#20MinutesdeplaisirA quoi ressembleront les sextoys en 2050 ?

Saint-Valentin : A quoi ressembleront les sextoys en 2050 ?

#20MinutesdeplaisirLes sextoys de demain seront connectés, toujours plus inclusifs et peut-être même mainstream
Malgré quelques réticences, le CES de Las Vegas a commencé à reconnaître les sextoys comme de véritables innovations, ici en 2016 avec le premier sextoy connecté à une application d'ebooks érotiques.
Malgré quelques réticences, le CES de Las Vegas a commencé à reconnaître les sextoys comme de véritables innovations, ici en 2016 avec le premier sextoy connecté à une application d'ebooks érotiques. -  Jean-Marc David/SIPA / Sipa
Laure Gamaury

Laure Gamaury

En amont de la Saint-Valentin, 20 Minutes se consacre au plaisir sous toutes ses formes. Oui, on parlera de sexualité mais aussi de plaisirs gustatifs, olfactifs ou sportifs.

La sexualité des Français fait plutôt badaboum que boum boum : selon un sondage Ifop publié mardi, 76 % des Français ont eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois, soit une baisse de 15 points depuis 2006. Whaaaat ? Et notre réputation alors ? On en arrive même à parler de « récession sexuelle ». Après le « réarmement démographique », il apparaît urgent d’arrêter les gros mots et de se concentrer sur le sexe plaisir. Et chez 20 Minutes, on a bien vu le succès grandissant des joujoux en tout genre, et l’appétence particulière pour les sextoys.

Et sans forcément tomber dans la dystopie anxiogène, 20 Minutes a consulté deux professionnelles de la sexualité pour dessiner les contours de ce que sera, ou plutôt seront, les sextoys en 2050. « Pour moi le sextoy du futur, c’est celui qui étudie l’anatomie génitale et qui cherche à augmenter un plaisir qui existe déjà plutôt qu’à recréer des mouvements et des gestes que personne n’aime ». A ces ingrédients proposés par Léa, sexothérapeute derrière le compte @mercibeaucul_, on peut ajouter un soupçon de nouvelles technologies, une bonne dose de communication et de bienveillance et la démocratisation d’objets pour l’heure cantonner à la chambre à coucher.

« Un gros déclic sur l’usage des sextoys »

« J’ai déjà l’impression que depuis environ cinq ans, il y a eu un gros déclic sur l’usage des sextoys », analyse Léa, suivie par 200.000 followers sur Instagram. Et de citer : « Ces pubs géantes pour les sextoys dans le métro. » Ce qu’a aussi constaté Céline Vendé, sexologue et experte Womanizer : « L’offre est de plus en plus intéressante. Il y a quelques années, pour un homme hétéro, utiliser un masseur prostatique, c’était ​tabou. » Fini en effet, les seuls godemichés pour les femmes et les plugs anaux pour les homosexuels. L’experte complète :

« On a vraiment une diversité, même dans les textures, qui font que l’offre est de plus en plus intéressante. Il y a une belle évolution. » »

Si l’offre est conséquente, c’est que la demande est aussi bien présente ? « On est très peu éduqués au plaisir de manière générale. » C’est le postulat de départ du compte @mercibeaucul_. Pour sa créatrice, Léa, la découverte du plaisir, qu’elle prône auprès de ses followers, passe en partie par les sextoys. « Je reçois des messages qui me disent : "Ma sexualité a pris tout un tournant. Je m’investis beaucoup plus, je ressens du plaisir, j’ai arrêté de faire des choses que je n’avais pas envie de faire, je sais dire non, je sais dire oui, je sais exprimer mes désirs." »

Les sextoys, un acteur majeur du changement

Pour la sexothérapeute, il faut progresser sur « l’éducation au plaisir ». « Un peu comme le bonheur, c’est quelque chose qui se nourrit et se travaille au quotidien. » Céline Vendé parle même de « développement personnel ». « De plus en plus de personnes aujourd’hui ne pensent plus forcément performance ou "il faut que je fasse l’amour", mais sont en quête de sens, cherchent ce que peut leur apporter la sexualité. » Et dans cette équation pas toujours simple à équilibrer, les sextoys sont des acteurs majeurs du changement.

« En tant que professionnelle du bien-être sexuel et de l’intimité, les sextoys sont aussi aujourd’hui un outil thérapeutique, que j’utilise et propose dans mon cabinet, dévoile l’experte Womanizer. Je peux ainsi proposer à un homme qui a une perte de sensibilité, une vaginette ou un cockring pour maintenir une érection plus longtemps et acquérir de nouvelles sensations. Ou suggérer à une femme qui ne veut pas se masturber avec les doigts, un stimulateur clitoridien. » »

Et si le modèle allemand était l’avenir du sextoy ? « Là-bas, quand on fait sa crémaillère, on reçoit indifféremment une bouilloire ou un sextoy, s’enthousiasme Léa. Je rêve que les sextoys entrent définitivement dans les foyers comme des objets du quotidien. J’achète ma télé, mon écran plat et mon sextoy aspi à clito. C’est une porte d’entrée vers plus de communication. » Et l’avenir pourrait lui donner raison, puisqu’une étude Ifop pour Passage du désir de 2021, révélait qu’en 2020, plus de la moitié de la population française avait déjà utilisé un sextoy, un niveau record, bien loin des 9 % de 2007. Le baromètre indiquait aussi que 69 % des Français ayant déjà utilisé un sextoy avec quelqu’un avaient constaté une accélération de leur plaisir sexuel.

Expériences immersives et sextoys non genrés

« Je connais par exemple quelqu’un qui crée des fantasmes customisés : avec la réalité virtuelle, on peut désormais vivre ce fantasme. Donc je pense que l’idée, c’est d’avoir des sextoys de plus en plus personnalisables et adaptables aux corps et aux esprits », raconte Léa de @mercibeaucul_. Les sextoys ont donc sans nul doute passé plusieurs caps ces dernières années et devraient encore évoluer au rythme des changements sociétaux. « L’avancée sur les sextoys va de pair avec l’avancée des technologies en général. Maintenant qu’on a des intelligences artificielles, comment les fait-on intervenir dans la sexualité ? Il y a des milliers de possibilités », résume-t-elle. « A l’avenir, les sextoys proposeront des expériences immersives, qui vont stimuler tous les sens, que ce soit visuel, tactile, voire, vous pouvez imaginer, olfactive, etc. pour vraiment explorer les fantasmes de scénarios sexuels », renchérit Céline Vendé.

« J’aimerais que parler de sexe devienne mainstream, c’est sûr », abonde la créatrice @mercibeaucul_. Et dans ce game, les sextoys occupent une place centrale : « C’est un bon outil pour ne pas créer d’injonctions supplémentaires, pour cartographier son corps, complète l’experte Womanizer. Je pense aussi qu’à l’avenir on doit aller vers des sextoys non genrés, que chacun peut s’approprier comme il le sent. » Et ainsi atteindre le 7e ciel avec l’objectif de « comprendre notre plaisir, l’exacerber, le communiquer sans oublier de demander le consentement » ? Tout un programme pour #Sextoys2050.