ESCROQUERIES« J’ai perdu 2.000 euros », confie une victime d’une fraude bancaire

« J’ai perdu 2.000 euros dans cette histoire », confie une étudiante victime d’une fraude à la carte bancaire

ESCROQUERIESLes fraudes aux moyens de paiement ont augmenté de 16,9 % en volume et de 5,4 % en valeur au premier semestre 2023, a indiqué jeudi dernier la Banque de France, qui met particulièrement en garde contre les utilisations frauduleuses de chèques
Les fraudes aux moyens de paiement ont augmenté de 16,9% en volume et de 5,4% en valeur au premier semestre 2023, selon la Banque de France.
Les fraudes aux moyens de paiement ont augmenté de 16,9% en volume et de 5,4% en valeur au premier semestre 2023, selon la Banque de France.  - FRED SCHEIBER / 20 MINUTES
Célia Mamoghli

Célia Mamoghli

L'essentiel

  • Les fraudes aux moyens de paiement ont augmenté de 16,9 % en volume et de 5,4 % en valeur au premier semestre 2023, indique la Banque de France.
  • L’institution met en garde tout sur les utilisations frauduleuses de chèques.
  • Mais que se passe-t-il quand on est victime d’une opération frauduleuse ? Adélie, une étudiante de 22 ans, nous raconte sa mésaventure après le vol de ses coordonnées personnelles et bancaires.

Un piège qui aura duré deux heures. Adélie*, étudiante de 22 ans, a été victime d’une fraude à la carte bleue la semaine dernière. « Tout a commencé quand j’ai reçu un appel affichant le numéro de ma banque », raconte la jeune femme. Au bout du fil, « une dame se présente à moi comme une conseillère bancaire. Elle a toutes mes informations, mon nom, mon prénom, mon adresse, et même les 4 chiffres de ma carte bancaire… ».

Adélie est donc en confiance. « Elle m’explique que ma banque suspecte des opérations frauduleuses sur mon compte et me demande si j’en suis à l’origine… tous en m’annonçant des sommes astronomiques. Elle me dit qu’elle va tout bloquer, emploie des termes bancaires, alors je ne me méfie pas », poursuit la jeune femme. La fausse conseillère lui demande alors de « valider des codes par SMS pour bloquer les fameuses opérations ». L’étudiante ne le sait pas encore, mais les codes et confirmations qu’elle vient de donner, permettent en réalité à l’escroc de valider des opérations frauduleuses sur ses comptes.

Des pratiques en hausse

Comme Adélie, de nombreux Français et Françaises sont de plus en plus victimes de ces escroqueries. La Banque de France indique que les fraudes aux moyens de paiements ont augmenté de 16,9 % en volume et de 5,4 % en valeur au premier semestre 2023.

Quelque 4,1 millions d’opérations frauduleuses (+16,9 % par rapport au premier semestre 2022) représentant un préjudice total de 628 millions d’euros (+5,4 %) ont été enregistrées au premier semestre 2023, dans un contexte global d’augmentation des volumes de paiements (+8 %). Cela représente une goutte d’eau parmi les 16,1 milliards de transactions effectuées par virements, prélèvements, paiements par carte ou encore chèques sur la même période.

Selon les derniers chiffres communiqués par l’institution, la carte bleue représente 93 % des fraudes en volume, ce qui s’explique par le fait qu’il s’agit du « moyen de paiement préféré des Français » (61,9 % des transactions). Si elle reste le moyen de paiement le plus fraudé en valeur (256,5 millions d’euros), sa part ne constitue plus « que » 42 % des montants fraudés. Les virements et les chèques sont eux respectivement à l’origine de 24 % et 29 % des montants fraudés.

Sécuriser les paiements par carte

Toutes ces données, collectées par l’Observatoire de sécurité des moyens de paiement (OSMP) qui réunit, sous l’égide de la Banque de France, les pouvoirs publics, des banques et des consommateurs, confirment l’importance de sécuriser les paiements par carte. « L’Observatoire se félicite de la baisse du taux de fraude sur la quasi-totalité des canaux d’initiation des paiements par carte », déclare-t-il par voie de communiqué.

L’organisme se réjouit « en particulier » que « le taux de fraude sur les paiements sur Internet » poursuive sa baisse, grâce à « la mise en place de l’authentification forte ». « Les paiements du quotidien », notamment sur terminal classique, « bénéficient d’un taux de fraude qui demeure très maîtrisé, globalement faible et stable sur le long terme », a ajouté lors d’une conférence de presse Denis Beau, président de l’OSMP.

Le rôle de la banque après l’escroquerie

« J’ai perdu 2.000 euros dans cette histoire, mais ma banque ne veut pas me rembourser, sous prétexte que j’ai autorisé les prélèvements », raconte Adélie, lassée. Quel est le rôle de la banque auprès de son client après une escroquerie ? Selon l’article article 133-18 du Code monétaire et financier, l’établissement bancaire doit vous rembourser immédiatement la somme débitée et les éventuels agios, mais dans certains cas la banque peut refuser de vous rembourser l’intégralité de la somme, notamment si elle estime et prouve une négligence grave de son client.

De son côté, Denis Beau a appelé les banques à « poursuivre leurs efforts » pour réduire cette fraude en favorisant le retrait des chéquiers en agence, moyen plus sûr que l’envoi. Il leur a aussi demandé de « simplifier les procédures » pour faire opposition, recommandant une manipulation « aussi fluide que sur la carte » et sans « excès de formalisme », certaines banques exigeant encore l’envoi d’un recommandé. .

*Le prénom a été modifié