variole de l’AlaskaQu’est-ce que l’Alaskapox, ce mystérieux virus qui vient de faire un mort ?

Doit-on s’inquiéter de l’Alaskapox, ce mystérieux virus qui vient de faire un mort ?

variole de l’AlaskaConnu sous le nom de « variole de l’Alaska », cet orthopoxvirus signalé pour la première fois en 2015 vient de faire un premier mort aux Etats-Unis
Doit-on se méfier de l'Alaskapox?
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • L’Alaskapox, ou « variole de l’Alaska », virus transmissible par le biais de mammifères et provoquant des lésions cutanées, vient de causer un premier décès en Alaska.
  • Seuls sept cas ont été signalés depuis 2015. « Pour le moment, les cas restent exceptionnels car le virus ne se transmet pas entre humains », souligne Benjamin Davido, médecin infectiologue à l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches.
  • Le médecin appelle toutefois à rester vigilant car, comme cela a été le cas pour le Monkeypox, le virus peut muter et devenir transmissible d’homme à homme.

Après le Monkeypox, l’Alaskapox ? Connu sous le nom de « variole de l’Alaska » et signalé pour la première fois en 2015 à Fairbanks, en Alaska, ce virus a provoqué un premier décès dans le pays fin janvier. Selon un communiqué des autorités sanitaires de l’Etat américain, l’homme était immunodéprimé et traité pour un cancer. « Il s’agit du premier cas d’infection grave à l’Alaskapox entraînant une hospitalisation et un décès, précise le bulletin épidémiologique du 9 février. L’immunodépression du patient a probablement contribué à la gravité de la maladie. »

Comme le Monkeypox, ce virus fait partie de la famille des orthopoxvirus et est transmissible par le biais de mammifères. Mais si l’OMS redoute une propagation internationale de la variole du singe, on en est loin avec l’Alaskapox. En neuf ans, les autorités du pays n’ont signalé que sept cas. Avec ce premier décès, doit-on toutefois s’en inquiéter ? Existe-t-il un risque de propagation vers l’Europe ? On fait le point.

Quels sont ses symptômes ?

Comme dans le Monkeypox, les principaux symptômes consistent en une éruption cutanée, sous la forme de bosses ou de pustules, et une augmentation des ganglions lymphatiques. Des douleurs articulaires et musculaires ont également été signalées. « Plusieurs patients atteints d’Alaskapox pensaient initialement avoir une piqûre d’araignée ou d’insecte », expliquent les autorités sanitaires alaskiennes dans un communiqué.

Des symptômes communs à plusieurs pathologies. « Cela ressemble beaucoup à la maladie des griffes du chat ou encore à l’anthrax, estime Benjamin Davido, médecin infectiologue à l’Hôpital Raymond Poincaré de Garches. Il peut donc être difficile de faire un diagnostic. » Jusqu’en décembre dernier, tous les patients présentaient des maladies bénignes résolues d’elles-mêmes après quelques semaines, selon les autorités alaskiennes. Mais l’homme décédé fin janvier et ayant contracté le virus en novembre présentait, lui, des symptômes plus graves, notamment une défaillance respiratoire.

Comment se transmet-il ?

La variole de l’Alaska se transmettrait seulement, pour le moment, par le biais de mammifères. Grâce à deux séries de tests réalisées en 2020 et 2021, la division de la Santé publique de l’Alaska confirme la présence du virus Alaskapox chez deux espèces : les campagnols à dos roux et les musaraignes. En tout, quatre espèces seraient concernées.

Le virus peut ainsi être transmis à l’humain via des animaux domestiques ayant eux-mêmes été en contact avec de petits mammifères contaminés. L’homme décédé fin janvier résidait dans la zone forestière de la péninsule de Kenai, au sud du pays. D’après les autorités, il a raconté s’occuper régulièrement d’un chat errant à son domicile. Il avait par ailleurs été griffé par l’animal à plusieurs reprises.

« Pour le moment, les cas restent exceptionnels car le virus ne se transmet pas entre humains », analyse Benjamin Davido. Bien que la transmission interhumaine de la variole de l’Alaska n’ait pas encore été observée, certains orthopoxvirus peuvent se propager par contact direct avec les lésions. C’est notamment le cas du Monkeypox. Les autorités sanitaires alaskiennes conseillent donc, dans un communiqué, aux personnes présentant des lésions cutanées potentiellement causées par l’Alaskapox de « garder la zone touchée recouverte d’un bandage et d’éviter de partager la literie ou d’autres draps qui sont entrés en contact avec la lésion ».

Y a-t-il un risque de propagation vers l’Europe ?

Si les personnes résidant en Alaska sont invitées à la prudence, aucun cas n’a pour l’heure été remonté en Europe. A ce stade, il y a donc peu de craintes à avoir de ce côté-ci de l’Atlantique. « Je suis d’autant moins inquiet que l’Alaska est l’un des Etats les moins peuplés des Etats-Unis, une zone quasi-insulaire avec un écosystème très particulier », ajoute le médecin infectiologue.

Le spécialiste s’interroge toutefois sur la forme respiratoire du patient décédé. « Sans tomber dans le catastrophisme, c’est intrigant. Est-ce que cette forme respiratoire pourrait provoquer une transmission par gouttelettes du virus et donc se transmettre d’homme à homme ? C’est toute la question à laquelle il va falloir répondre. »

Car la situation s’est déjà produite avec le Monkeypox, virus connu depuis les années 1980 mais dont la forme a récemment muté et qui est progressivement devenu transmissible d’homme à homme. « Mais, dans le cas de l’Alaskapox, s’il y avait eu des cas secondaires, dans l’entourage par exemple, on les aurait vus depuis novembre, rassure le médecin. Il n’y a donc aucune raison de s’affoler, d’autant plus qu’on est dans une catégorie de virus qu’on connaît. » Pas de panique donc. Au moins pour l’instant.