FOOTBALL FEMININL’engouement autour du foot féminin reste-t-il « désespérant » en France ?

France-Allemagne : Alors, l’engouement à Lyon était-il aussi « désespérant » que le redoutait Amandine Henry ?

FOOTBALL FEMININL’équipe de France féminine de football s’est offert un succès XXL (2-1), vendredi en demi-finale de la Ligue des Nations contre l’Allemagne. Mais ce choc s’est déroulé dans un Parc OL à moitié rempli (30.267 spectateurs)
Les Bleues ont pu compter sur le soutien d'un Parc OL bien dans le ton, vendredi soir, pour venir à bout de l'Allemagne.
Les Bleues ont pu compter sur le soutien d'un Parc OL bien dans le ton, vendredi soir, pour venir à bout de l'Allemagne. - Pauline FIGUET/SPP//SIPA / SIPA
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’équipe de France féminine de football s’est qualifiée pour la finale de la Ligue des Nations féminine, vendredi à Lyon-Décines, en battant sa bête noire allemande (2-1).
  • Cette énorme affiche a permis aux Bleues de connaître au Parc OL la meilleure affluence de leur histoire (30.267 spectateurs), hors Coupe du monde 2019 à domicile.
  • Pour autant, le stade qui présente une capacité de 59.000 places était visuellement un peu tristoune, ce qui avait chagriné dans la semaine Amandine Henry.

Au Parc OL,

Ça faisait longtemps qu’on avait plus eu droit au savoureux couplet du « Mes propos ont été mal interprétés » pour dégonfler une mini-polémique. C’est texto ce que nous a confié Amandine Henry, lorsqu’on l’a lancée sur ses récentes critiques envers le faible engouement autour des Bleues, après la belle qualification de l’équipe de France féminine de football pour la finale de la Ligue des Nations, vendredi à Lyon-Décines contre l’Allemagne (2-1). « Quand j’ai été interviewée, il n’y avait que 21.000 places vendues, poursuit l’ancienne capitaine tricolore. Pour une demi-finale, durant les vacances scolaires, je m’imaginais beaucoup plus. Mais le public a été présent ce soir, on a été soutenues. »

Deux jours plus tôt dans Le Parisien, le ressentiment était bien plus tranché/tranchant de sa part : « Il y a encore du travail. C’est désespérant. Que faut-il faire de plus ? Nous, les joueuses, on se donne à fond. C’est une belle affiche, un beau stade, une belle ville. On ne sait pas ce qu’il faut faire. On en parle, on se pose la question : que faire pour remplir des stades ? Quand on voit les autres pays, ça marche. Pourquoi ça ne marche pas chez nous ? On ne comprend pas trop ».

« Un peu de regrets dans un stade aussi grand »

Au final, on peut parfaitement voir le verre à moitié vide (30.267 spectateurs sur une capacité de stade de 59.000) ou à moitié plein (il s’agit d’un chiffre record pour un match des Bleues en France hors Coupe du monde) concernant ce France-Allemagne.

C’est pourquoi les opinions pouvaient être assez variées en zone mixte après la rencontre, synonyme de première finale en grand tournoi ever pour les Bleues, mercredi prochain (19 heures) contre l’Espagne.

  • La version extatique par Selma Bacha : « Merci à tous les supporteurs, on l’a fait parce qu’ils nous ont poussées jusqu’à la fin, c’est aussi leur victoire. Ils étaient nombreux et c’était une sacrée ambiance, l’une des meilleures de ma carrière ».
  • La version courte mais emballée par Hervé Renard (« une formidable fête ») et par Eugénie Le Sommer (« une ambiance incroyable »).
  • La version plus mitigée par Elisa De Almeida : « On a forcément un peu de regrets, dans un stade aussi grand, de ne pas avoir rempli toutes les tribunes. Mais merci à tous ceux qui étaient présents, ça nous motive au quotidien ».

La déception de la défenseure du PSG s’entend, car il est évidemment dommage de constater que la quasi-intégralité de l’anneau supérieur du Parc OL était déserte, malgré des tarifs raisonnables pour un tel choc, entre 10 et 50 euros la place (et même entre 7 et 35 euros pour les licenciés FFF).

En avril 2022, l'équipe féminine du Barça avait réussi l'exploit d'attirer plus de 90.000 spectateurs au Camp Nou, à l'occasion d'un match de Ligue des champions contre Wolfsburg.
En avril 2022, l'équipe féminine du Barça avait réussi l'exploit d'attirer plus de 90.000 spectateurs au Camp Nou, à l'occasion d'un match de Ligue des champions contre Wolfsburg.  - Bagu Blanco/Pressinphoto/Shutter/SIPA

« Le bide du Mondial 2019 nous a coûté cher »

Alors qui faut-il pointer du doigt en France lorsqu’on constate que l’équipe féminine du Barça avait franchi l’incroyable barre des 90.000 spectateurs au Camp Nou sur un match de Ligue des champions au printemps 2022, ou que Wembley a plus récemment accueilli 77.390 fans pour la finale de la Cup féminine entre Chelsea et Manchester United ?

« Les fédérations anglaise et espagnole sont plus au point en com et en billetterie pour remplir un stade, mais il y a eu du bon travail de fait pour ce match, estime Willy Pasche, vice-président du groupe de supporteurs OL Ang’Elles et présent au stade vendredi. J’imaginais qu’on pourrait atteindre les 40.000 spectateurs, mais Lyon n’est pas Londres. Et le gros problème, c’est que l’équipe de France féminine n’a jamais rien gagné. Le bide du Mondial 2019 à la maison nous a coûté cher. »

Un « Aux Armes » échangé entre deux tribunes

En décidant de programmer le match Metz-OL exactement au même horaire (vendredi à 21 heures), la LFP n’a pas non plus donné un coup de pouce à cet événement majeur à Lyon pour les Bleues, avant les JO de Paris 2024. A en croire Willy Pasche, l’arrivée de la milliardaire américaine Michele Kang à la tête de l’OL féminin pourrait à terme augmenter l’engouement autour de nos footballeuses. « La nouvelle direction du club discute avec les supporteurs et elle a la liste de tous les clubs féminins en Rhône-Alpes, indique ce passionné de longue date de la discipline. Ce gros travail de suivi est nouveau en France, mais c’est ce que font déjà les dirigeants anglais et espagnols pour remplir les stades. »

Bien que clairsemé, le Parc OL avait quand même fière allure vendredi soir, comme le Roazhon Park de Rennes et ses 26.453 spectateurs en décembre pour un France-Autriche (3-0) de Ligue des Nations féminine là aussi. Show son et lumière d’avant-match dans le noir, des centaines de drapeaux tricolores agités, une ola lancée dès la première demi-heure de jeu, et même un timide Aux Armes échangé entre deux tribunes, il y avait de l’ambiance au formidable outil.

Certains supporteurs cherchaient à donner de la voix, vendredi lors du choc France-Allemagne.
Certains supporteurs cherchaient à donner de la voix, vendredi lors du choc France-Allemagne. - Pauline FIGUET/SPP//SIPA

« Même s’il n’y a que dix supporteurs… »

Ce qui pousse le président de la FFF Philippe Diallo à assurer : « On voit que les Français suivent de plus en plus cette équipe féminine ». Le révélateur ultime aura lieu cet été pour les JO de Paris 2024, alors qu’avant cela, la première finale de l’histoire des Bleues se disputera (malheureusement) à Séville mercredi.

D’ailleurs, le stade olympique sévillan ne comptait que 22.000 spectateurs vendredi pour la demie de la Ligue des Nations contre les Pays-Bas, comme quoi.

Décidément en première ligne sur le sujet cette semaine, l’expérimentée Amandine Henry (34 ans) conclut : « J’espère que le foot féminin continuera d’évoluer dans ce sens. En tout cas, on mouillera toujours le maillot, même s’il n’y a que dix supporteurs ». Ça sent la true story pour certains matchs de son début de carrière « pro » à Hénin-Beaumont il y a vingt ans, non ?

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