contre-attaqueUne procureure poursuivant Trump nie toute faute liée à sa vie privée

Etats-Unis : La procureure poursuivant Trump en Géorgie nie tout conflit d’intérêts lié à sa vie privée

contre-attaqueFani Willis a nié que sa liaison avec un juriste qu’elle a embauché pour enquêter sur Donald Trump ait commencé en 2019
Fani Willis, la procureure du comté de Fulton, en Géorgie, s'est défendue au tribunal d'Atlanta le 15 février 2024.
Fani Willis, la procureure du comté de Fulton, en Géorgie, s'est défendue au tribunal d'Atlanta le 15 février 2024. - Alyssa Pointer/Pool via USA TODA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Un grand déballage. Une procureure de l’Etat américain de Géorgie, qui poursuit Donald Trump en l’accusant d’avoir tenté d’inverser les résultats de l’élection de 2020, s’est défendue jeudi, d’un ton passionné et parfois outré, de tout conflit d’intérêts lié à sa vie intime.

Fani Willis a reproché aux avocats de l’ancien président de diffuser des « mensonges » visant à la discréditer. « C’est extrêmement blessant », a-t-elle lancé, forcée de dévoiler une partie de sa vie privée au tribunal, les débats étant de surcroît télévisés.

Cette audience s’est déroulée devant un juge saisi par Donald Trump qui demande un abandon des poursuites qui le visent en Géorgie, en affirmant que la procureure Willis est coupable d’une faute professionnelle liée à une liaison intime.

Le magistrat, Scott McAfee, devra décider si la relation entre la procureure et l’enquêteur chevronné qu’elle a recruté, Nathan Wade, équivalait ou non à un conflit d’intérêts. Alors que l’audience se poursuit vendredi, le magistrat a indiqué qu’il ne rendrait pas sa décision immédiatement.

Croisière dans les Caraïbes

Pour Donald Trump et ses co-accusés, inculpés dans cet Etat du Sud d’actions illicites visant à inverser les résultats de l’élection de 2020, la cause est entendue : Willis et Wade ont entretenu une « relation personnelle intime inappropriée ».

Dans leur argumentaire versé au tribunal, ils affirment que la somme de 650.000 dollars payée à Nathan Wade pour son travail lui a notamment permis d’offrir à Fani Willis des « vacances luxueuses », notamment une croisière dans les Caraïbes. La procureure a assuré avoir remboursé son amant en cash, mais ce dernier n’a pas été en mesure de présenter des preuves montrant qu’il avait par exemple déposé l’argent sur son compte.

Fani Willis et Nathan Dade (droite) le 2 février 2024.
Fani Willis et Nathan Dade (droite) le 2 février 2024. - John Bazemore/AP/SIPA

La procureure a bien admis une relation amoureuse avec le juriste qu’elle avait engagé, mais a nié toute faute professionnelle. La demande de Donald Trump est donc « infondée », a estimé Fani Willis dans un document judiciaire, en assurant qu’elle n’avait aucune relation intime avec Nathan Wade au moment où elle l’a recruté en novembre 2021.

Témoignages contradictoires

Ce dernier a assuré pendant l’audience avoir entamé cette relation avec Fani Willis en 2022, et a affirmé n’avoir tiré aucun gain financier personnel de son rôle en tant que procureur spécial.

Mais Robin Bryant Yeartie, une ancienne amie et collègue de la procureure qui a également témoigné jeudi, a elle dit que le couple avaient commencé une « relation personnelle romantique » fin 2019. Ce à quoi Fani Willis a rétorqué : « Elle a trahi notre amitié ». Elle juge « insultant » le sous-entendu qu’elle ait eu une relation sexuelle à cet époque.

Mise sur la sellette, la procureure a toutefois tenu à remettre les choses en place, en désignant ses contradicteurs. « Ces personnes sont jugées pour avoir essayé de voler une élection en 2020 », a-t-elle lancé. « Je ne suis pas jugée, aussi durement essayiez-vous de me juger ! » Le juge McAfee a prévu un autre jour de débats au tribunal.

Donald Trump, favori des primaires républicaines pour la présidentielle de novembre, a plaidé non coupable dans l’affaire de Géorgie.

Depuis la fin de son mandat en 2021, plusieurs procès visent l’ancien magnat des affaires. Dans le cadre d’une autre procédure judiciaire, portant sur un achat présumé du silence d’une actrice de films pornographiques, il s’est rendu jeudi à un tribunal de New York, où le juge lui a signifié qu’il devra bien comparaître en procès pénal à partir du 25 mars, le premier de l’histoire pour un ancien président des Etats-Unis.