UbuesqueUne Lilloise déboutée par la justice après sa demande d’adoption d’un chien

Une Lilloise déboutée par la justice après sa demande d’adoption d’un chien auprès de la LPA

UbuesqueAprès avoir recueilli un chien errant, baptisé Lycos, Cynthia Haeyer se voit refuser le droit de l’adopter par la LPA, une décision validée par la justice
Le chien baptisé Lycos par une lilloise qui n'a jamais pu l'adopter, bloqué par la Ligue de protection des animaux du Nord.
Le chien baptisé Lycos par une lilloise qui n'a jamais pu l'adopter, bloqué par la Ligue de protection des animaux du Nord. - CH / CH
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • Une Lilloise, Cynthia Haeyer vient d’être déboutée de sa plainte contre la Ligue protectrice des animaux (LPA), à la suite de sa demande d’adoption d’un chien errant, baptisé Lycos.
  • L’association estime que les conditions d’accueil chez la bonne samaritaine ne sont pas réunies, en raison notamment de la présence d’une personne âgée.
  • Un argument que réfute la plaignante, qui va faire appel de la décision.

Voilà plus d’un an qu’elle se bat pour adopter Lycos, un ancien chien errant. Cynthia Haeyer vient d’être déboutée, mardi, de sa plainte contre la Ligue protectrice des animaux (LPA) de Lille, dans le Nord. Le conflit qui oppose cette Lilloise de 48 ans à l’association a rapidement pris des tournures polémiques, puis judiciaires. Histoire d’une affaire un peu surréaliste mais qui symbolise les manières divergentes de concevoir la protection animale.

Les premières pages s’écrivent en janvier 2023 lorsque Cynthia Hayaer se rend aux abords d’un ancien camp de Roms à Lille. Elle y croise le chemin d’un chien assez mal en point qu’elle baptise Lycos. Selon une voisine, ce chien déambulait, avec un autre, depuis plusieurs jours, provoquant des situations dangereuses à force de traverser une route à trois voies.

« Il m’a choisie »

« Comme la LPA n’avait pas souhaité recueillir ces chiens malgré les appels d’une voisine, nous avons tenté, avec une amie, d’apprivoiser ce chien », raconte Cynthia Hayaer. Cette dernière se lie alors de sympathie avec l’animal qu’elle finit par pouvoir approcher et ramener chez elle. « Il m’a choisie », précise-t-elle pour expliquer son attachement.

Rapidement, elle s’aperçoit que l’animal a été maltraité et après un hébergement de quelques jours à son domicile, elle décide de le confier à la LPA pour vérifier son état de santé et savoir s’il a été pucé. « Il n’était pas question pour moi de l’abandonner à ce moment-là, explique-t-elle à 20 Minutes. Le vétérinaire ne pouvait pas se déplacer chez moi et j’avais peur de le transporter en voiture vu son état de santé. J’ai donc appelé la LPA pour une prise en charge en précisant que je souhaitais l’adopter. »

Sauf que la LPA ne voit pas cette adoption du même œil. Après avoir récupéré l’animal, l’association refuse de valider la demande, estimant que les conditions d’accueil chez la bonne samaritaine ne sont pas réunies. « La maison est également le domicile d’une personne âgée à qui la LPA-NF ne veut faire prendre aucun risque, précise la LPA, dans un communiqué. Le logement comprend une cour bétonnée qui ne permettra pas à Lycos de se sentir libre. En effet, depuis son plus jeune âge, il est habitué à vagabonder sans contraintes. »

Volonté d’euthanasie ?

La Lilloise refuse de lâcher l’affaire et alerte de la situation sur les réseaux sociaux. Elle est même soutenue dans son combat par le parti animaliste.

« D’autres personnes m’ont témoigné avoir connu la même mésaventure avec la LPA qui se croit toute-puissante », s’insurge Cynthia Hayaer qui considère avoir l’habitude de recueillir des animaux domestiques. Lorsque 20 Minutes lui avait rendu visite au printemps 2023, elle n’hébergeait pas moins de 14 chats et deux autres chiens dans une grande maison de dix pièces où le calme semblait régner.

Le contentieux prend de l’ampleur lorsque la Nordiste soupçonne la LPA d’avoir voulu euthanasier l’animal. La LPA nie, mais un enregistrement, que la justice n’a pas voulu prendre en compte, semble prouver le contraire.

Présomption de propriété ?

« Quand j’ai appris, début octobre, que ce chien allait être adopté par une autre famille, j’ai demandé à la justice de pouvoir le récupérer », souligne-t-elle. D’abord fixée au 17 octobre, la procédure en référé (c’est-à-dire en urgence) a été reportée trois fois avant d’avoir lieu le 2 février.

Une audience qui laisse un goût très amer à l’avocate de Cynthia Hayaer. « Je n’avais jamais vu ça, mais je n’ai même pas pu plaider la présomption de propriété de ma cliente vis-à-vis de ce chien, vu que c’est elle qui l’avait recueilli au départ et qu’elle l’avait juste confié à la LPA », indique Me Aya Bulaïd.

La juge en a décidé autrement, estimant la « demande en revendication de propriété » infondée. Elle condamne la plaignante à 2.000 euros d’amende à payer à la LPA et à 500 euros pour procédure abusive. L’affaire Lycos, qui a finalement été adopté en octobre, n’en est pas pour autant terminée. La plaignante a fait appel. « Pour le principe, car s’il est bien dans sa nouvelle famille, je pense que je le laisserai », avoue-t-elle.