soinsPourquoi le dépistage de la cystite en pharmacie a du mal à décoller

Cystite : Pourquoi le dépistage en pharmacie a du mal à s’installer

soinsDepuis le 30 novembre dernier, les pharmaciens d’officine peuvent effectuer des tests de dépistages de cystite sans ordonnance. Mais des difficultés, souvent logistiques, viennent entraver la mise en place du dispositif
De nombreux pharmaciens d'officine n'ont pas encore eu la possibilité de se former afin de pouvoir réaliser les tests de dépistages. Un grand nombre aimeraient également que la formation permette de délivrer des antibiotiques en cas de test positif (illustration).
De nombreux pharmaciens d'officine n'ont pas encore eu la possibilité de se former afin de pouvoir réaliser les tests de dépistages. Un grand nombre aimeraient également que la formation permette de délivrer des antibiotiques en cas de test positif (illustration). - Clément Follain / 20 Minutes
Maëva Fassino

Maëva Fassino

L'essentiel

  • Le 30 novembre dernier, l’Ordre national des pharmaciens annonçait la possibilité, pour les pharmaciens d’officine, de réaliser des tests de dépistages pour la cystite, pour les femmes de 18 à 65 ans, sans ordonnance du médecin. Deux mois plus tard, la mise en place de la mesure fait face à diverses difficultés.
  • Parmi elles, le manque de formation pour pouvoir effectuer les tests ou l’impossibilité, pour l’instant, de prescrire les antibiotiques adéquats, semblent relever du caractère nouveau de la mesure.
  • D’autres, au contraire, comme l’absence ou l’inaccessibilité de toilettes dans les officines, paraissent nettement plus délicates à palier, même dans un futur plus lointain.

Un pas en avant pour la santé des femmes : c’est dans ce sens qu’a été autorisé, le 30 novembre, le dépistage urinaire de cystite en pharmacie et sans ordonnance. Pour pallier les complications que peut entraîner cette infection, comme l’aggravation en pyélonéphrite (une infection des reins), les pharmaciens d’officine peuvent intervenir avant le médecin traitant, sous réserve d’avoir effectué une formation.

Le dépistage, ouvert aux femmes entre 18 et 65 ans présentant des symptômes classiques tels que des démangeaisons ou des sensations de brûlures, est très simple à réaliser. Le pharmacien analyse, après quelques minutes, le test urinaire réalisé sur place par la patiente, puis l’oriente vers un médecin en cas de résultat positif.

De la prévention avant tout

Dans la pharmacie Lafayette de Narbonne, l’un des professionnels, Jordan De Oliveira, a déjà suivi la formation adéquate pour effectuer ces tests. « C’est tout récent, j’ai réalisé la formation début janvier », nous informe-t-il. « Mes collègues devraient la faire courant février ».

Si la mesure prend petit à petit sur place, le pharmacien indique que le plus important sera de rendre utile cette mesure : « L’essentiel, c’est que les patientes soient au courant, donc nous allons faire de la prévention et mettre en place une communication plus large ».

Des applications encore compliquées

Mais dans les grandes métropoles, cela semble un peu plus compliqué à simplement mettre en place. Malgré l’optimisme des praticiens, beaucoup sont encore dans l’attente de pouvoir se former. « Je n’ai vu aucune formation proposée pour l’instant, mais j’espère que ça viendra vite », nous dit un pharmacien exerçant à Lyon.

Pour d’autres, les difficultés liées à la mise en application du dépistage relèvent plutôt de problèmes d’aménagement. En effet les pharmacies, et notamment celles situées en centre-ville, ne sont pas toujours équipées de toilettes adaptées et/ou accessibles aux patientes. « C’est un problème qui risque de beaucoup se poser », s’inquiète une pharmacienne toulousaine, elle-même confrontée à ce problème.

Une mesure « trop limitée »

De nombreux professionnels de santé jugent également la formation encore « incomplète ». Ne pouvant pas tous prescrire des antibiotiques à la suite du test *, ils aimeraient que la formation soit enrichie afin de pouvoir assurer une prise en charge complète des patientes. « Les patientes n’ont pas besoin de nous pour savoir s’il y a un ou deux traits sur le test (et donc si le test est négatif ou positif) », souffle une pharmacienne, jugeant le système actuel « trop limité ».

Selon l’Ordre national des pharmaciens, la formation devrait être complétée pour permettre à l’ensemble des pharmaciens l’ayant suivie de délivrer directement les antibiotiques nécessaires en cas de test positif dans les mois à venir. A long terme, cela pourrait aider à atténuer le problème des déserts médicaux. Notamment en zones rurales, où les problèmes techniques rencontrés par les pharmacies urbaines pourraient moins se poser.

* Aujourd’hui, seules les pharmacies affiliées à une Communauté professionnelles territoriales de santé (CPTS) peuvent délivrer des antibiotiques sans ordonnance.