JUSTICEOù en est l’enquête sur l’institut Notre-Dame de Bétharram, dans le Béarn ?

Notre-Dame de Bétharram : Le point sur l’enquête après les vingt plaintes déposées contre l’institut catholique béarnais

JUSTICE« 20 Minutes » fait le point sur l’affaire Notre-Dame de Bétharram, après les vingt plaintes déposées par d’anciens élèves contre cet institut religieux dans le Béarn, pour des faits de violences et de viols
Une enquête a été ouverte après une vingtaine de plaintes d'anciens élèves du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, pour des faits remontant notamment aux années 1970 et 1990.
Une enquête a été ouverte après une vingtaine de plaintes d'anciens élèves du collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, pour des faits remontant notamment aux années 1970 et 1990. - Alain Esquerre / 20 Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Jeudi, une vingtaine de plaintes ont été déposées par d’anciens élèves de Notre-Dame de Bétaharram, pour des faits de violence et de viols, qui auraient été commis entre les années 1970 et 1990.
  • De nouveaux témoignages arrivent sur la page Facebook, créée par Alain Esquerre, à l’origine de l’affaire.
  • « 20 Minutes » s’est entretenu avec l’une des victimes présumées, dont la plainte ne tomberait pas sous le coup de la prescription.

Où en est « l’affaire Notre-Dame de Bétharram » ? Quatre jours après l’ouverture d’une enquête préliminaire pour violence, viol et agression sexuelle aggravée, par le parquet de Pau (Pyrénées-Atlantiques) après une vingtaine de plaintes à l’encontre de l’institution scolaire catholique Notre-Dame de Bétharram, dans le Béarn, 20 Minutes fait le point sur les nouveaux éléments portés à notre connaissance.

Y a-t-il de nouveaux témoignages ?

De nouveaux témoignages d’anciens élèves de l’institution catholique, qui accueille des jeunes du niveau primaire jusqu’au lycée, affluent sur la page Facebook ouverte par Alain Esquerre, scolarisé à Notre-Dame de Bétharram de 1980 à 1985. Nommée « Les anciens du collège et lycée de Bétharram, victimes de l’institution », la page est passé de 300 membres vendredi à près de 500 ce lundi. « Nous avons des témoignages de personnes qui vivent désormais en Afrique ou aux Etats-Unis » et qui racontent également avoir subi des violences physiques, et/ou sexuelles, explique à 20 Minutes Alain Esquerre.

Y a-t-il de nouvelles plaintes ?

Alain Esquerre avait regroupé plusieurs témoignages pour déposer jeudi dernier une vingtaine de plaintes auprès du parquet de Pau. Contacté par 20 Minutes ce lundi, le procureur de la République Rodolphe Jarry indique ne pas avoir reçu de nouvelles plaintes. « Certaines des nouvelles personnes qui sont venues témoigner, vont le faire de leur côté, et moi-même je déposerai prochainement un nouveau "corpus de plaintes", dont certaines concernent des actes à caractère sexuel » assure Alain Esquerre. Sur les vingt plaintes actuellement déposées, cinq concernent des agissements à caractère sexuel (viol et/ou agressions sexuelles). « Ce chiffre pourrait prochainement doubler » annonce-t-il..

Y aura-t-il prescription des faits ?

« Tant que l’on n’aura pas entendu l’ensemble des victimes présumées de manière précise il est difficile de se prononcer sur la prescription ou non des faits », explique le procureur de la République. « L’enquête ne fait que démarrer, poursuit-il, il y aura peut-être besoin de réaliser des expertises techniques, médicales, après seulement on verra, en bout de course, si les choses sont caractérisées ou pas, prescrites ou pas. »

En matière de crime sexuel commis sur un mineur, le délai de prescription est de 30 ans à compter de l’âge de la majorité. Une victime peut donc déposer plainte jusqu’à ses 48 ans. A ce jour, l’ensemble des plaintes déposées tomberait sous le coup de la prescription, sauf une. Il s’agit de celle d’un homme, vivant dans le sud de la France, qui aura 48 ans le mois prochain. 20 Minutes a pu s’entretenir avec lui.

« J’étais à Notre-Dame de Bétharram de 1984 à 1991, de la primaire jusqu’au collège. J’ai subi des sévices sexuels et des violences… Il y avait quelque chose de régulier qui a été mis en place, de la part de certains responsables, religieux et laïcs, et notamment ceux qui étaient responsables de l’internat » nous explique-t-il. Pourquoi ne pas avoir dénoncé ces agissements plus tôt ? « J’ai essayé mais on ne m’a pas cru. Je me suis senti très seul pendant vingt ans, après j’ai fait le deuil de tout cela. Et puis l’année dernière j’ai commencé à échanger avec Alain [Esquerre], je n’avais pas l’intention de déposer plainte au début, mais nous nous sommes dit qu’il fallait le faire, car ma plainte pourrait faire lever la prescription pour les autres victimes », explique-t-il.

Que dit l’établissement ?

Contacté par 20 Minutes, le chef d’établissement du collège de Bétharram, Romain Clercq, n’a pas souhaité répondre à nos questions, mais nous a envoyé un court texte. « Je ne peux qu’être plein de compassion pour ces personnes et leur vécu d’il y a 35 ans, cependant notre structure est actuellement dans une autre dynamique avec un accompagnement et le respect de la personne au cœur du projet. »

Egalement contactée par 20 Minutes, la CRR (Commission reconnaissance et réparation), concernant les victimes de violences sexuelles présumées commises par des membres d’instituts religieux, « a été saisie par plusieurs anciens élèves de l’école de Bétharram » nous a-t-elle annoncé. La CRR « met tout en œuvre pour les accompagner dans leur démarche de reconnaissance et de réparation par l’institut religieux des violences sexuelles subies, tout en préservant leurs droits à une justice civile et pénale ». En revanche, la CRR ne concerne pas les victimes de violences commises par des laïcs.