logementCes propriétaires qui délaissent Airbnb et les locations courte durée

Saint-Malo : Ces propriétaires qui délaissent Airbnb et les locations courte durée

logementConnues pour être hyper rentables, les locations de courte durée font l’objet d’une nouvelle proposition de loi à l’Assemblée nationale
A Saint-Malo, la municipalité a instauré une réglementation plus stricte sur les locations de courte durée afin de limiter le nombre de logements type Airbnb.
A Saint-Malo, la municipalité a instauré une réglementation plus stricte sur les locations de courte durée afin de limiter le nombre de logements type Airbnb. - C. Allain/20 Minutes / 20 Minutes
Camille Allain

Camille Allain

L'essentiel

  • La proposition de loi censée encadrer le phénomène des locations de courte durée est de retour devant l’Assemblée nationale.
  • A Saint-Malo, la réglementation a été largement durcie mais le phénomène perdure, au grand dam des habitants qui ne peuvent se loger.
  • Certains propriétaires décident cependant d’abandonner la rentabilité des locations de type Airbnb pour s’offrir davantage de tranquillité.

Elle était l’une des premières victimes de l’arrivée de la location courte durée. Destination phare des Franciliens pour le week-end, la ville de Saint-Malo se bat depuis des années contre le phénomène des logements dits Airbnb. Accusé de tous les maux et notamment d’empêcher les habitants de trouver de quoi se loger, le système de location courte durée est désormais réglementé.

Depuis lundi, son sort est même discuté par les députés à l’Assemblée nationale, à la suite de la proposition de loi d’Annaïg Le Meur (Renaissance) et d’Iñaki Echaniz (PS). Depuis 2021, la cité corsaire se vante d’avoir la réglementation « la plus stricte de France » après l’instauration de quotas dans chaque quartier et la limitation à une seule demande par propriétaire. Un peu plus de deux ans après la mise en place, force est de constater que le marché immo de Saint-Malo n’a pas connu de révolution. Quelques propriétaires ont cependant fait le choix de quitter les plateformes pour se tourner vers la moyenne ou longue durée. D’après la municipalité, 400 logements seraient concernés.

« C’est toujours un stress »

« J’ai décidé d’arrêter la location. Je ne veux plus passer des nuits blanches à m’inquiéter pour une mauvaise note, pour un commentaire négatif ou pour la réponse à donner à celui-ci. Je commence à en perdre la santé. » Ce témoignage laissé par Sabine sur un forum illustre à lui seul la charge mentale qui incombe aux propriétaires choisissant de passer par les plateformes comme Airbnb ou Abritel. « C’est toujours un stress parce qu’il y a toujours un truc qui va pas. On te contacte sans cesse pour mettre le chauffe-eau en marche ou parce qu’il y a un radiateur qui chauffe trop. Et comme les gens ne restent qu’une ou deux nuits, c’est toujours urgent. »

Karine est agent immobilier à Saint-Malo et possède également plusieurs biens qu’elle met à la location. Pour elle, la courte durée présente deux avantages majeurs : elle est hyper rentable pour amortir rapidement un crédit et moins contraignante pour récupérer son bien. « Quand tu as des problèmes avec ton locataire, il te faut des années pour t’en séparer. »

Karine a cependant décidé d’arrêter Airbnb pour l’un de ses logements. « C’est hyper chronophage. Souvent, les propriétaires en ont ras le bol et ils arrêtent au bout de quatre ou cinq ans. » Que deviennent alors ces logements ? Difficile de le savoir. Mais dans les agences immobilières, le nombre de nouvelles locations longue durée « se compte sur les doigts de deux mains », assure Martin Giboire, directeur du développement de Giboire Immobilier. « C’est loin d’être un raz-de-marée. Ce que l’on a surtout constaté, c’est que l’on voit moins d’investisseurs qui nous sollicitent pour faire du Airbnb, parce qu’on ne peut pas leur garantir qu’ils auront un numéro d’enregistrement. »

Ce fameux numéro vise à réguler le nombre de logements en courte durée dans la cité corsaire. Une mesure qui semble efficace, même si elle souffre d’un problème majeur. « La réglementation est bonne et il y a du mieux. Mais tant qu’on n’aura pas de contrôles, on n’aura pas de sanctions », assure Martin Giboire, reprenant les mots du maire Gilles Lurton.

A Saint-Malo, « c’est l’enfer » pour se loger

A Saint-Malo et sur toute la côte d’Emeraude, le durcissement de la réglementation n’a absolument pas réglé le problème principal : les habitants ne parviennent pas à se loger. « C’est l’enfer ! A la location, il n’y a absolument rien à proposer », assure Karine. Anaïg et Pierre en savent quelque chose. Retraités, ils sont assaillis d’appels concernant leur logement. L’un des rares proposés à la location à l’année. « Nous sommes âgés donc nous ne voulons pas que ça nous prenne trop de temps de nous en occuper. Je ne vais pas me déplacer tous les jours pour aller compter les petites cuillères », témoigne Anaïg. Le couple de Malouins reconnaît cependant n’accepter que des jeunes couples pour une raison simple : « En général, ils ne restent que deux ou trois ans, le temps de trouver à acheter. Comme ça, si nous avons besoin de récupérer notre logement, nous pouvons. » Chaque jour, Anaïg reçoit des appels de personnes désespérées qui ne trouvent à se loger. « Le téléphone sonne sans arrêt ».

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Pour les professionnels de l’immobilier, la solution face à au phénomène de location courte durée serait de la rendre moins attractive financièrement, notamment en jouant sur la fiscalité. « Les investisseurs regardent leur rentabilité. Si la courte durée est plus intéressante, alors, ils vont y aller. Aujourd’hui, Airbnb c’est le graal », assure Martin Giboire. Dans les secteurs les plus prisés, un bien proposé en courte durée peut rapporter jusqu’à trois fois plus qu’une location classique. Un intermédiaire tend à s’y développer. Le bail mobilités permet par exemple de loger un étudiant pendant dix mois et de récupérer son bien pendant les deux mois d’été.