REPORTAGEDe retour sur les routes, les agriculteurs « ciblent les administrations »

Manifestation des agriculteurs : A Marseille, les tracteurs en remettent « un coup » et visent les administrations

REPORTAGEQuinze jours après avoir levé l’essentiel de leurs barrages routiers après les annonces de Gabriel Attal, les agriculteurs ont repris la route, ciblant, comme à Marseille ce lundi, les administrations
Crise agricole : Des agriculteurs déversent du foin devant la Draaf à Marseille
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • A Reims, Dunkerque, Eperney ou Marseille, des agriculteurs étaient de nouveau mobilisés ce lundi, quinze jours après avoir levé les blocages.
  • Alors que le Premier ministre Gabriel Attal doit à nouveau prendre la parole sur cette crise ce mercredi, alors que se profile le salon de l’agriculture, ils entendent mettre la pression désormais sur les administrations qu’ils ont ciblées tout au long de la journée.

Un tas branchages vient d’être lâché devant l’entrée de l’Agence régionale de santé de Paca. Debout à l’arrière d’un pick-up où flotte un drapeau de la FNSEA, Sylvain prononce fort et lentement au micro de la sono portable chacune de ses courtes phrases auxquelles répondent les acclamations de la petite foule d’agriculteurs venus des départements voisins : « la seule chose qu’ils savent faire c’est nous contrôler. Nous emmerder. On les attend autour de la table. »

A Marseille, mais aussi dans la Marne ou à Dunkerque, quinze jours après les annonces de Gabriel Attal qui ont entraîné la suspension des actions d’envergures, les agriculteurs ont repris la route. Et cette fois-ci, il ne s’agit pas de les bloquer, mais plutôt de rendre « une visite » à quelques-unes des administrations qu’ils ont dans le viseur.

« Les discussions avec les administrations n’avancent pas »

Partis à l’aurore de leurs exploitations d’Arles, du pays d’Aix ou encore du Var et du Vaucluse, environ 200 agriculteurs (une cinquantaine de tracteurs et véhicules) ont convergé vers Marseille. Parmi eux, Nicolas, 50 ans, producteur de blé dur à Arles : « on est dégoûté. Après les annonces de l’Etat, on s’est dit que ça irait, mais les discussions avec les administrations n’avancent pas ». « On a fait un premier mouvement pour visibiliser nos problèmes, maintenant on cible les administrations », résume Guillaume, vice-président des Jeunes agriculteurs du Vaucluse, depuis un tracteur New Holland qui tranche avec le paysage urbain du 3e arrondissement de Marseille.

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Après avoir ciblé l’ARS, qui scrute notamment l’usage des produits phytosanitaires, le cortège roule en direction la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) dont ils enfoncent le volet métallique d’entrée avant de déverser un mélange de fumier et de paille, certainement échaudés par un jet de projectile venu d’un étage, blessant légèrement à la tête un manifestant.

« Il ne faut pas baisser bras »

Des actions similaires ont été menées à Dunkerque, où une cinquantaine de tracteurs ont perturbé la circulation, et brièvement bloqué un accès au port. Tous se sont rassemblés devant la Dreal. Dans la Marne, des membres des Jeunes agriculteurs ont déversé du fumier, des roues et des palettes devant la préfecture de Chalons-en-Champagne, mais aussi devant les sous-préfectures de Reims, de Vitry et d’Epernay, a pu constater l’AFP.

A Marseille, les agriculteurs ont fini leur périple après un défilé sur le port en milieu d’après-midi devant la préfecture avec, là aussi, un traditionnel dépôt de fumier. « On remet un coup de pression. Il ne faut pas baisser bras », indique Stéphane, 56 ans. Le producteur de salade mesclun dans le Var, sur 80 hectares, assure « soutenir le gouvernement », mais insiste sur « la distorsion des normes » entre différents pays de l’UE.

« Ce n’est pas normal qu’en France on ajoute plus de normes que celles de l’Europe, regrette encore Stéphane qui s’inquiète aussi pour l’avenir. Moi je n’ai pas vraiment eu le choix, j’ai repris l’exploitation de mes parents. La question ne se posait pas. Mon fils de 24 ans se la pose. »

Le Premier ministre Gabriel Attal, qui doit prendre la parole sur la crise agricole ce mercredi alors que se profile le salon de l’agriculture, apportera peut-être des réponses.