Fake OffL’Allemagne a-t-elle vraiment « dit adieu » aux voitures électriques ?

L’Allemagne a-t-elle « dit adieu » aux voitures électriques pour « revenir au diesel » ? On vous explique

Fake OffDes publications affirment que l’Allemagne aurait « dit adieu » aux voitures électriques. Si ces dernières roulent encore dans le pays, leur vente est en baisse, du fait de l’arrêt des subventions par le gouvernement
Station de recharge « be emobil » pour une voiture électrique dans la Wilhelmstraße à Berlin. (Illustration)
Station de recharge « be emobil » pour une voiture électrique dans la Wilhelmstraße à Berlin. (Illustration) - snapshot-photography/F Boillot / SIPA
Achille Dupas

Achille Dupas

L'essentiel

  • Sur Facebook, des publications affirment que l’Allemagne aurait « dit adieu » aux voitures électriques, laissant entendre que ces dernières auraient été interdites dans le pays.
  • Les voitures électriques ne sont pas interdites en Allemagne. Toutefois, les ventes ont fortement ralenti après l’arrêt des subventions pour l’achat de véhicules électriques.
  • Le gouvernement allemand a justifié cette mesure, en place depuis 2016, par des raisons budgétaires.

A en croire une publication partagée plus de 30.000 fois sur Facebook, l’Allemagne aurait décidé de « dire adieu » aux voitures électriques, pour « revenir au diesel ».

L’image montre ce qui semble être la Une d’un journal allemand, avec la photo d’une voiture barrée de rouge et l’inscription « cancelled », « annulé » en français. Elle laisse penser que l’Allemagne aurait décidé d’interdire la vente de voitures électriques, au profit des voitures à moteur thermique.

L'image a été partagée un grand nombre de fois sur Facebook.
L'image a été partagée un grand nombre de fois sur Facebook. - Capture d'écran Facebook

A l’aide d’une recherche inversée, on peut retrouver la source de cette image. Il s’agit d’un article publié sur un site intitulé : « Le French Style », qui se présente comme « un webzine dédié à la mode, la beauté et le lifestyle ». C’est cet article, publié le 8 janvier 2024, qui contient le titre et l’image d’illustration visibles dans la publication.

FAKE OFF

Le gouvernement allemand n’a pas décidé d’interdire les voitures électriques au profit « du diesel ». La Une de journal est fausse, probablement générée par une intelligence artificielle, comme les illustrations de plusieurs autres articles du site.

L’article publié sur « Le French Style », ne dit pas cela, et explique par ailleurs plus en détail la réalité de la situation en Allemagne. Depuis décembre 2023, le gouvernement a en effet décidé de supprimer un bonus écologique à l’achat d’un véhicule électrique, en place depuis 2016 et qui devait courir jusqu’à fin 2024.

Comme l’indique une publication sur le site Internet du gouvernement fédéral allemand, « à partir du 17 décembre 2023, il ne sera plus possible de déposer de nouvelles demandes de bonus écologique ». En clair, les subventions pour encourager l’achat de véhicules électriques ont pris fin.

Comme le précise le communiqué : « Cette décision a été rendue nécessaire par l’arrêt de la Cour constitutionnelle fédérale concernant le Fonds pour le climat et la transformation [KTF], qui a imposé des priorités budgétaires ».

Le KTF, qui délivrait ce bonus environnemental, a effectivement dû revoir son plan économique à la baisse, après avoir vu son budget réduit de 60 milliards d’euros par la Cour constitutionnelle fédérale allemande, comme le rapporte cet autre communiqué du gouvernement.

Une baisse des ventes de voitures électriques

Depuis 2016 et le début des subventions, près de 10 milliards d’euros avaient été investis, pour environ 2,1 millions de véhicules électriques, comme l’explique aussi le gouvernement fédéral.

Les conséquences de cet arrêt brutal du bonus écologique se sont fait ressentir dès le mois de janvier, avec une baisse des ventes de voitures électriques. « Alors qu’en décembre le nombre de véhicules électriques nouvellement immatriculés était légèrement inférieur à 54.700 – ce qui correspond à une part de 22,6 % –, il a chuté de manière drastique en janvier pour s’établir à environ 22.500, soit 10,5 % », explique notamment l’ADAC, principale association automobile allemande, en se basant sur les données de l’Autorité fédérale des transports routiers.

En janvier 2024, la part les véhicules électriques nouvellement immatriculés était donc bien inférieure à celle des véhicules essence (38,3 %) et diesel (19,2 %).