale, il va mieux connaître ses adversaires au fur et à mesure. » Autant dire qu’on peut arriver serein pour les Jeux olympiques, rien ne rentrera.


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