info 20 MINUTESSanté mentale, Strava, potes… C’est quoi le sport pour les #MoiJeune ?

« Sans la salle, je meurs »… Mais c’est quoi le sport pour les 18-30 ans ?

info 20 MINUTESSelon la dernière enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans, 75 % en font pour doper leur santé mentale. Un rapport qui est aussi pétri de paradoxes…
Selon la dernière enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans, 75 % en pratiquent pour doper leur santé mentale et souvent en solo, même s'ils espèrent nouer de nouvelles amitiés en pratiquant une activité physique, voire trouver l'amour.
Selon la dernière enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans, 75 % en pratiquent pour doper leur santé mentale et souvent en solo, même s'ils espèrent nouer de nouvelles amitiés en pratiquant une activité physique, voire trouver l'amour. - Canva / Montage 20 Minutes
Marion Pignot

Marion Pignot

L'essentiel

  • On les avait laissés « bien mais pas top ». En janvier 2023, 31 % des 18-30 ans pensaient qu’être jeune en 2023 était bien plus difficile qu’il y a trois ou cinq ans.
  • Trois ans après le début la pandémie, « prendre du temps calme, rien que pour soi, sans rien faire de particulier », 42 % des 18-30 ans déclaraient le faire plus qu’avant le Covid-19. Ils étaient 38 % à moins sortir en soirée, 33 % à moins voir de spectacles, à aller au cinéma.
  • Alors cinq mois avant les JO de Paris, 20 Minutes a demandé à ses 18-30 ans s’ils allaient bien et, surtout, s’ils réussissaient à sortir de leur nid pour aller faire du sport. Et, selon la dernière enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans, 67 % en font au moins une fois par semaine et 75 %, pour doper leur santé mentale.

Il est jeune, il est tatoué, il est vêtu d’un débardeur noir extralarge et il se marre quand on lui demande si « le sport, c’est la vie ». Casque crachant du gros son dans ses oreilles, Grégoire a 21 ans et, selon lui, une grosse « addiction » à la salle. On le croise ce samedi matin, à l’Orange bleue de Montrouge (Hauts-de-Seine). Entre deux séries de dips, Grégoire le matinal se confie : le sport, c’est bien « sa vie ». Surtout depuis qu’il a commencé « ses études de marketing et depuis le confinement ». On est chanceux, Grégoire, c’est notre #MoiJeune, celui qui illustre pile-poil l’enquête exclusive 20 Minutes – OpinionWay sur le sport et les 18-30 ans.

Souvenez-vous 2023 et ce moral des jeunes en berne. Pas vraiment facile pour 31 % d’entre eux de sortir de leur nid. Cette « grotte » sécurisante concoctée à la faveur de la pandémie de Covid-19 et d’une injonction au confinement. Ce home sweet home fait de « chat-livre-tisane » qui reflétait leur santé mentale un brin fébrile. Mais alors que les JO de Paris 2024 pointent le bout de leur nez, on sait aujourd’hui que nos 18-30 ans vont (un peu) mieux. L’an dernier : 78 % d’entre eux évaluaient l’état de la santé mentale de leur génération comme « pas bon », ils sont aujourd’hui 29 % à le trouver « très bon ». Et le sport n’y serait pas étranger.

« Des jeunes qui consomment le sport en mode Netflix »

Ils sont 67 % a en faire au moins une fois par semaine. Ils en pratiquent pour doper leur mental, se vider la tête, évacuer le stress (75 %), pour tutoyer le bien-être (63 %) pour aimer leur corps (61 %), pour le plaisir (38 %) ou pour leur santé (28 %). « On est dans une motivation liée à l’esprit, au bien-être. Mais on a aussi affaire à des jeunes qui consomment le sport en mode Netflix, zapping. On est dans la pratique auto-organisée, avec de la flexibilité », décrypte Guillaume Dietsch, sociologue du sport et enseignant, qui ajoute : « Leurs objectifs sont aussi bourrés de paradoxes. Leur rapport au sport est clairement le reflet de la société actuelle. »

Pas faux. Pas faux. Nos 18-30 ans préfèrent le sport en salle ou dans les infrastructures sportives classiques (58 %), mais, de plus en plus, ils en pratiquent aussi chez eux (46 %) grâce à des tutos ou des applis (26 %). 24 % des répondants se définissent également comme « sportif solitaire », et 60 % s’exercent seuls. Pourtant, si l’objectif premier reste « entretenir [sa] forme, [son] corps ou [sa] santé » (72 %), 62 % assurent que le sport leur permet de « sortir de leur cercle, de rencontrer de nouvelles personnes ». Et s’ils préfèrent le « sport plaisir » pour 70 % d’entre eux au « sport performance » (27 %), ils « se comparent, repoussent leurs limites, parlent dépassement de soi en restant ultraconnectés sur les réseaux sociaux », souligne Guillaume Dietsch.

Enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans.
Enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans. - 20 Minutes

Une « génération Strava », comme la surnomme l’auteur du livre Les jeunes et le sport, Penser la société de demain (Ed. Deboeck) qui fait se côtoyer challenge et sport « sans chrono, ni pression » (67 %), qui évoque un précieux temps pour soi consacré à une activité physique (72 %) mais une difficulté à sortir de chez soi (55 %) pour aller marcher, courir, danser, nager.

« Comme sur les réseaux sociaux, il leur faut des formats courts et un sport à la carte pour qu’ils puissent s’engager sans rien devoir à personne. Ni à un coach, ni à des coéquipiers, poursuit Guillaume Dietsch. Ils sont dans une logique individualiste, parfois narcissique tout en cherchant à sociabiliser. »

« Bouger a une visée ''sanitaire'' »

« Il est très peu question de plaisir dans le rapport des 18-30 ans au sport. Ou en tout cas moins de plaisir que de nécessité. Trois ans après la fin de la pandémie, bouger a une visée “sanitaire” », intervient Eléonore Quarré. Rejoignant Guillaume Dietsch, la responsable des études Société (Pôle opinion) chez OpinionWay a également repéré les nombreux paradoxes mais voit dans cette nouvelle étude #MoiJeune un rapport « sain, réaliste et surtout rationnel » des jeunes au sport. Un chiffre fort ? Ce sont 63 % des répondants qui estiment « qu’une bonne séance leur fait plus de bien qu’un énième verre en terrasse ».

Grégoire, lui, bloque ses trois rendez-vous d’une heure « dans la semaine et deux le week-end ». « J’en ai besoin pour me vider la tête. Je me suis créé une “routine sport” pendant le confinement, ça m’a sauvé. Je continue depuis, histoire d’entretenir ce corps de beau gosse, je ne loupe pas une séance », plaisante-t-il, avant d’ajouter : « sans la salle, je meurs. »

Selon notre étude, 71 % des 18-30 ans pratiquent crossfit, natation, etc. pour gonfler leur « estime de soi » et 52 % nouent également « de nouvelles amitiés » grâce au sport (coucou, le besoin de sociabilisation). C’est le cas de Lucie, derrière le compte Instagram@lavieenLucie. Il y a un peu plus d’un an, la fraîchement trentenaire s’est lancée dans le Body Combat, le Body Bump, le Body Attack et toute la panoplie Body des Mills pour « renouer avec une bonne santé mentale d’abord mais surtout se faire d’autres potes ».

« Je suis moins stressée, moins angoissée »

Jackpot. Lucie s’est créé une vraie bande de copains et une nouvelle vie de quartier. « Je suis moins stressée, moins angoissée et surtout je me suis entourée d’adhérents ou de coachs hyper bienveillants. Alors, certes, j’ai perdu dix kilos et je ne vais pas cracher dessus, mais j’ai surtout gagné en sérénité et en estime de moi », résume la créatrice de contenus ultraconnectée qui se réserve un temps « mode avion » à ses cinq séances hebdomadaires.

Lucie n’avait jamais fait de sport de sa vie, était la « dernière à être choisie en EPS à l’école » et avait développé, dit-elle, une « phobie » de l’exercice physique. Le club parisien qu’elle a choisi propose 40 cours par jour à dix minutes à pied de chez elle. Une proximité qui lui permet de gérer son emploi du temps, de faire ses choix et de « toujours trouver le temps d’aller » bouger.

Enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans.
Enquête #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay sur le rapport au sport des 18-30 ans. - 20 Minutes

Un exemple à suivre alors que l’agenda parfois trop blindé fait que le sport est mis de côté. Guillaume Dietsch et Eleonore Quarré le disent, 55 % de nos 18-30 ans assument avoir du mal à sortir de chez eux pour aller courir, nager, danser, ramer. D’autres confient ne pas avoir le temps (47 %), ne pas avoir assez confiance en eux (43 %) ou être mal à l’aise avec leur poids (24 %). Le sport, c’est aussi la première chose que nos #MoiJeune abandonnent quand ils franchissent de nouvelles étapes de vie, en devenant étudiant, après avoir décroché son premier stage, son premier emploi, etc. Ceci sans compter la giga flemme (54 % des hommes contre 38 % des femmes parmi ceux qui ne font pas ou peu de sport).

Booster son CV, plaire à son crush, trouver l’amour

Un chiffre qui fait sourire nos deux experts. « Les jeunes assument pleinement être responsables de leur inactivité, lâche aussi Guillaume Dietsch. Ok, l’Etat pourrait les motiver un peu à se refaire une santé en mettant à disposition davantage d’infrastructures sportives accessibles à tous (47 %), etc., mais ils savent que c’est à eux de se prendre en main, qu’ils se cachent derrière de fausses excuses. »

Toutes nos études #MoiJeune

On notera tout de même que certains ont trouvé d’autres moyens de se motiver. Pourquoi faire du sport ? Ben, pour ajouter une ligne punchy à son CV (22 %) et faire la différence lors d’un entretien d’embauche. Pour plaire à son crush (29 %) ou trouver l’amour (15 %). Et pour conclure, on rappelle Grégoire à la barre : « on dit toujours que la GenZ ne se bouge pas le cul, mais je vois chaque jour des jeunes tenter de changer les choses. On a juste d’autres habitudes sportives et on bouge plus que vous au même âge, j’en suis sûr. Y en a certainement pas beaucoup des quadras qui ont chopé des abdos en béton, un boulot et leur conjoint en faisant des burpees. »

*Etude #MoiJeune 20 Minutes – OpinionWay, réalisée en ligne du 11 au 15 janvier auprès d’un échantillon représentatif de 572 jeunes âgés de 18 à 30 ans (méthode des quotas).

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