maintien de l’ordreLa visite d’Emmanuel Macron au Salon de l’Agriculture tourne au chaos

Salon de l’Agriculture : Grilles forcées, policiers visés… La visite de Macron tourne au chaos

maintien de l’ordreSix manifestants ont été interpellés et huit membres des forces de l’ordre ont été blessés ce samedi
Emmanuel Macron a profité de sa venue au Salon samedi pour faire des annonces au monde agricole.
Emmanuel Macron a profité de sa venue au Salon samedi pour faire des annonces au monde agricole. - Alain ROBERT/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des grilles forcées, des policiers visés par des projectiles… Jamais de mémoire de policiers et d’agriculteurs, le Salon de l’Agriculture n’avait vu, pour la venue d’un chef de l’Etat, CRS et gendarmes mobiles s’affronter avec des manifestants dans son enceinte même, donnant l’image d’un immense chaos.

Six manifestants ont été interpellés, a annoncé samedi soir le préfet de police de Paris Laurent Nuñez, qui a aussi fait état de huit blessés parmi les forces de l’ordre, dont deux « un peu plus sérieusement touchés ».

Le préfet a précisé que trois des personnes interpellées l’avaient été pour « violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Le parquet de Paris avait relevé un peu plus tôt que ces personnes seraient convoquées ultérieurement par la justice.

Il a évalué entre « 300 et 400 » le nombre des manifestants les plus vindicatifs le matin. Concernant l’après-midi, il a revendiqué d’avoir interdit à « 300 militants de la Coordination rurale » l’entrée du hall 4 du Parc des Expositions où était alors le chef de l’Etat, pour les empêcher de venir « à nouveau au contact du président de la République, pour s’en prendre à une autorité publique ».

« Ce manque d’anticipation est incompréhensible »

Le contexte de grande colère des agriculteurs laissait présager une visite compliquée samedi pour le président. Mais de là à imaginer des forces de l’ordre casquées et boucliers en main tentant de contenir des agriculteurs en colère, jamais.

« Jamais, je n’ai vu cela », a affirmé à l’AFP le secrétaire national Alliance des CRS et ancien responsable de groupes de sécurité du président et du Premier ministre, Johann Cavallero. « Quand on en arrive là, c’est que la situation est hors de contrôle », estime cet ancien policier.

Et pourtant, a noté un connaisseur des visites de personnalités de haut rang au Salon, « ce n’était pas une surprise cette colère, exacerbée par l’invitation des Soulèvements de la terre au débat présidentiel ». « Ce manque d’anticipation est incompréhensible ».

D’habitude, les forces mobiles sont déployées autour de l’enceinte du Salon. « C’est le protocole pour le chef de l’Etat », c’est aussi le cas pour d’autres personnalités politiques comme le Premier ministre, a confirmé Johann Cavallero.

Des CRS en renfort

Tout a dérapé peu après 8 h00, alors qu’Emmanuel Macron était dans une salle au premier étage du parc des expositions de la porte de Versailles avec des représentants syndicaux agricoles.

A ce moment-là, des agriculteurs de la FNSEA et de la Coordination rurale ont forcé les grilles d’entrée du salon. Grilles gardées par la sécurité privée du Salon, comme l’ont assuré Johann Cavallero et deux sources policières. « Depuis plusieurs années, la responsabilité de la garde des grilles est confiée aux personnels de sécurité privée », a affirmé le responsable Alliance des CRS.

Quatre compagnies de CRS étaient mobilisées depuis 06h00 du matin aux abords du Parc des Expositions. Et deux autres sont venues en renfort dans la matinée. Il y avait aussi des compagnies de gendarmes mobiles. Deux forces qui ont l’habitude de travailler ensemble dans les opérations de maintien de l’ordre.

« Il y a eu un loupé avec le franchissement des barrières d’entrée. Après, un peu tout le monde a fait du maintien de l’ordre à l’intérieur. Et là s’est posé un problème de coordination entre les forces », analyse Johann Cavallero.

Des animaux en panique

Samedi, il y avait des policiers en civil de la préfecture de police de Paris, des policiers de la CRS 8 (l’unité spécialisée dans les opérations de lutte contre les violences urbaines et autres), des CRS, des gendarmes mobiles, des forces de l’ordre à cheval…

« Les CRS avaient interdiction d’utiliser des gaz lacrymogènes à cause des animaux », ont affirmé plusieurs membres des forces de l’ordre. Néanmoins, des agriculteurs ont fait état sur des chaînes d’information de l’utilisation très brève de lacrymogène. Pour le préfet de police, les forces de l’ordre n’ont pas utilisé de gaz lacrymogène, « à une exception près, celle d’un gendarme mobile, projeté au sol, pris à partie, qui, pour se dégager, a fait usage très brièvement d’une gazeuse à main ».

Pendant plusieurs heures, de façon intermittente, il y a eu des agriculteurs poussant violemment les forces de l’ordre qui elles-mêmes les repoussaient vivement, au milieu d’animaux en panique.

« C’est de la poussette. On ne peut pas faire autre chose dans un milieu clos tel que le Salon », a expliqué le syndicaliste policier, ajoutant que si les policiers avaient mis leurs casques, c’était pour se protéger des divers projectiles jetés par les agriculteurs (mottes de terre, œufs, etc..).

Jamais en outre une inauguration du Salon par un chef de l’Etat n’était intervenue plus de quatre heures après l’horaire prévu, avec le hall principal, celui des animaux, fermé au public à l’ouverture.

D’autres présidents ont dû affronter au Salon sifflets, huées et bousculades, comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Mais l’intensité de ceux-ci était bien moindre.

« Samedi, la tension était à un niveau paroxystique », a résumé un habitué du Salon.

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