CHEMISE ROUGEL’ex-Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra recouvre la liberté

Thaïlande : L’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra recouvre la liberté

CHEMISE ROUGERentré le 22 août après 15 ans d’exil, Thaksin n’aura passé que six mois en détention alors qu’il avait initialement été condamné à huit ans de prison pour corruption et abus de pouvoir
L'ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra assis dans un véhicule après avoir été libéré sous condition, à Bangkok le 18 février 2024.
L'ancien Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra assis dans un véhicule après avoir été libéré sous condition, à Bangkok le 18 février 2024. - Sakchai Lalit/AP / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

C’est une libération particulièrement symbolique en Thaïlande. L’ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra a recouvré la liberté ce dimanche matin, six mois après son retour de quinze ans d’exil volontaire.

Le milliardaire âgé de 74 ans, au pouvoir de 2001 jusqu’au coup d’Etat de 2006 a été aperçu à travers les vitres de sa voiture, portant un corset au cou et assis à côté de sa fille Paetongtarn, quittant l’hôpital de la police dans le centre de Bangkok. Il a ensuite retrouvé son domicile de la capitale.

Une grâce du roi

Rentré d’exil le 22 août 2023 après 15 ans à l’étranger, Thaksin n’aura passé en tout que six mois en détention, en très grande partie dans un hôpital de la police, à Bangkok, en raison de problèmes de santé.

Ultra-populaire au début des années 2000, surtout auprès des paysans du Nord et du Nord-Est, il est soupçonné d’avoir conclu un pacte avec ses anciens adversaires, la monarchie et l’armée, pour recouvrer la liberté. Initialement condamné à huit ans de prison pour corruption et abus de pouvoir, il a bénéficié en septembre d’une grâce du roi Maha Vajiralongkorn qui a réduit sa peine à un an d’emprisonnement. Le cadre de sa liberté conditionnelle n’est par contre pas encore connu.

Thaksin Shinawatra est un vieux lion de la vie politique thaïlandaise, qui garde une influence par le biais du parti familial, Pheu Thai, dirigé par Paetongtarn, pressentie pour poursuivre la dynastie. Elle pourrait devenir la troisième Premier ministre à porter le nom de Shinawatra, après Thaksin et Yingluck, sa tante (et sœur de Thaksin) qui a dirigé le royaume de 2011 à 2014, jusqu’à un coup d’Etat.

Chemises rouges contre chemises jaunes

L’évocation de ce patronyme réveille de vieilles fractures en Thaïlande. Thaksin Shinawatra a été autant adulé des campagnes, grâce à ses politiques pionnières de redistribution, que haï des élites traditionnelles de Bangkok, qui le trouvaient populiste et insolent vis-à-vis du roi Bhumibol. S’il a été crédité d’une bonne gestion de l’économie, le dirigeant, qui a fait fortune dans les télécoms, a souvent été accusé de mélanger ses affaires privées avec celles de l’Etat.

Les tensions ont culminé au moment des mouvements de protestation opposant ses soutiens, « les chemises rouges », et ses opposants attachés à la monarchie, « les chemises jaunes ». En 2010, l’armée a ouvert le feu sur une manifestation de chemises rouges, tuant plus de 90 personnes.

Certains soutiens de longue date lui reprochent aujourd’hui d’avoir tendu la main aux militaires afin de favoriser son retour au pays après son d’exil pour échapper à la justice. En effet, Pheu Thai a accepté de former une coalition gouvernementale avec des formations pro-armée qui n’auraient pas pu prétendre au pouvoir à la suite de leur large défaite aux élections de 2023. Cet accord a exclu le parti vainqueur du scrutin, les réformistes de Move Forward, devenus la principale force de contestation aux yeux des nouvelles générations.