#20MinutesdeplaisirComment certains gestes sportifs arrivent à nous faire grimper aux rideaux

« Ça me prend aux tripes »… Comment certains gestes sportifs arrivent à nous faire grimper aux rideaux

#20MinutesdeplaisirDu football au cyclisme en passant par le tennis, le handball ou le surf, certains gestes sportifs, magnifiquement exécutés, peuvent nous transporter au septième ciel
Le petit piqué, un geste orgasmique.
Le petit piqué, un geste orgasmique. -  McNulty/JMP/Shutterstoc/SIPA et JUNG YEON-JE / AFP (Montage 20 Minutes) / Sipa et AFP
Antoine Huot de Saint Albin

Antoine Huot de Saint Albin

L'essentiel

  • Quelques jours avant la Saint-Valentin, « 20 Minutes » fait un focus sur le plaisir, sous toutes ses formes.
  • Dans le sport, certains gestes techniques procurent un plaisir monstre aux spectateurs, téléspectateurs.
  • Alors, de l’amortie au tennis au petit piqué au football, en passant par la roucoulette au handball ou le tube au surf, petit tour de ces gestes qui nous font grimper au rideau

Depuis vendredi, 20 Minutes se consacre au plaisir sous toutes ses formes. Oui, on parle de sexualité, mais aussi de plaisirs gustatifs, olfactifs ou sportifs.

C’est un peu la marotte des ayatollahs de certains sports : « Il n’y a que [insérer discipline] qui peut procurer autant d’émotions. » Tout y passe : le football, évidemment, le rugby, le hand, le basket, le biathlon, le golf et même, petits pêcheurs que nous sommes, le football américain. Mais, à 20 Minutes, dans un souci d’apaisement des peuples en ces temps belliqueux, on a décidé que tous les sports, hormis le baseball (il ne faut pas exagérer), pouvaient nous mettre dans un état second, et que certains gestes en particulier nous transportaient au septième ciel.

« Le geste, quand il est porté à sa plus haute intensité, devient beau, estime Thierry Grillet, commissaire de l’exposition Le sport, pour la beauté du geste, à Deauville. Le beau geste, c’est le geste efficace. Les gens, quand ils vont voir un match, un spectacle sportif quel qu’il soit, ils sont en attente du beau. Là où il y a de la beauté, il y a de l’émotion. » Le directeur de la diffusion culturelle de la BNF prend exemple sur le Discobole, la fameuse statue de Myron au Ve siècle avant J.-C., qui est « l’image de l’effort de l’athlète au pic ».

« Un artiste qui donne du plaisir aux gens »

Revenons quelques siècles plus tard, et si les rotations de Mélina Robert-Michon lors d’un concours de lancer du disque peuvent encore nous faire pousser quelques cris gentillets, d’autres gestes techniques arrivent à nous apporter une jouissance extrême, comme l’amortie au tennis, moment suspendu, éloge de la douceur et de lenteur dans un sport de brutes.

« Techniquement et esthétiquement, je trouve belle toute la scène qui s’enclenche au moment d’une amortie, détaille Aymeric, qui vibre sur les petites fulgurances de Carlos Alcaraz. Le geste du poignet, la position de la raquette, la trajectoire de la balle, le ralentissement, le suspense de savoir si ça passe le filet ou pas, l’effet rétro après le rebond. Ca crée forcément un moment de tension et quand c’est bien masqué ça génère toujours une exclamation du public. » »

« Gamin, j’étais créatif sans y penser, pour le plaisir du joli point, expliquait le maître ès de l’amortie Fabrice Santoro dans son livre A deux mains. Plus j’ai avancé dans ma carrière, plus je me suis considéré comme un artiste qui doit donner du plaisir aux gens. » Du plaisir, Guillaume en prend aussi, mais dans un registre tout autre, le cyclisme. Et on n’est pas sur les attaques de Pierre Rolland ou la giclette d’Alberto Contador. Là, on est sur du brut, du puissant, du véloce, du risqué : le sprint.

L’image et les mots

« Lors d’un sprint, je cherche mon coureur, je suis en apnée, je ne cligne plus des yeux jusqu’à l’arrivée, nous explique-t-il. Pour moi, le sprint c’est l’effort ultime du sport de haut niveau. Intensité et risque, c’est un combo qui me prend aux tripes. Et il y a un facteur non négligeable : la manière dont c’est commenté à la télé. Il faut un commentateur qui se mette dans le même rythme avec un débit de parole rapide. » Cette petite voix qui vous susurre à l’oreille des mots doux dans le feu de l’action, qui accompagne au moment où la cadence s’accélère, avant que tout ne se relâche une fois la ligne d’arrivée franchie.

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Ligne d’arrivée, ligne de but, même combat. Une fois dépassée, que ça soit par le cycliste ou par un ballon, l’extase surgit. Mais la forme compte aussi. Au football, Etienne peut mourir pour un petit piqué bien exécuté, surtout s’il est vu depuis les tribunes. « C’est un geste super technique, réalisé souvent en bout de course. Et il y a cette attente, qui dure une seconde ou deux, quand le ballon passe au-dessus du gardien avant d’entrer dans le but, qui te fait retenir ton souffle. C’est quasiment le silence avant l’explosion. Tu passes de deux états complètement opposés en un temps infime. »

Faire plaisir sans humilier

Mais les sportifs qui réalisent ces gestes techniques qui nous rendent tout chose prennent-ils autant de plaisir en les réalisant ? Pas forcément. Exemple avec la roucoulette, au handball, qui permet à la balle de venir chatouiller les pieds du gardien avec un effet monstre avant d’entrer dans le but et déclencher les vivats de la foule. « Je ne prenais pas forcément plus de plaisir que ça à la faire, raconte Grégory Anquetil. On a conscience qu’on donne du plaisir avec ce geste. Maintenant, plus ça procure du plaisir au public, plus ça procure de la frustration au gardien qui la subit. Le but du jeu n’est pas d’humilier le gardien. »

Et puis, il y a ceux qui sont en apnée au moment de réaliser leur exploit et n’ont pas le temps de vraiment profiter de l’instant, comme les surfeurs au moment d’un tube (glisser à l’intérieur d’une vague souvent énorme). « Les sensations tu les ressens à la fin, confie Hira Teriinatoofa, entraîneur de l’équipe de France de surf. Pendant l’effort, tu n’as pas de sensations, c’est plus une adrénaline, car tu dois entrer dans la vague, puis en sortir. A la sortie, c’est comme un "Whaouu", on est super contents. » Du plaisir à retardement. Il en faut pour tout le monde après tout.