PAS TRÈS CATHOLIQUEUn youtubeur et une châtelaine condamnés pour le pillage d’églises

Rennes : Un youtubeur, une châtelaine et leur receleur condamnés pour le pillage d’une cinquantaine d’églises

PAS TRÈS CATHOLIQUEUne filière spécialisée dans le vol et le recel d’objets culturels avait été démantelée après une série de cambriolages dans des églises de l’ouest de la France en 2014
Les malfaiteurs dérobaient principalement des calices, des ciboires ou des patènes dans les églises. Illustration
Les malfaiteurs dérobaient principalement des calices, des ciboires ou des patènes dans les églises. Illustration - F. Scheiber/SIPA / 20 Minutes
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • En 2014, une cinquantaine d’églises avaient été cambriolées dans l’ouest de la France, les voleurs faisant main basse sur de nombreux objets liturgiques.
  • Les voleurs dérobaient principalement des calices, des ciboires ou des patènes qui étaient ensuite revendus sur Internet ou dans des brocantes.
  • Le couple de voleurs, lui étant aujourd’hui youtubeur à succès et elle châtelaine, et leur receleur ont été condamnés ce lundi par le tribunal correctionnel de Rennes.

Un pillage en règle. Peu sécurisées, les églises sont régulièrement visitées par des personnes de peu de foi. Dans le but de se confesser ? Pas vraiment. Plutôt de découvrir les nombreux trésors de ces lieux de culte. Du mobilier et des objets liturgiques qui sont parfois de véritables objets d’art et suscitent donc des convoitises. En 2019, 220 vols ont ainsi été répertoriés dans des églises. Un chiffre certes en recul ces dernières années. Mais dans chaque paroisse cambriolée, le vol est à chaque fois vécu comme un vrai traumatisme, chaque objet ayant une valeur inestimable.

En 2014, une série de vols avait ainsi marqué les esprits dans l’ouest de la France avec une soixantaine d’églises cambriolées en quelques mois, principalement en Ille-et-Vilaine, en Loire-Atlantique, en Mayenne et dans le Maine-et-Loire. A chaque fois, les pilleurs commettaient leurs méfaits en plein jour, pénétrant tranquillement dans l’église pour faire main basse sur divers objets. Plus d’une centaine au total dont de très nombreux calices, ciboires ou patènes, des objets liturgiques utilisés par les prêtres pour consacrer le vin ou les hosties au moment de la communion. En or ou en argent, ces objets religieux sont au cœur d’un juteux trafic avec un butin qui se retrouve bien souvent en vente sur Internet. C’est d’ailleurs la découverte sur eBay de calices et de ciboires volés qui avait permis aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels et aux gendarmes de remonter jusqu’aux cambrioleurs et à leur receleur.

Ils sillonnaient les routes de l’ouest dans de belles voitures

Dix ans après les faits, ces trois personnes étaient jugées ce lundi après-midi devant le tribunal correctionnel de Rennes. Parmi les accusés, un couple franco-britannique âgé de 32 et 35 ans. Des prévenus au profil assez atypique avec une femme aujourd’hui châtelaine et un homme, citoyen britannique et youtubeur à succès. A l’audience, tous deux n’ont pas cherché à nier les faits à l’exception de deux vols dans des églises. Sillonnant les routes de l’ouest à bord d’une Porsche ou d’une Mercedes, ils s’arrêtaient au gré de leurs envies dans les églises de communes reculées. « A l’époque, je m’intéressais à l’architecture des églises, a confié le trentenaire à la barre. Une fois, j’ai vu que l’autel s’ouvrait facilement et c’est comme ça que j’ai pris mon premier objet. »

Sa compagne l’accompagnait de temps à temps dans ses virées. « Mais je ne savais pas au début ce qu’il faisait, je restais juste à l’attendre dans la voiture », a-t-elle indiqué. Devant les enquêteurs, elle avait toutefois reconnu les agissements pas très catholiques de son compagnon. Sans que cela ne la choque qu’il vole dans ces lieux de culte car elle n’avait pas « une haute image de l’Église ».

Les objets volés expédiés par courrier en Angleterre

Une fois volés, les objets sacrés étaient expédiés par courrier vers l’Angleterre auprès d’un mystérieux receleur qui se faisait une belle plus-value de plusieurs centaines de livres sterling sur chaque objet. Un autre citoyen britannique de 70 ans, installé en Bretagne et brocanteur de profession, se chargeait également d’écouler la marchandise auprès de clients. Sans savoir que ces objets étaient volés, comme il l’a confié à la barre, peinant à convaincre le tribunal.

Dans son réquisitoire, le procureur a dénoncé « l’appât du gain » qui animait les trois accusés avec « des vols faciles et qui rapportent assez gros pour un risque assez minime ». Pour cette série de cambriolages, le youtubeur britannique a été condamné à douze mois de prison avec sursis et à une amende de 10.000 euros. Sa compagne devra également régler une amende de 10.000 euros et le receleur de 8.000 euros.