FAKE OFFPoutine a signé un décret déclarant « illégale » la vente de l’Alaska ? Faux

Poutine a-t-il signé un décret déclarant « illégale » la vente de l’Alaska aux Etats-Unis ? Faux !

FAKE OFFLa rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre sur TikTok et X, à tel point que le ministère des Affaires étrangères américain a été questionné dessus
Le président russe Vladimir Poutine n'a pas signé un texte déclarant « illégale » la vente de l'Alaska aux Etats-Unis en 1867.
Le président russe Vladimir Poutine n'a pas signé un texte déclarant « illégale » la vente de l'Alaska aux Etats-Unis en 1867. - Gavriil Grigorov/POOL/TASS/Sipa USA/SIPA / Sipa
Mathilde Cousin

Mathilde Cousin

L'essentiel

  • De nombreux internautes sur les réseaux sociaux affirment que Vladimir Poutine a signé un décret déclarant illégale la vente de l’Alaska aux Etats-Unis en 1867.
  • Problème : le décret avancé pour preuve ne parle à aucun moment explicitement de l’Alaska ni ne mentionne de vente illégale.
  • Toutefois, en Russie, des voix s’élèvent ponctuellement pour réclamer le retour de l’Alaska au sein de la mère patrie.

Cent cinquante-sept ans après la vente de l’Alaska aux Etats-Unis par le pouvoir impérial russe, Vladimir Poutine, embourbé en Ukraine, voudrait-il ouvrir un nouveau front ou provoquer ses puissants voisins américains ? Selon une fausse rumeur qui s’est répandue comme une traînée de poudre sur X et TikTok, le président russe aurait signé un décret déclarant illégale la vente de l’Alaska en 1867.

Pour preuve, de nombreux internautes exhument un décret signé de la main du chef de l’Etat russe et que l’on retrouve sur un site officiel. Problème : ce décret ne mentionne ni l’Alaska ni aucune vente qualifiée d'« illégale ». On fait le point.

FAKE OFF

Ce texte, daté du 18 janvier, a pour objet de désigner une entreprise publique, « l’entreprise de gestion des biens immobiliers à l’étranger », comme récipiendaire de subventions afin de prendre en charge financièrement les « coûts liés à la recherche de biens immobiliers de la Fédération de Russie, de l’ancien Empire russe, de l’ancienne URSS ». L’entreprise est également chargée, dans ce texte, de supporter les coûts liés à « l’enregistrement en bonne et due forme des droits de la Fédération de Russie sur les biens immobiliers fédéraux existants de la Fédération de Russie ».

A aucun moment, le texte ne parle d’une « vente illégale » de l’Alaska en 1867. « La Russie allouera des fonds à un effort visant à trouver, enregistrer et assurer la protection juridique des biens russes à l’étranger, y compris les biens de l’Union soviétique et de l’Empire russe », résume l’agence de presse russe Tass, dans une dépêche publiée en anglais au lendemain de la parution du décret. L’agence se montre plus précise en russe : elle ajoute que depuis 2015 deux organismes étaient déjà en charge de la « recherche, l’enregistrement et la protection des biens immobiliers étrangers dans la Fédération de Russie ».

Une réponse aux Finlandais ?

Faut-il toutefois voir dans ce texte, qui mentionne un effort de recherche des biens immobiliers de l’ancien Empire russe, une allusion à l’Alaska ? « C’est une guerre d’information, explique à 20 Minutes Galia Ackerman, écrivaine spécialiste de la Russie. On comprend ce que l’on veut. L’ancien empire russe, ça peut aussi dire la Pologne, la Finlande… »

Le texte pourrait aussi être une réponse aux Finlandais et aux Lettons. L’année dernière, les autorités finlandaises ont saisi un centre russe, rappelle l’édition russe du magazine Forbes, tandis que le parlement letton a voté un projet de loi prévoyant de saisir et vendre un autre centre russe.

En Russie, des voix s’élèvent ponctuellement pour réclamer le retour de l’Alaska au sein de la mère patrie. « Il y a une chanson pour enfants qui dit que l’Alaska et les Kouriles [des îles disputées entre la Russie et le Japon] sont à nous », souligne Galia Ackerman. La chanson, popularisée par une députée du parti de Vladimir Poutine en 2017 et dédiée à « oncle Vova » [Vladimir Poutine], avait reçu un accueil mitigé.

Les Etats-Unis ont eux aussi leur opinion sur la question. « Je pense pouvoir parler au nom de tous les membres du gouvernement américain en disant qu’il [Vladimir Poutine] ne le récupérera pas », a rétorqué lundi le porte-parole du département d’Etat, fermant la porte à toute velléité russe, supposée ou réelle, sur l’Alaska.

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