ASSISESCondamné pour avoir tué son petit frère qui ne faisait pas ses devoirs

Besançon : Condamné pour avoir battu à mort son petit frère qui ne faisait pas ses devoirs

ASSISESPendant six heures en 2018, il avait donné des coups à son petit frère de neuf ans, finalement décédé. Un homme de 26 ans a écopé de douze ans de prison à son procès en appel
Dans une cour d'assises (illustration).
Dans une cour d'assises (illustration). - M.Libert / 20 Minutes
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Quinze ans en première instance, douze en appel. Dylan Owana Bodo, 26 ans, a vu sa peine être réduite, vendredi devant la cour d’assises du Doubs, à Besançon. Il était jugé pour « violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Pendant six heures un soir de septembre 2018 à Mulhouse, il avait battu son petit frère de neuf ans, Seal-Evan, pour ne pas avoir fait ses devoirs. Le garçonnet en était mort. Son autre frère de 11 ans, auquel le garçon était très lié, et la compagne de l’aîné, enceinte, avaient assisté impuissants aux faits.

L’accusé affirme qu’il « n’a jamais voulu tuer son frère, mais lui faire du mal, oui, qu’il souffre, oui », avait souligné l’avocate générale, Marie-Christine Tarrare. Elle a identifié dans ces « violences d’une particulière intensité, commises sur un temps long », la « source » de la mort de Seal-Evan.

Dylan Owana Bodo, qui a lui-même grandi au Cameroun dans un contexte de violences quotidiennes, reconnaît avoir battu son frère sur ordre de sa mère, en déplacement à Paris, mais il soutient que les coups n’ont pas tué l’enfant. « Il n’a pas donné de coup fatal » et il y a « un doute, qui doit lui bénéficier », a ainsi plaidé son avocat, Me Fabien Ndoumou.

Des causes de décès imprécises

Selon l’autopsie, les causes du décès sont imprécises. L’enfant aurait notamment été asphyxié par l’inhalation du contenu de son estomac lors de régurgitations, pendant un malaise. « Seal-Evan est aussi décédé parce que sa mère ne l’a pas protégé », relève le ministère public, « cette mère absente va ordonner à son fils aîné de “gérer” le plus petit ».

Me Ndoumou précise que son client, arrivé alors depuis peu à Mulhouse et au casier judiciaire vierge malgré un parcours chaotique, « avait trouvé une désorganisation dans la maison et essayait de mettre les choses en ordre ».

Lors de leur procès en première instance devant la cour d’assises du Haut-Rhin, le frère aîné et la sœur, âgée de 25 ans, avaient respectivement été condamnés à quinze ans et six ans de prison. La mère de cette fratrie livrée à elle-même avait été condamnée à quatre ans de prison pour « complicité de violences volontaires ». Enfin, l’ex-petite amie de l’accusé avait reçu une peine de trois ans de prison avec sursis pour « non-empêchement d’un crime ». Seul Dylan Owana Bodo avait fait appel.

Au total, « 122 enfants mineurs sont décédés en 2018 suite à des violences, dont 80 sous les violences de membres de leur famille », a rappelé Me Tarrare. « Seal-Evan était l’une de ces 80 petites victimes. »