Conseil de Paris : « Je revendique de pouvoir siéger avec mon bébé », confie l’élue Léa Vasa

MATERNITÉ Léa Vasa, élue au Conseil de Paris, s’est fait remarquer vendredi 9 février en prenant la parole avec son bébé dans les bras

Paul Blin Kernivinen
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Conseil de Paris : Léa Vasa, élue, revendique de pouvoir siéger avec son bébé — 20 Minutes

« C’est peu conventionnel, mais je sais que toute l’assemblée est bienveillante. » Ce vendredi 9 février au Conseil de Paris, Léa Vasa, conseillère déléguée Les Écologistes, s’apprête à prendre la parole pour présenter une délibération sur l’aménagement des canaux au nord de Paris. Dans ses bras, l’élue ne tient pas ses dossiers mais sa fille âgée d’à peine trois mois. Une scène exceptionnelle dans cette salle où résonnent plus souvent les échanges (parfois tendus) entre les élus que les gazouillis des nourrissons.

« Ça a adouci l’atmosphère du Conseil de Paris sur tous les bancs, de gauche comme de droite. On m’a même proposé de l’aide », avoue en souriant Léa Vasa. Puis d’ajouter : « Je pense que la société a aussi évolué. Il y a quelques années ça n’aurait peut-être pas été le même accueil. A Paris, en politique aujourd’hui, on peut être jeune, femme et mère et essayer de concilier tout ça. »

Mais si l’élue écologiste a été bien accueillie par ses collègues, elle reconnaît qu’il reste « de grands pas à faire », notamment sur les conditions mises en place par l’employeur pour les femmes allaitantes. « Aujourd’hui dans la vie professionnelle, ce n’est pas vraiment adapté. Les femmes ont le droit à deux fois trente minutes dans la journée pour allaiter, ce qui ne correspond pas du tout au rythme naturel du bébé, explique-t-elle. Les aides de la Sécurité sociale ne sont pas forcément pour du matériel qui est adapté à la vie mobile, à la vie au travail. »

« Je revendique que ça puisse être un choix »

« Je n’avais pas le choix de venir avec ma fille ce jour-là, raconte Léa Vasa. Je n’ai pas de place en crèche et pas encore d’assistante maternelle. » Mais si l’élue écologiste a fait le choix de prendre ainsi la parole dans l’hémicycle, c’est aussi pour normaliser cette situation : « Je revendique que ça puisse être un choix de venir ponctuellement au travail avec son nourrisson. Il faut que l’on puisse afficher d’autres profils qu’on n’a pas l’habitude de voir : des jeunes, des mamans qui prennent toutes leurs places dans ces institutions-là. »

Une revendication qui fait écho à celle de Clarisse Agbégnénou, judokate multimédaillée, qui prépare les JO 2024 à Paris en s’occupant de son bébé. Récemment, la sportive a évoqué les difficultés qu’elle rencontrait pour exercer son métier en s’occupant de sa fille. Pour Léa Vasa, le constat est clair : « Le monde professionnel ou sportif de haut niveau n’est pas prévu pour les femmes. La plupart du temps faute de moyen de garde, ce sont les femmes qui sacrifient leur emploi, car leur salaire est déjà bien moindre, et leur vie sociale qui va avec. »

Une situation qui pourrait peut-être s’améliorer au Conseil de Paris. Lors de son intervention le 9 février Léa Vasa a demandé que la possibilité de venir ponctuellement avec son nourrisson lors des séances soit inscrite au règlement. « J’ai reçu beaucoup de témoignages de collègues élues ou agents de la fonction publique qui m’ont expliqué l’avoir déjà fait. On verra au prochain Conseil de Paris si mes collègues souhaitent l’inscrire. »