Incidents en sérieLe Boeing 737 Max est-il un avion maudit ?

Des crashs à la fissure du pare-brise, le Boeing 737 Max est-il un avion maudit ?

Incidents en sérieNouvelle casse pour l’avion maudit. Un appareil 737-8 Max de la compagnie américaine United Airlines a terminé son atterrissage dans l'herbe à Houston, le train arrière défoncé
Le Boeing 737 Max connait une histoire tumultueuse. (illustration)
Le Boeing 737 Max connait une histoire tumultueuse. (illustration) - Craig Mitchelldyer/AP/SIPA / SIPA
Xavier Regnier

X.R.

L'essentiel

  • Ce vendredi, un avion de la compagnie américaine United Airlines a fini sa course d'atterissage dans l'herbe, le train arrière endommagé.
  • L’identité de l’avion ne va pas vous étonner. Et oui, il s’agit encore d’un Boeing 737 Max. Ce n’est pas la première fois que ce modèle connaît des problèmes.
  • 20 Minutes vous retrace l’histoire de ce géant fébrile.

A l’occasion de ce nouvel incident, nous vous proposons de (re)lire cet article sur les multiples problèmes rencontrés par le Boeing 737 Max.

« Carglass répare, Carglass remplace ». Si on pense automatiquement à cette publicité matraquée à la télévision à chaque impact sur notre pare-brise, on ne saurait par contre pas comment gérer une fissure sur la vitre d’un avion. C’est pourtant le problème auquel furent confrontés les pilotes d’un avion reliant Istanbul à Stuttgart. Heureusement, le pare-brise a tenu malgré tout et l’avion a pu se poser. L’avion en question ? Une fois encore, un 737 Max. Encore lui.

Car le 737 Max n’en est pas à son premier incident, au point de commencer à se forger une réputation d’avion maudit. 20 Minutes retrace pour vous l’histoire de ce géant fébrile.

Deux crashs meurtriers

Au milieu des années 2010, Boeing avait besoin d’un nouvel appareil phare pour concurrencer le très populaire Airbus A320. Ce sera le 737 Max, annoncé comme une révolution en 2015 et mis en service en 2017. L’avion est équipé de nouveaux moteurs, qui permettent une réduction de la consommation de carburant de l’ordre de 15 % par rapport à la précédente génération de Boeing 737. Il embarque aussi un système de pilotage destiné à éviter le décrochage, le MCAS, de triste mémoire.

C’est en effet ce système qui est mis en cause dans deux crashs de Boeing 737 Max. Le 29 octobre 2018, un 737 Max 8 de la compagnie Lion Air, livré deux mois plus tôt, s’écrase en mer treize minutes après son décollage de Jakarta, provoquant la mort de 181 passagers et huit membres d’équipages. La veille, l’appareil avait déjà rencontré un incident avec le MCAS. Quelques mois plus tard, le 10 mars 2019, un autre 737 Max 8, appartenant à la compagnie Ethiopian Airlines, s’écrase six minutes après son décollage d’Addis-Abeba, tuant les 149 passagers et huit membres d’équipage.

Production à l’arrêt, avions cloué au sol

Dans les jours qui suivent ce second crash, la quasi-totalité des autorités nationales interdisent de vol le 737 Max, une mesure parfois appliquée par précaution par les compagnies aériennes elles-mêmes. Plus de vingt mois s’écouleront sans 737 Max dans le ciel. Boeing est aussi contraint d’arrêter sa production en 2020 le temps de régler les dysfonctionnements de ses appareils.

Par ailleurs, un rapport du Congrès américain met en avant des dissimulations et des conflits d’intérêts entre Boeing et la FAA. Le constructeur paiera 2,5 milliards de dollars pour éviter des poursuites. La FAA autorise finalement le 737 Max à reprendre les airs en novembre 2020, suivie par l’autorité européenne en janvier 2021, le logiciel du MCAS ayant été mis à jour.

Problèmes de boulons

Mais ce n’est pas la fin des ennuis pour le 737 Max. En décembre 2023, suite à un contrôle de routine, un boulon sans écrou est découvert sur un appareil, mettant en danger le système de contrôle du gouvernail. Le constructeur lance rapidement une information à toutes les compagnies aériennes pour inspecter leurs appareils. Par la suite, Boeing repère un boulon « pas correctement serré » sur un avion qui n’avait pas encore été livré.

Cette inquiétude, couplée à l’incident du fuselage détaché du Alaska Airlines, a incité de nombreuses compagnies aériennes à clouer de nouveaux leurs appareils au sol. C’est notamment le cas de United Airlines, Aeromexico, Copa Airlines ou Turkish Airlines. La FAA a ordonné « l’inspection immédiate » de 171 exemplaires du 737 Max 9 sur les 218 livrés dans le monde. L’opération prend entre quatre et huit heures par avion.

Un fuselage qui se détache et emporte un hublot

Rebelote le 6 janvier 2024. Un Boeing 737-9 de la compagnie Alaska Airlines est quasiment parti en lambeaux en plein vol, une partie de son fuselage se détachant subitement et emportant avec lui un hublot. L’appareil était pourtant quasiment neuf, assemblé en 2023 et certifié par la FAA, l’administration américaine de l’aviation, en novembre. Si l’incident n’a miraculeusement fait aucun blessé, l’avion se posant en urgence à l’aéroport de Portland, il a encore montré l'inquiétante tenue du 737 Max. Avant ce nouvel accident...