franchiseLa « superhéros fatigue » sera-t-elle mortelle pour les franchises ?

La « superhéros fatigue » sera-t-elle mortelle pour les franchises (et les spectateurs) ?

franchiseLa sortie de « Madame Web » invite à s’interroger sur la lassitude des fans pour les films de justiciers inspirés de comics
Dakota Johnson dans « Madame Web » de S.J. Clarkson
Dakota Johnson dans « Madame Web » de S.J. Clarkson - Sony Pictures Releasing France / 20 Minutes
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Les derniers films de superhéros ont été plus que décevants au box-office.
  • On parle de « superhéros fatigue », le ras-le-bol du public devant ces franchises.
  • Il serait temps pour Hollywood de se renouveler.

Encore un film de superhéros… C’est une réaction que vous pouvez naturellement avoir en apprenant la sortie de Madame Web de S.J. Clarkson, spin-of de Spider-Man en salle ce mercredi. Et pourtant, vous n’avez pas vu ce nouvel épisode qui est peut-être très chouette. Pas besoin de consulter, le diagnostic est simple : vous souffrez de « superhéros fatigue » (qu’on peut traduire librement par « ras-le-bol des superhéros ») . Ce phénomène est causé par une overdose de films Marvel, DC et autres comics pourvoyeurs de dames et de messieurs souvent dotés de costumes que vous ne souhaiteriez pas pour votre pire ennemi, et de pouvoirs aussi super qu’eux !

« J’attendais les films comme un cadeau, confie à 20 Minutes Franck 44 ans. C’était la fête parce que c’était exceptionnel. On prévoyait sa soirée pour aller à l’avant-première du mardi entre potes dès que les places étaient en vente. Et puis, on a eu l’impression que des films de superhéros sortaient tous les quinze jours, que la quantité l’emportait sur la qualité. » Cet autre phénomène, également bien identifié, s’appelle « tuer la poule aux œufs d’or ». Il consiste à ne penser qu’à court terme et à assommer le consommateur qui finit par être écœuré par ce qu’il adorait tout en ayant l’impression qu’on en veut un peu trop à son porte-monnaie.

Fatigue au box-office

« J’achetais beaucoup de gadgets, des figurines et de vêtements siglés super-héros, confie Laura, 30 ans. Toute la famille adorait ça jusqu’à ce qu’on ait eu l’impression d’être considérés comme des vaches à lait. » Si même les fans les plus hard-core donnent des signes d’épuisement, les producteurs ont du souci à se faire car il ne s’agit pas de cas isolés. Le box-office est également alarmant : Aquaman et le royaume perdu de Justin Wan, The Marvels de Chloé Zhao et même Black Panther : Wakanda Forever de Ryan Coogler ont connu des résultats qui vont de décevant pour le dernier à catastrophe industrielle pour les deux autres.

« Ce n’est pas seulement qu’il y a en trop, c’est qu’on se perd dans les multivers, rajoute Franck. Il faudra bientôt un GPS pour s’y retrouver. Je me dis que, si moi, j’ai du mal à suivre, les spectateurs qui sont moins investis doivent être totalement paumés ! » Il faut reconnaître que le côté « feuilletonnant » des films n’aide pas à la comprenette. The Marvels commence carrément par une remise en contexte des personnages et on imagine que la prochaine étape pourrait être une présentation PowerPoint avant les projections avec interro à la fin pour être sûr que tout le monde a bien compris.

Fatigue chez les professionnels

Hollywood aime l’argent et s’est donc rapidement rendu compte qu’il y avait un souci quand il en est moins rentré dans les caisses. Les productions étant lancées des mois voire des années à l’avance et la pandémie de Covid-19 ayant retardé certaines sorties, il a bien fallu distribuer les films terminés avant d’envisager l’avenir. Car même les réalisateurs l’admettent, il est temps de se bouger. Zack Snyder, considéré comme l’architecte de l’univers DC et grand fan de comics, avoue lui-même avoir ressenti de la lassitude dans une interview donnée au magazine corporatif The Hollywood Reporter. « On était comme sur un tapis rouant de salle de sport. Les choses n’ont pas évolué et on a perdu notre enthousiasme. »

James Wan est dans le même état d’esprit et il s’y connaît en sagas ayant créé Saw et ayant participé à Fast and Furious avant de se lancer dans Aquaman. « L’offre est infiniment plus grande et les gens sont plus exigeants. C’est tout à fait compréhensible, et j’entends que ça devienne répétitif. C’est pour ça qu’il est important, quand on fait un film en se basant sur une franchise, de trouver le truc unique que personne n’a déjà vu auparavant, » confie-t-il à Première.

Une leçon mal apprise

Les succès surprises d’Oppenheimer de Christopher Nolan et de Barbie de Greta Gerwig ont aussi rebattu les cartes. Personne ne s’attendait à ce qu’un biopic sur le créateur de la bombe atomique et une comédie musicale sur une poupée mannequin cartonnent à ce point. Le public a choisi la nouveauté ce qui pourrait conduire Hollywood à une saine réflexion sur la pertinence de continuer à produire suites et spin-off à la chaîne.

Le message semble avoir été reçu par Warner qui envisage de se renouveler à fond… Non, on plaisante : ils prévoient déjà de décliner Barbie et ses potes sur de nombreuses franchises. La leçon n’est pas encore apprise. A quand la « joujoux fatigue » ?