DémographieLa ville de Séoul incite à congeler les ovules pour relancer la natalité

Corée du Sud : Séoul encourage la congélation des ovules pour relancer la natalité

DémographieAvec seulement 0,7 naissance par femme fin 2023, la Corée du Sud a l’un des taux de natalité les plus bas au monde. Alors la capitale, Séoul, tente de trouver des solutions
Dans une salle de Cryopreservation pour la conservation et la congélation des embryons à la clinique spécialisée de la Muette, à Paris (illustration).
Dans une salle de Cryopreservation pour la conservation et la congélation des embryons à la clinique spécialisée de la Muette, à Paris (illustration). - M.Frey / JDD/SIPA
20 Minutes avec AFP

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La relance de la natalité passe-t-elle par la congélation ? Posée comme ça, la question paraît bizarre. Mais face à un taux de natalité qui n’en finit pas de baisser en Corée du Sud, la capitale Séoul a choisi d’innover en subventionnant la congélation des ovules.

La ville a estimé qu’aider les femmes à congeler leurs ovules était « la solution la plus pratique » pour « investir dans de potentielles futures naissances », indique la mairie. Selon elle, « alors que l’âge du mariage et des grossesses continue à reculer et que la participation des femmes à la société devient plus importante, il y a un intérêt croissant de la part de femmes célibataires qui aspirent à pouvoir concevoir et accoucher dans le futur ».

Une « assurance »

Jeong, la quarantaine, a décidé de saisir cette opportunité. « Je subissais une pression pour avoir un enfant à cause de mon âge, ça m’a poussée à chercher à me marier rapidement », explique cette Coréenne, qui n’accepte d’être identifiée que par son nom de famille. « Quand j’ai atteint le milieu de la trentaine, j’ai suggéré aux hommes avec qui j’ai eu une relation de nous marier le plus tôt possible, mais ça n’a pas marché », poursuit-elle.

La congélation des ovules permet en théorie aux femmes de préserver leur fertilité. Mais les chances de réussite sont supérieures pour celles qui le font avant que la qualité des ovules ne commence à décliner, généralement à partir de 38 ans.

Jeong s’est donc tournée vers une solution de secours, la congélation de ses ovules, et dit ne plus se sentir « aussi anxieuse » d’être célibataire ou de risquer de ne pas avoir d’enfant. « Maintenant que j’ai mes ovules congelés comme assurance, je peux prendre mon temps » pour trouver la bonne personne, dit-elle.

Jusqu’à ces dernières années, seules les femmes atteintes d’un cancer, qui risquaient de perdre leur fertilité, étaient intéressées par cette procédure, indique Cha Kwang-yul qui dirige le CHA Medical Center. Récemment, « la culture a changé et les gens ont commencé à se dire ''si vous ne comptez pas vous marier, conservez vos ovules'' ».

Génération « n-Po »

Cette mesure ne tient cependant pas compte des grands changements sociétaux, selon les experts. Les jeunes sud-coréens se décrivent comme la génération « n-Po », c’est-à-dire ceux qui ont abandonné un grand nombre d’objectifs de leurs aînés comme le mariage, la parentalité et l’accession à la propriété, à cause d’une croissance stagnante et d’une concurrence intense pour les emplois.

En 2022, il y a eu 3,7 mariages pour 1.000 personnes en Corée du Sud, un plus bas historique. Et les ménages formés d’une seule personne représentent désormais 41 % du total. Subventionner la congélation des ovules « ne s’attaquera pas efficacement à la faiblesse du taux de natalité en Corée », estime Hyeyoung Woo, professeure de sociologie à l’université d’État de Portland (Etats-Unis).

Elle préconise plutôt d’encourager les mariages, ou un deuxième enfant, par des mesures d’aide au logement, fiscales, la garde d’enfants et les congés parentaux. Subventionner la congélation des ovules « ne s’attaquera pas efficacement à la faiblesse du taux de natalité en Corée ». Avec seulement 0,7 naissance par femme fin 2023, la Corée du Sud a l’un des taux de natalité les plus bas au monde.