FOOTBALLBeraldo, une gueulante et Vitinha… Les bonnes et mauvaises idées de Luis Enrique

PSG – Real Sociedad : Beraldo, une soufflante et Vitinha… Les bonnes et mauvaises idées de Luis Enrique

FOOTBALLVainqueur de la Real Sociedad (2-0) en 8e de finale aller de Ligue des champions, le PSG a néanmoins connu une première période pénible. Mais en seconde période, Luis Enrique a su rectifier les erreurs qu’il a pu commettre
Beraldo latéral gauche, la fausse bonne idée de Luis Enrique.
Beraldo latéral gauche, la fausse bonne idée de Luis Enrique. - JP PARIENTE/SIPA / SIPA
William Pereira

William Pereira

Il faudra un jour que la science se penche sur l’étrange épidémie qui frappe systématiquement les entraîneurs espagnols à l’heure de disputer des gros matchs de Ligue des champions. Ce mal qui a longtemps rongé Pep Guardiola avant son sacre avec Manchester City l’année dernière accompagne désormais Luis Enrique, passé maître dans l’art de la compo surprise qui ne sert à pas grand-chose sinon à se mettre des bâtons dans les roues. Une pensée émue pour son 4-2-4 à Newcastle, un chef-d’œuvre du genre.

Car soyons bien clairs, si le PSG a battu la Real Sociedad (2-0) en 8e de finale aller de Ligue des champions et gagné le droit de fanfaronner jusqu’au 5 mars, n’oublions pas qu’il est passé à une barre transversale du scénario catastrophe en fin de première période. Un golazo de Mikel Merino aurait été l’aboutissement logique de 45 premières minutes médiocres où les Basques ont été les plus méritants. Parole de Luis Enrique en conférence d’après-match : « Il y a eu deux mi-temps bien différentes, la première où la Real Sociedad a été bien meilleure, a gardé le ballon, on n’arrivait pas à les presser, ils récupéraient beaucoup de seconds ballons. […] C’est la fois où on a été les plus dominés de la saison. »

Tout compte fait, l’entraîneur parisien n’est pas étranger à la dissonance entre les deux moitiés de match. Il aura été à la fois pyromane et pompier. Petit tour rapide des bonnes et mauvaises décisions de Luis Enrique mercredi soir.

Les mauvais choix

Beraldo à gauche : Commençons par l’évidence. Le choix contestable par excellence. Tellement incompréhensible que la rumeur d’une blessure du titulaire attendu, Lucas Hernandez, s’est répandue comme une trainée de poudre. C’est pourtant en son âme et conscience que Luis Enrique a aligné Beraldo au poste de latéral gauche, où il n’avait jamais joué avant son arrivée à Paris, au passage. « Je suis entraîneur, j’ai mis les onze que je considérais les meilleurs ; s’est justifié l’Espagnol. Si je devais recommencer, je choisirai les mêmes joueurs. »

Résultat des courses, un apport offensif inexistant sur les sorties de balle, la boule au ventre sur ses passes et un bouillon pas possible dans ses duels face au fenomeno Takefusa Kubo. Le passage du Brésilien dans l’axe à la suite de l’entrée de Lucas en seconde période l’a complètement détendu. Certes, le match était plié, mais il y avait un monde d’écart entre son rendement à gauche et dans l’axe.

Fabian Ruiz en sentinelle (voire Fabian Ruiz tout court) : La veille du match, le milieu espagnol avait fait part de son appétence pour le rôle de premier relanceur devant la défense. Un poste où « [il se] sent bien », disait-il. Face aux Basques, ça ne s’est pas trop vu. Transparent, rarement dans le bon timing dans les duels et peu pertinent dans les solutions proposées aux défenseurs en galère, il a été en partie responsable du naufrage de l’entrejeu parisien, englouti par la pression du milieu adverse. Ses seuls ballons intéressants ont eu lieu dans le dernier tiers du terrain, où, de toute évidence, il se sent bien pour de vrai.

Les bons choix

Le coup de pression à la mi-temps : Les reproches à Luis Enrique s’arrêtent au manque de personnalité affiché par son équipe lors des 45 premières minutes. Cette peur pathologique liée au traumatisme des 8es de finale ne date évidemment pas d’hier, et il a fallu tirer les oreilles des joueurs pour provoquer un élan de révolte en seconde période. « C’est normal de s’énerver un peu, a déclaré Gigio Donnarumma en zone mixte. Il [le coach] donne tout pour l’équipe et on doit tout donner pour lui. L’équipe l’a bien pris [ses mots] parce qu’on a vu qu’en première mi-temps on avait beaucoup de difficultés. » « Ce que nous a dit le coach ? Je laisse ça dans le vestiaire, souriait de son côté Marquinhos au micro de Canal+. Il était bien énervé ? Il nous a beaucoup motivés pour avoir de la personnalité. » Coaching gagnant.

Le positionnement de Vitinha en sentinelle : Son tout début de match a été excellent, avec une grosse activité sans ballon et des récupérations de balle à son actif. Mais son influence s’est rapidement consumée à mesure que la Real Sociedad s’installait dans le camp parisien. En haut du triangle au milieu au côté de WZE, le Portugais s’est avéré bien moins utile qu’en sentinelle, où il a été repositionné à la mi-temps. Son intelligence et son aisance technique ont permis aux Parisiens d’échapper au pressing basque dans la zone de relance. On est bien loin du regista à la Marco Verratti, mais il y a un truc dans sa manière d’orienter le jeu et son corps, par la feinte, le crochet ou la passe, qui le rend précieux pour Luis Enrique. On ne crache jamais sur un joueur capable de tenir le ballon sous pression, surtout pas quand on est le PSG en 8e de finale de Ligue des champions et qu’on s’attend à l’enfer du côté de San Sebastian.

« Je préfère ne pas penser encore au match retour à San Sebastian [le 5 mars], où on va beaucoup souffrir car avec leurs supporters ils seront plus forts », soupire d’avance l’entraîneur parisien. Avec Paris, rien n’est jamais gagné d’avance.