portraitQui est Thérèse Hargot, sexologue controversée dans la vidéo de Tibo InShape ?

Qui est Thérèse Hargot, sexologue controversée qui apparaît dans une vidéo de Tibo InShape ?

portraitDimanche, le youtubeur Tibo InShape publiait une vidéo pour répondre à ses questions les plus intimes. Face à lui, la sexologue Thérèse Hargot souvent considérée comme controversée qui se décrit davantage comme « un esprit libre »
Thérèse Hargot, sexologue plus ou moins controversée, apparaît dans la dernière vidéo de Tibo Inshape.
Thérèse Hargot, sexologue plus ou moins controversée, apparaît dans la dernière vidéo de Tibo Inshape. - Emme Rodrigues / Canva/Tiboinshape
Lina Fourneau

Lina Fourneau

L'essentiel

  • «Une sexologue répond à mes questions intimes ». Sur une vidéo publiée ce dimanche par le youtubeur Tibo InShape, l’invitée n’était autre que Thérèse Hargot, une sexologue.
  • Dans les médias, elle est souvent décrite comme controversée, catholique, de droite, pro-Manif pour Tous. Ces étiquettes, ça ne l’intéresse pas du tout. « Ce qui m’intéresse, c’est le débat d’idées », nous raconte-t-elle.
  • Portrait de la catho mais pas trop Thérèse Hargot.

Face à face sur un canapé, la conservation peut ressembler à une discussion entre amis « à la cool » autour de la sexualité. Sur une vidéo publiée par Tibo InShape, ce dimanche, le youtubeur a invité la sexologue Thérèse Hargot pour répondre à toutes ses questions les plus intimes. Pornographie, sexualité dans le couple, désir sexuel… tout y passe. La complicité s’installe au cours du long entretien de 56 minutes, quitte à se complimenter un peu par moments. « Non mais Thibaud, c’est génial ce que tu fais, tu dois être un bon coup ». Bête de sexe, peut-être, Tibo InShape est surtout friand des sujets pouvant plaire aux internautes plus conservateurs. Thérèse Hargot ne fait pas exception ici.

« Thérapeute de couple et sexologue, aussi. Mais essayiste, surtout », selon son site, Thérèse Hargot est devenue au fil du temps une personnalité habituée des plateaux télé pour combattre le porno qui détruit, selon elle, l’amour. Elle en a même dédié un livre publié chez Albin Michel, Tout le monde regarde (ou presque). En 2020, elle a été considérée par Le Figaro Magazine comme un des nouveaux visages du conservatisme aux côtés du polémiste québecois Mathieu Bock-Côté ou de la journaliste Natacha Polony. Elle y est même décrite comme « l’alterféministe » en opposition aux néoféministes. Pourtant, les étiquettes, Thérèse Hargot « s’en contre-tape ». Elle se décrit comme un « esprit libre ». « Ce qui m’intéresse, c’est le débat d’idées. J’accepte totalement d’être controversée », martèle au téléphone la sexologue originaire de Belgique qui se fiche des commentaires. « Vous, les Français, vous avez toujours besoin de mettre des étiquettes sur les gens pour vous repérer ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Et pour mieux rémunérer 20 Minutes, n’hésitez pas à accepter tous les cookies, même pour un jour uniquement, via notre bouton« J’accepte pour aujourd’hui » dans le bandeau ci-dessous.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Alter féministe vs néoféministe ?

La sexologue marque un point. Même si elle ne se prononce pas sur sa couleur politique ou religieuse, Thérèse Hargot pourrait difficilement nier ses valeurs traditionnelles qui transparaissent dans sa lecture de la sexualité. Dans la vidéo de Tibo InShape, elle propose par exemple des temps pour des « rendez-vous sexe » - même si l'un des partenaires n'en a pas envie - dans une relation et semble très dubitative devant les nouvelles formes de couple comme les relations libres. « Je ne dirais pas du tout que je m’oppose aux néoféministes. Mais sur plusieurs sujets, je ne me sens pas en phase. Pourtant, je me sens extrêmement féministe. Ce qui m’intéresse, c’est de révéler la puissance des femmes, qu’elles retrouvent leur liberté, y compris sexuelle ». Mais surtout, Thérèse Hargot veut s’éloigner de « la guerre des sexes » qui aurait tendance à opposer l’homme de la femme, à l’heure de MeToo.

Sur certains sujets, Thérèse Hargot fait grincer les dents les plus progressistes, comme par exemple sur la contraception. En 2016, sur l’antenne de la RCF, la sexologue regrettait le fait que les femmes aient très peu d’information sur les méthodes naturelles. « Les femmes auront vraiment le choix le jour où on leur proposera des méthodes radicalement différentes dans leur fonctionnement et dans leur philosophie », affirmait-elle. Véritable caméléon des médias, la spécialiste sera un peu plus nuancée à notre micro. « Je n’ai aucun problème sur le fait que la contraception hormonale existe. Elle peut être hyperintéressante à un certain moment de la vie, le sujet n’est pas là. Mais c’est en tant qu’emblème du féminisme qui me pose problème, je ne trouve pas que cela soit un symbole de la libération des femmes ».

Les tensions avec Stan

Un débat qu’elle pouvait avoir lorsqu’elle intervenait en tant que chargée de la vie affective sexuelle au lycée Stanislas. Dès 2013, sans vraiment connaître l’établissement et tout juste rentrée d’une première expérience à New York, la jeune femme est alors très enthousiaste à l’idée de commencer. « Au début, j’ai trouvé ça génial d’avoir un poste, un vrai rôle dans l’institution sur ces sujets-là ». En plus, c’est un établissement catholique, religion dans laquelle elle a grandi et évolué. « J’étais très à l’aise ce milieu social ». Pourtant, Thérèse Hargot ne s’y retrouve pas. « J’étais fondamentalement en tension avec les prises de position de l’institution et les valeurs transmises aux élèves ». D’après une enquête de Mediapart, au sein de l’établissement, la contraception n’est jamais abordée et les filles [en minorité] doivent se vêtir pour ne pas attirer l’œil des garçons. Un manuel qui circule à Stan écrit que les maladies sexuellement transmissibles n’existent pas si on « ne se donne pas » avant le mariage.

Pas à l’aise, Thérèse Hargot préfère partir en 2017 pour donner cours de nouveaux établissements, majoritairement privés. « C’est plus facile à organiser que dans le public, ils sont plus libres ». Mais la contraception et les Maladies sexuellement transmissibles (MST) restent des sujets peu abordés dans ses nouvelles interventions. « J’estime que les élèves le voient déjà en SVT, ils ont quelques clés ». Avec Thérèse Hargot, on parle surtout de pornographie (qu’elle décrit comme « le McDo du sexe »), du sentiment amoureux et du consentement. Sur ce dernier sujet, il sera surtout question de la consommation d’alcool et de drogue. « Ce n’est pas parce qu’on est alcoolisé qu’on donne à tout le monde une autorisation de toucher son corps ».

« Est-ce qu’on peut être sexologue catho sans croire en Dieu ? »

Aussi décriée que détestée, Thérèse Hargot est une personnalité difficile à définir. La description de « sexologue catho », elle n’en veut pas vraiment. La femme de 39 ans a arrêté de croire en Dieu à ses 15 ans. « Est-ce qu’on peut être sexologue catho sans croire en Dieu ? C’est quand même tout un concept mais O.K. ». Elle reste toutefois très ancrée dans son milieu social catholique mais se dit haïe par les plus traditionalistes. « Je suis le diable pour eux car je suis pro masturbation ». Beaucoup lui reprochent aussi d’être divorcée tout en se considérant comme spécialiste de l’amour. « Ça serait incohérent selon eux ».

Peut-être faudrait-il finalement décrire Thérèse Hargot comme une passionnée de la vie affective qui plaît aux plus conservateurs, sans être politisée. « J’ai conscience que je peux dérouter », finit-elle par conclure lors de l’entretien téléphonique qu’elle nous a accordé.

Sujets liés