#20MinutesdeplaisirNon, le plaisir des jeunes ne passe pas forcément par le sexe

MoiJeune : Potes, bouffe grasse et sexe soft… Chez les jeunes, le plaisir est dans la douceur

#20MinutesdeplaisirDans une enquête #MoiJeune 20 Minutes - OpinionWay que nous dévoilons ce vendredi, les jeunes placent le sexe loin dans la liste de leurs plaisirs
Les jeunes plébiscitent le lit comme lieu de plaisir, mais pas forcément pour y faire l'amour.
Les jeunes plébiscitent le lit comme lieu de plaisir, mais pas forcément pour y faire l'amour. - Canva / Canva
Xavier Regnier

Xavier Regnier

L'essentiel

  • Les 18-30 ans placent les moments entre amis et la nourriture en tête de leurs sources de plaisir, le sexe et la sexualité étant moins prioritaires, selon l’étude #MoiJeune sur le plaisir chez les jeunes, réalisée par notre partenaire OpinionWay, que nous dévoilons ce vendredi.
  • La jeune « génération consentement » recherche le plaisir et la qualité plutôt que la performance et la quantité dans la sexualité, privilégiant l’écoute, les baisers, les caresses et les préliminaires à la multiplicité des partenaires ou des pratiques.
  • Plus vraiment taboue puisque pratiquée par 80 % des répondants, la masturbation est un « plaisir coupable » largement partagé. Ultime preuve d’une attention portée au « bien-être individualiste », analyse Eleonore Quarré, responsable des études société chez OpinionWay.

Ce vendredi, 20 Minutes se consacre au plaisir sous toutes ses formes. Oui, on va vous parler de sexualité, mais aussi de plaisir gustatif, olfactif ou sportif.

En ce dimanche après-midi calme, Camille fait du crochet en dégustant un thé. Dans le fauteuil voisin, Bastien apporte la touche finale à son bouquet de fleurs Lego. Il y a cinquante ans, les deux amis auraient sûrement occupé leur week-end de vingtenaires à vider une bouteille de bière dans un concert punk. Il y a vingt-cinq ans, à vider une boîte de préservatifs. Aujourd’hui, ils vident un sachet de bonbons pour kiffer. Comme notre panel, Camille et Bastien ont placé les moments entre amis (49 %) et la nourriture (43 %) en tête de leurs sources de plaisir.

Selon notre étude #MoiJeune* réalisé avec notre partenaire OpinionWay, le sexe (29 %) figure loin dans cette liste des 18-30 ans, certes devant les activités créatives ou artistiques, mais derrière la lecture (36 %), les voyages (33 %) ou le sport et les jeux vidéo. « C’est bon signe, il y a plein d’autres sources de plaisir, ce n’est juste pas leur priorité, rassure la sexologue Swan Bargue. Une partie d’entre eux n’a d’ailleurs pas commencé sa sexualité », rappelle-t-elle, sachant que 18 % de notre échantillon ne s’estime « pas concerné » par le plaisir dans la sexualité. Toutefois, 66 % des répondants disent prendre du plaisir lors de cette « activité ».

Bouffe grasse et masturbation, les « plaisirs coupables »

Les plus jeunes sont pas ou peu à l’aise avec leur sexualité (49 % des 18-22 ans n’ont pas un rapport épanoui, contre 39 % des 28-30 ans), un inconfort d’abord lié à un malaise vis-à-vis de leur propre corps (30 %). « Il y a encore très peu d’éducation à la sexualité et beaucoup de normes », juge la sexologue. Et lorsque la sexualité s’invite dans le plaisir des jeunes, elle se joue d’abord en solo, 80 % des répondants pratiquant la masturbation. D’ailleurs, lorsqu’on leur demande leur « plaisir coupable », si les réponses liées à la nourriture (souvent grasse ou en excès) sont les plus nombreuses, le sexe en solo ressort régulièrement, notamment associé à la pornographie. « La masturbation va droit au but et permet de déstresser », appuie Swan Bargue, là où la sexualité à deux peut « faire peur » au départ.

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« On est dans une extrême intimité plutôt que dans le besoin de multiplier les partenaires, analyse Eleonore Quarré, responsable des études société chez OpinionWay, il y a une forme de bien-être individualiste ». De fait, « prendre du temps pour soi » est sur le podium des sources de plaisir, cité par 41 % des jeunes hommes, et 49 % des jeunes femmes. « Chez moi » ou « mon lit » sont par ailleurs les réponses revenant le plus concernant les lieux associés au plaisir, devant « la montagne » ou « sur la plage ». Des réponses qui « rejoignent les thématiques des vacances et des aspirations des jeunes : il y a une volonté de calme, d’un rapport simple et apaisé au monde, et pas d’être dans la conquête », note Eleonore Quarré.

« Génération consentement »

Quatre ans après le Covid-19, la jeunesse semble ainsi durablement marquée par le repli sur soi et ses proches, les plaisirs refuges et la recherche de confort. Une douceur qui se retrouve aussi dans la sexualité à deux. Les éléments les plus attendus pour une sexualité épanouie sont ainsi « la confiance entre les partenaires » (71 %) et « l’écoute de l’autre » (63 %), plutôt que « la spontanéité » (29 %). Quant aux moyens de prendre du plaisir à deux, les baisers et les caresses (56 %) et les préliminaires (34 %) arrivent devant le fait de « multiplier les positions », d’utiliser des liens ou des sex-toys, de varier les partenaires ou encore de lier sexe et alcool ou drogue.

De quoi dessiner une « génération consentement », qui recherche « le plaisir et la qualité plutôt que la performance et la quantité », et qui voit dans le rapport sexuel « un moment de connexion », lit Swan Bargue. D’ailleurs, 39 % des répondants n’envisagent pas de pratiquer le « coup d’un soir », fut-ce avec un crush. De quoi expliquer aussi qu’un quart des moins de 25 ans n’ait pas eu de relation sexuelle au cours de l’année écoulée, selon les chiffres d’une récente enquête de l’Ifop. « La sexualité a vocation à être plus romantisée, plus douce », confirme Eleonore Quarré, qui y voit aussi « une sortie des schémas de sexualité pénétrative ». Ainsi, les rapports uniquement basés sur le sexe oral et la masturbation mutuelle sont appréciés par 15 % des 25-30 ans. A deux ou seul(e), la place laissée à l’imagination et aux fantasmes est également notable (34 %). « On n’est pas obligé de tout réaliser, mais ça permet de se connecter au genre de sensation qu’on a envie de ressentir », approuve Swan Bargue.

Sexe à plusieurs, présence d’une caméra, de jouets, BDSM… Ces pratiques moins « classiques » ne sont pas plébiscitées, mais reste citées par un socle de jeunes, autour de 10 à 12 %. Les attentes ne sont toutefois pas les mêmes selon le genre, et « il y a chez les hommes une volonté d’avoir accès à de nouvelles pratiques », note Eleonore Quarré. La jeune génération n’est donc « pas complètement fermée à des pratiques plus audacieuses ». Reste qu’au rang des « plaisirs coupables », la réponse la plus inattendue que nous avons reçue est sans doute « sentir les chaussures de mes amies ». On en revient au confort du cercle proche…

* Etude #MoiJeune « 20 Minutes » – OpinionWay, réalisée en ligne du 25 au 31 janvier auprès d’un échantillon représentatif de 339 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas)

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