TRAVAUX PUBLICSAprès les manifestations des agriculteurs, des autoroutes à réparer

Après les manifestations des agriculteurs, des autoroutes à « bloquer, déchausser et retaper »

TRAVAUX PUBLICSÀ mesure que les agriculteurs lèvent leurs barrages sur les autoroutes, les concessions autoroutières évaluent les dégâts et regardent surtout leur manque à gagner
Le 7 février, du côté de Toulouse, les agriculteurs manifestent leur mécontentement.
Le 7 février, du côté de Toulouse, les agriculteurs manifestent leur mécontentement. - S. Frederic/SIPA / SIPA
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • Après les annonces de Gabriel Attal de ce jeudi, une grande partie des agriculteurs commencent à lever les blocages routiers et autoroutiers.
  • Se pose maintenant la question de l’évaluation des dégâts liés aux occupations et des réparations.
  • Mais plus encore, les concessionnaires regardent leur manque à gagner induit par ces dix jours de manifestations des agriculteurs.

Des dizaines de points de blocages et jusqu’à plus de 400 kilomètres d’autoroutes fermées sur l'A7 et l'A9. Alors que les agriculteurs lèvent en grande partie ce vendredi leurs occupations des réseaux autoroutiers, l’heure du bilan approche.

« On constate de très fortes dégradations parfois du niveau de décharges à ciel ouvert. Pour ceux où les manifestants sont partis, il faut nettoyer, et parfois réparer les chaussées, vérifier les équipements de sécurité, évacuer les déchets », commente auprès de 20 Minutes le concessionnaire APRR (Autoroutes Paris-Rhin-Rhône). « Nous serons contraints de refaire la chaussée dans plusieurs endroits (conséquences des braséros ou des feux de pneus, par exemple) » et « l’impact est considérable », estime la société qui gère 2.300 km d’autoroutes dans l’est de la France. Un bilan pour l’heure pas encore chiffré. L’évaluation des dégâts prendra du temps, et fera, certainement l’objet de négociations avec l’Etat, responsable de l’ordre public et de la liberté de circulation.

« C’est un peu la routine pour nous »

Mais dans l’immédiat, il faut réparer. « C’est un peu la routine pour nous », assure Frédéric Mau, de la CGT pôle route d’Eurovia, la filiale de Vinci chargée de l’entretien des autoroutes. « Comme quand une voiture ou un poids lourd brûle, on a l’habitude. On bloque une voie, on déchausse et retape. Ça coûte entre 120 et 150 euros le mètre carré », détaille le syndicaliste. Pour l’intervention, une équipe de trois à cinq ouvriers suffisent à retaper l’enrobé. Une autre équipe un peu plus nombreuse doit être déployée pour assurer la signalétique du chantier et protéger ce dernier. Un, voire deux jours maximum, selon la nature des travaux nécessaires.

Et dans le cas présent, Frédéric Mau pense qu’il s’agira pour l’essentiel des cas de petits rapiéçages. Comprenez : les travailleurs retirent simplement la partie dégradée pour poser un nouveau revêtement. « Après on a des règles assez strictes de planitude. Donc à certains endroits on devra peut-être reprendre une plus longue portion de la route » pour que celle-ci reste plate et sans relief qui pourrait occasionner une perte de contrôle de son véhicule par un conducteur.

NOTRE DOSSIER SUR LA COLÈRE DES AGRICULTEURS

Mais le sujet qui intéresse le plus Vinci et les autres concessionnaires et celui du manque à gagner induit par ces dix jours de manifestations des agriculteurs. Autant de millions de véhicules qui n’ont pas pu emprunter – et payer – les sections autoroutières, lorsque celles-ci n’étaient pas rendues gratuites par leurs occupants. « La question n’est pas tant de changer quelques barrières de péages et des enrobés, ça ce sont finalement des affaires courantes, mais de comment on va se faire rembourser », pose Frédéric Mau. Qui a déjà une idée de la réponse et mise sur une prolongation négociée en guise d’indemnité de la durée des concessions consenties par l’Etat.