LE MATCHAttal vs Bardella, duel au soleil entre deux fines gâchettes

Elections européennes 2024 : Le débat Attal – Bardella, un duel au soleil entre deux ambitieux

LE MATCHLe Premier ministre et la tête de liste du Rassemblement national s’affrontent ce jeudi soir en débat. L’occasion d’organiser un duel au sommet à la sauce spaghetti
Jordan Bardella et Gabriel Attal en duel, façon « Il était une fois dans l'Ouest », de Sergio Leone.
Jordan Bardella et Gabriel Attal en duel, façon « Il était une fois dans l'Ouest », de Sergio Leone.  - SIPA Photographe/image numérisée d'« Il était une fois dans l'Ouest » / SIPA
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Jordan Bardella et Gabriel Attal sont parfois comparés pour leur ascension fulgurante dans le monde politique.
  • Le patron du RN et le Premier ministre s’affrontent déjà depuis plusieurs années. Et ils seront face à face, ce jeudi soir sur France 2 à partir de 20h15, en vue des européennes du 9 juin.
  • 20 Minutes s’est donc penché sur cette rivalité entre les deux ambitieux, façon duel de cow-boys dans l’Ouest américain.

Le Premier ministre, Gabriel Attal, et la tête de liste du Rassemblement national, Jordan Bardella, vont débattre ce jeudi soir sur France 2 en vue des européennes du 9 juin prochain. A cette occasion, nous vous proposons de (re) lire cet article centré sur les deux hommes.

Ils sont jeunes, populaires, et déjà considérés comme les futurs champions de leur camp. Jordan Bardella, 28 ans, et Gabriel Attal, 34 ans, sont parfois comparés pour leur ascension fulgurante dans le monde politique. Depuis quelques années déjà, les deux « pistoleros » s’affrontent par médias interposés ou sur les plateaux de télévision. Le patron du Rassemblement national et le Premier ministre se sont encore cherchés, ce jeudi, à propos de la crise agricole qui secoue le pays. 20 Minutes s’est donc penché sur la rivalité entre les deux ambitieux, en vous concoctant un duel au soleil, façon western.

As de la gâchette : égalité

Savoir faire parler le revolver était essentiel pour se faire respecter au Far West. En politique aussi, le talent de flingueur peut s’avérer utile. Jordan Bardella et Gabriel Attal sont des habitués des punchlines assassines pour mettre à mal leurs opposants. Les deux hommes sont également reconnus comme des débatteurs redoutables, même chez leurs adversaires. « Bardella, dans le genre, c’est un vrai talent, un costaud. Il est sans état d’âme », nous disait récemment François Patriat, le patron des sénateurs Renaissance. Lors de leurs affrontements en plateau – déjà à six reprises depuis 2019 – aucun n’a vraiment pris le pas sur l’autre. Egalité donc, avant de nouvelles joutes pour les Européennes.

Expérience : avantage Attal

Les deux hommes ont déjà quelques breloques dans leur sacoche. Jordan Bardella a remporté les élections européennes de 2019 en menant la liste Rassemblement national. Depuis un peu plus d’un an, il a aussi pris la tête du parti.

Mais Gabriel Attal a, lui, directement les mains dans le cambouis, comme aime le souligner une députée macroniste : « Bardella se nourrit de l’absence de résultats, quel bilan a-t-il au Parlement européen, où il ne siège presque jamais ? Attal apporte du concret aux Français, c’est incomparable ». Après avoir été ministre à plusieurs reprises (Jeunesse, porte-parolat, Budget et Education nationale), il est depuis un mois le nouveau chef du gouvernement d’Emmanuel Macron. Point pour Attal.

Construction du personnage : Egalité

L’Ouest américain est rempli de figures historiques qui sont parvenues à construire leur « légende ». Là encore, la politique n’échappe pas à la construction du récit personnel et à la mise en avant des épreuves traversées. Jordan Bardella a souvent évoqué sa jeunesse dans un HLM de Seine-Saint-Denis. « Il a été confronté très jeune à la précarité et la vie difficile de banlieue. Il s’est construit tout seul, ce n’est pas un petit-bourgeois qui a gravi les échelons grâce à son réseau », tranche le député RN Julien Odoul.

Gabriel Attal a, lui, raconté en novembre dernier avoir subi « un déferlement d’insultes et d’injures » à « la fin du collège » pour mieux illustrer son combat contre le harcèlement scolaire. Il a également évoqué la perte de son père et les difficultés pour lui parler de son homosexualité dans la même émission. Egalité.

Notoriété : avantage Bardella

Jordan Bardella et Gabriel Attal jouissent globalement d’une bonne popularité dans l’opinion. Dans le dernier tableau de bord des personnalités politiques de l’Ifop, publié ce mardi, le patron du RN est à la huitième place avec 44 % d’opinions favorables (+3 points). Le nouveau Premier ministre est, lui, premier du classement à 53 % (+1). Oui, mais voilà, l’eurodéputé RN a réussi une prouesse en fin d’année en se hissant directement à la 30e place des personnalités préférées des Français (entre Alain Souchon et Mylène Farmer), et premier politique de ce top 50. Donc (léger) avantage Bardella.

Lonesome cow-boy : avantage Bardella

Les jeunes loups n’ont pas encore les coudées franches pour tracer leur propre sillon. Jordan Bardella reste sous la houlette de Marine Le Pen, déjà candidate pour la présidentielle de 2027. Et « Gabriel Attal incarne la génération Macron », s’est empressé de rappeler l’Elysée quelques heures après sa nomination comme Premier ministre, histoire de garder la main sur le destin du jeune ambitieux. Reste que l’eurodéputé RN semble légèrement en avance dans l’émancipation du mentor, comme lorsqu’il a critiqué implicitement les anciens soutiens de son parti à la Russie, avant d’être recadré par Marine Le Pen.

Eviter les chutes de cheval : avantage Attal

Parce qu’ils contrôlent au maximum leur communication, ils ne sont pas vraiment habitués aux sorties de route (ou des chutes de cheval). Souvent ciblé pour ses liens avec la sulfureuse « GUD connexion », Jordan Bardella a cependant commis une drôle d’erreur pour sa première année à la tête du RN en s’embourbant dans une polémique sur les saillies antisémites de Jean-Marie Le Pen, quelques jours avant une marche importante contre l’antisémitisme à Paris. Lui-même a finalement dû reconnaître « une maladresse ». Peu d’exemples de ce type pour Gabriel Attal, si ce n’est une boulette sur les « Mahorais » lors d’un déplacement à Mayotte et un « mea culpa » sur les revalorisations des enseignants. Point Attal.