PODIUML’Allemagne chipe au Japon son titre de troisième puissance économique

PIB nominal : L’Allemagne chipe au Japon son titre de troisième puissance économique mondiale

PODIUMLa dégradation de la conjoncture en Allemagne fait que ce nouveau rang est toutefois perçu comme un trompe-l’œil outre-Rhin
Des yens et des euros (illustration).
Des yens et des euros (illustration). - Nicolas Datiche / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est un coup dur pour Tokyo, qui voit s’éloigner un podium. Le Japon a perdu en 2023 son titre symbolique de troisième puissance économique mondiale au profit de l’Allemagne, selon des données préliminaires du PIB nippon publiées ce jeudi.

Le PIB nominal du Japon en 2023 s’est élevé à quelque 4.200 milliards de dollars, contre environ 4.500 milliards de dollars pour l’Allemagne, dont le PIB nominal a été dopé par l’inflation, restée forte l’an dernier. Mais en termes réels, c’est-à-dire sans le biais de l’inflation, le PIB nippon a accéléré l’an dernier (+1,9 %, contre 1 % en 2022), alors que l’économie allemande s’est elle contractée de 0,3 %.

L’Inde en embuscade

L’Allemagne souffre de la faible demande extérieure, des coûts de l’énergie et des taux d’intérêt relevés par la BCE dans le but de vaincre l’inflation. La dégradation de la conjoncture fait que son nouveau rang de troisième, qui lui était promis depuis octobre dernier par le FMI, est perçu comme un trompe-l’œil outre-Rhin.

Surtout, l’Inde pourrait dépasser à la fois le Japon et l’Allemagne d’ici quelques années, toujours en PIB nominal en dollar. L’économie bouillonnante du nouveau pays le plus peuplé au monde pourrait arriver à leur hauteur dès 2025, selon Brian Coulton, économiste chez Fitch Ratings. Mais « évidemment, le PIB indien par habitant restera bien inférieur à ceux de l’Allemagne et du Japon ».

Au Japon, les médias ont abondamment commenté la perte de cette troisième place, rappelant qu’au-delà de l’impact exceptionnel de la chute du yen, de puissants facteurs fondamentaux négatifs sont à l’œuvre, comme le déclin démographique accéléré de l’archipel et la faiblesse chronique de sa productivité. « Après avoir cédé à la Chine la deuxième place derrière les Etats-Unis en 2010, à présent le Japon abandonne aussi le troisième rang » s’est ainsi lamenté le grand quotidien économique japonais Nikkei dans un éditorial publié samedi dernier.

Le Japon techniquement en récession

Comme l’Allemagne, le Japon est une puissance industrielle et exportatrice, mais ce statut est en perte de vitesse depuis longtemps et sa consommation intérieure est actuellement minée par l’inflation et la chute du yen. La déliquescence de la monnaie japonaise a perduré l’an dernier (-7 % par rapport au dollar). Au quatrième trimestre, le PIB nippon s’est de nouveau contracté (-0,1 % sur un trimestre en données réelles ajustées des variations saisonnières), soit un deuxième repli d’affilée après un déclin plus marqué sur la période juillet-septembre (-0,8 % selon un chiffre révisé jeudi à la baisse). Le Japon connaît ainsi une récession technique.

La consommation des ménages nippons a pour sa part reculé de 0,2 % sur le trimestre écoulé, et les investissements non résidentiels des entreprises privées de 0,1 %. Seule éclaircie, la contribution nette au PIB des exportations de biens et services a été légèrement positive, avec une hausse de 2,6 % des exportations pour une augmentation de 1,7 % des importations.