Ils comptaient passer la nuit au siège de Lactalis à Laval. Mais vers 21 heures mercredi soir, une quarantaine de CRS sont venus déloger dans le calme les manifestants qui occupaient depuis le début de l’après-midi les locaux du géant laitier. L’action a été menée par la Confédération paysanne pour dénoncer les pratiques du géant laitier et réclamer une meilleure rémunération des éleveurs. A l’aide de deux tracteurs, environ 200 manifestants ont réussi à forcer l’entrée du site avant d’investir le hall d’accueil du siège.

Sur place, ils comptaient bien s’entretenir avec le PDG du groupe Emmanuel Besnier. Mais le rendez-vous ne leur a pas été accordé malgré la présence du dirigeant dans les locaux. Munis de pancartes « Lactalis tue », les manifestants ont alors redécoré le siège avec des autocollants proclamant « Notre métier a un prix. Lactalis, rends l’argent caché dans les paradis fiscaux. »

« Une entreprise prédatrice » selon la Confédération paysanne

« Lactalis, c’est le numéro un mondial du lait qui n’est pas capable de payer correctement ses producteurs », a affirmé Laurence Marandola, porte-parole nationale de la Confédération paysanne, dénonçant une « entreprise prédatrice. » L’envahissement de son siège a, sans surprise, été moyennement apprécié par Lactalis qui a déploré dans un communiqué « la tenue de cette mobilisation et les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée », précisant que « des négociations sous l’égide du médiateur des relations commerciales et agricoles sont actuellement en cours. ».

« Il y a tellement de profits qui ne ruissellent pas vers les producteurs et les éleveurs, c’est un scandale absolu », a souligné Laurence Marandola, accusant Lactalis de « pratiques asservissantes » et d’infliger des « représailles » à tous les éleveurs qui protestent publiquement contre ses méthodes en refusant de collecter leur lait.

Avec plus de 28 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022, Lactalis a détrôné un autre mastodonte, Danone, comme leader français de l’agroalimentaire et intégré le top 10 mondial du secteur. Souvent épinglé pour son manque de transparence, le groupe, qui a fêté en octobre ses 90 ans, compte 270 sites de production dans 51 pays et 85.000 employés.