CYCLONEPrivé de passeport, Jair Bolsonaro dans la tourmente judiciaire

Brésil : Privé de passeport, Jair Bolsonaro dans la tourmente pour « tentative de coup d’Etat »

CYCLONEIl lui est interdit de quitter le territoire après avoir été visé ce jeudi par une opération policière dans le cadre d’une enquête sur une « tentative de coup d’Etat » ayant culminé avec les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia
L'ancien président brésilien, Jair Bolsonaro, le 18 octobre 2023.
L'ancien président brésilien, Jair Bolsonaro, le 18 octobre 2023.  - Eraldo Peres/AP/SIPA / Sipa
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Privé de passeport, donc de déplacements hors du Brésil. L’ex-président brésilien Jair Bolsonaro est interdit de quitter le territoire après avoir été visé ce jeudi par une opération policière dans le cadre d’une enquête sur une « tentative de coup d’Etat » ayant culminé avec les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia. Cette opération de grande ampleur, qui vise également d’anciens ministres, des généraux et de proches collaborateurs de Jair Bolsonaro, resserre encore l’étau judiciaire sur l’ex-dirigeant d’extrême droite (2019-2022), cerné par les affaires depuis qu’il a quitté le pouvoir.

Trois personnes ont été arrêtées jeudi, selon la presse brésilienne : Filipe Martins, ancien conseiller de Jair Bolsonaro en politique étrangère, ainsi que deux militaires. Par ailleurs, quatre généraux ont été ciblés par les perquisitions, dont deux ex-ministres de la Défense du gouvernement Bolsonaro.

L’un d’eux, Walter Braga Netto, a ensuite été son candidat à la vice-présidence lors du scrutin de 2022. L’autre, Paulo Sergio Nogueira, était commandant en chef de l’Armée de terre avant de devenir ministre. Autre personnalité de premier plan visée par l’opération : l’influent général Augusto Heleno, ex-ministre du Cabinet de sécurité institutionnelle et considéré comme une des éminences grises de Jair Bolsonaro.

Privé de passeport

« En respect des décisions prises aujourd’hui », l’ex-président va « remettre son passeport aux autorités », a écrit sur X (anciennement Twitter) un de ses avocats, Fabio Wajngarten. Jair Bolsonaro a été frappé d’une « interdiction de quitter le pays », selon l’arrêt de la Cour suprême qui a autorisé l’opération policière de jeudi. L’intéressé a dénoncé « une persécution implacable ».

La police fédérale a annoncé dans un communiqué avoir effectué 33 perquisitions et quatre mandats d’arrêt, dans le cadre d’une enquête sur « une organisation criminelle qui a pris part à une tentative de coup d’Etat (…) pour obtenir des avantages politiques avec le maintien du président de l’époque au pouvoir ».

Le président en question est Jair Bolsonaro, battu en octobre 2022 dans sa tentative de réélection face à Luiz Inacio Lula da Silva. Une semaine après l’investiture de Lula, le 8 janvier 2023, des milliers de bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, réclamant une intervention militaire pour déloger le président de gauche du pouvoir. Des émeutes qui rappelaient l’assaut du Capitole à Washington par des partisans de Donald Trump deux ans plus tôt.

« Oubliez-moi », supplie Bolsonaro qui se sent persécuté

« Cela fait plus d’un an que je ne gouverne plus et je continue à subir une persécution implacable », a déclaré Jair Bolsonaro ce jeudi à une journaliste du quotidien Folha de S. Paulo. « Oubliez-moi, il y a quelqu’un d’autre qui gouverne le pays », a-t-il ajouté.

Son successeur lui a répondu à distance : « Le fait est qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat (…) qui n’aurait pas pu avoir lieu sans Bolsonaro », a déclaré Lula jeudi sur la radio locale Itatiaia. « Il n’était pas prêt à quitter le pouvoir, il n’a pas eu le courage de me passer l’écharpe présidentielle, il est parti en pleurant aux Etats-Unis car il a dû participer à la construction de cette tentative de coup d’Etat », a-t-il insisté, tout en appelant au respect de la « présomption d’innocence ».