enquêteL'avocat Antoine Vey visé par une enquête pénale pour harcèlement moral

L'avocat Antoine Vey visé par une enquête pénale pour harcèlement moral au travail

enquêteAntoine Vey est un ancien associé de l'actuel ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti
L'avocat parisien Antoine Vey, ancien associé d'Eric Dupond-Moretti, fait l'objet d'une enquête préliminaire pour harcèlement moral au travail.
L'avocat parisien Antoine Vey, ancien associé d'Eric Dupond-Moretti, fait l'objet d'une enquête préliminaire pour harcèlement moral au travail. - M.Libert / 20 Minutes / 20 Minutes
20 Minutes avec AFP

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L'avocat parisien Antoine Vey, ancien associé d'Eric Dupond-Moretti, fait l'objet d'une enquête préliminaire pour harcèlement moral au travail, a indiqué samedi une source proche de l'enquête, confirmant une information de Libération. Ces investigations, confiées le 19 janvier à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la police judiciaire parisienne, font suite à la plainte d'une ancienne collaboratrice, pour des faits de 2017 et 2018.

Cette plainte intervient moins d'un an après la parution d'un article du journal Libération, qui avait recueilli une vingtaine de témoignages d'anciens ou actuels collaborateurs de son cabinet dénonçant des gestes ou des propos vécus comme du harcèlement moral ou sexuel. « Dans un cabinet, les horaires à rallonge, c'est classique. Le problème, c'était l'ambiance si délétère, a confié sous couvert d'anonymat la plaignante à l'AFP. On était toujours en faute, Antoine passait son temps à nous manipuler, à donner des ordres puis des contre-ordres, à hurler. »

« Trois ans de dépression extrêmement profonde »

« Je n'en pouvais tellement plus que j'ai donné ma démission au bout de neuf mois », a-t-elle poursuivi. S'en suivent « trois ans de dépression extrêmement profonde » qu'elle impute à ces conditions de travail. A l'époque, l'avocat était associé avec Eric Dupond-Moretti, devenu ministre de la Justice en juillet 2020.

Le « seul but » de cette plainte « est d'alimenter une campagne médiatique, savamment orchestrée, visant à nuire à mon activité et à mon cabinet », a fustigé Me Vey. « Je ne me laisserai pas faire, ce d'autant plus que cette action vient d'une consoeur à laquelle j'ai tendu la main, notamment en l'embauchant au cabinet lorsqu'elle traversait une période tragique », a encore déploré l'avocat parisien. Cette plainte, « déposée cinq ans après que la personne a quitté le cabinet, n'a strictement aucun fondement », a enfin réagi Me Vey samedi auprès de l'AFP.

« Je partais pour sauver ma peau, ma santé n'en pouvait plus »

La plaignante avait été embauchée après la perte de son mari, que connaissait l'avocat. « Antoine dit que mon épuisement moral vient du décès de mon mari, mais il s'est présenté comme un sauveur et a profité de ma détresse psychologique et financière », estime-t-elle. Un SMS de démission de la plaignante évoque, sur un ton affectueux, des « raisons personnelles », d'après des éléments dont l'AFP a eu connaissance. « Je n'avais pas encore accompli ma période de préavis. C'est toujours ce que l'on dit à ce moment-là », a-t-elle justifié samedi à l'AFP.

« Je partais pour sauver ma peau, ma santé n'en pouvait plus, je n'allais pas écrire un message rageur », poursuit l'avocate, qui espère que l'enquête pénale permettra de faire du « ménage vertueux » dans sa profession marquée par de récents procès pour harcèlement moral et sexuel.

« Je paye un mec pour te coller une balle entre les deux yeux »

Avant les investigations à la BRDP, le barreau de Paris avait reçu plusieurs signalements visant Me Vey et lancé en janvier 2023 une enquête déontologique. Celle-ci a débouché, fin décembre, sur une procédure disciplinaire dont les conclusions n'ont pas encore été rendues, d'après une source proche du dossier. Elle a aussi permis de revenir sur la main courante déposée en avril par un ancien salarié, qui disait avoir été gravement menacé par Me Vey. « Si j'apprends que tu as parlé à ''Libération'', je paye un mec pour te coller une balle entre les deux yeux », lui aurait lancé l'avocat.

L'Ordre a estimé que ce salarié faisait preuve d'une « certaine duplicité » car il entretenait, en parallèle, des échanges de soutien avec Me Vey, a indiqué une autre source proche du dossier. Contacté, l'Ordre n'a pas souhaité s'exprimer.

De son côté, Me Vey a souligné « la pression » due à l'activité d'avocats, « surtout » après le départ de son associé pour le ministère de la Justice : « on peut discuter des défauts organisationnels » ou « des défauts de management: des gens disent que je suis cassant, que j'insiste pour revoir des projets plusieurs fois... J'essaie de me tenir aux exigences du métier, mais rien à voir avec du harcèlement. »