ArgentVieillir à domicile, un coût croissant à anticiper

Vieillir à domicile, un coût croissant à anticiper

ArgentAlors que les seniors souhaitent rester chez eux le plus longtemps possible, les frais augmentent avec la prise d’âge et nécessitent d’être anticipés dès la soixantaine
Face aux coûts importants qui vont de pair avec le vieillissement, il est essentiel d'anticiper au maximum les dépenses inévitables pour rester à domicile le plus longtemps possible.
Face aux coûts importants qui vont de pair avec le vieillissement, il est essentiel d'anticiper au maximum les dépenses inévitables pour rester à domicile le plus longtemps possible. - iStock / City Presse / city_presse
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

Vieillir à domicile est sans conteste le souhait n° 1 d’une très large majorité de Français. Alors que le vieillissement de la population s’accentue – 30 % des citoyens auront plus de 60 ans en 2030 –, c’est un enjeu sociétal majeur puisque les établissements d’hébergement pour personnes âgées sont bien insuffisants comparés aux besoins à venir. Mais encore faut-il avoir les moyens de vivre décemment chez soi en répondant aux besoins allant de pair avec la prise d’âge… On a fait le point avec Benjamin Zimmer, directeur de la Silver Alliance, une plateforme de marques réalisant depuis quatre ans un baromètre annuel sur le coût du bien vieillir à domicile en partenariat avec le site Retraite.com.

Des tarifs en hausse

En 2020, le panier moyen établi par cette étude s’élevait à 1.043 € par mois pour vieillir dignement chez soi de 65 ans à plus de 85 ans. Il a ensuite grimpé à 1.090 € l’année suivante, avant de bondir à 1.164 € mensuels en 2022. « On constate une augmentation de 10,56 % du prix de l’ensemble des biens et des services pour bien vieillir à domicile entre le 1er janvier 2020 et le 1er janvier 2022 », nous précise Benjamin Zimmer. Et 2023 n’a rien arrangé au pouvoir d’achat des seniors puisque le dernier baromètre de Silver Alliance, sorti au mois de novembre, révèle un panier moyen de 1.216 € par mois, en hausse de 4,5 % sur un an, pour vieillir à domicile.
En cause, bien entendu, l’envolée des tarifs de l’énergie, l’inflation touchant les matières premières, ainsi que la revalorisation des salaires de certains secteurs qui ont engendré une hausse généralisée des coûts répercutés en partie sur la clientèle. En effet, ce panier type est établi à partir de quelque 250 devis portant sur 25 produits et services essentiels aux seniors, tels que les mutuelles, l’aide à domicile, la livraison de repas, les frais de transport mais aussi d’équipements nécessaires à la prise en charge de la dépendance.

Des besoins crescendo

Si personne n’échappe à cette hausse tarifaire, elle touche avant tout les publics les plus âgés. En effet, « plus on vieillit, plus le coût du maintien à domicile augmente », explique le spécialiste. C’est la raison pour laquelle le baromètre se décline en neuf profils répartis selon trois tranches d’âge, à 65-75 ans, 75-85 ans et plus de 85 ans, et selon trois niveaux de revenus correspondant à des tarifs d’entrée, de milieu ou du haut de gamme.
Ainsi, les jeunes seniors ont le moins de frais puisqu’ils ne présentent pas de grosse problématique de santé (le panier est de 695 € par mois en 2023, contre 646 € en 2022). C’est autour de 75 ans qu’il faut se montrer vigilant puisque c’est à cette période que peuvent s’installer des maladies chroniques et les premiers signes de perte d’autonomie, entraînant une hausse de coûts (885 € en 2023 vs 827 € un an avant).
Après 85 ans, on entre dans le 5e âge et les besoins d’assistance sont importants (panier de 2.070 € mensuels en 2023 vs 2.020 € en 2022). D’après une étude de 2019 de la Drees, l’institut statistique du ministère de la Santé, l’âge moyen d’entrée en maison de retraite est d’ailleurs de 86 ans, sachant que 21 % des plus de 85 ans sont en Ehpad, soit l’un des taux les plus élevés d’Europe selon un rapport de 2021 du Sénat.

Anticiper, le maître mot

Les jeunes seniors dynamiques préfèrent hélas repousser à plus tard ces problématiques anxiogènes. C’est ainsi le plus souvent une fois que les besoins ont augmenté que l’on se soucie de financer ces dépenses élevées, alors même qu’on est plus fragilisé. Un bien mauvais calcul ! Plutôt que de subir les conséquences du vieillissement, il est plus judicieux de les anticiper en amont pour non seulement échelonner les coûts inévitables mais également avoir le temps de prendre les décisions les plus pertinentes.
« C’est à la soixantaine, au moment où vous songez à votre projet de retraite, qu’il est le plus intéressant de faire un point sur votre logement, par exemple pour sécuriser la salle de bains ou pourquoi pas réfléchir à quitter un appartement situé au 3e étage sans ascenseur », conseille le directeur de la Silver Alliance. Mieux vaut en effet agir avant la baisse de revenus qui va de pair avec la retraite mais aussi tant que vous êtes en capacité d’entamer des démarches complexes. C’est également l’occasion de mettre au propre votre testament et d’anticiper votre succession ou encore de vous renseigner sur vos droits à venir en matière d'aide à domicile et de soins. Car si les dispositifs de soutien sont nombreux, ils sont loin d’être simples à actionner, a fortiori si l’on attend d’être en perte d’autonomie…

Un investissement d’ampleur

Si l’on parle beaucoup de la nécessaire prise en charge de la perte d’autonomie, on en mesure peu l’importance. À titre indicatif, la Silver Alliance compare le coût de la retraite à celui d’un crédit immobilier. Alors qu’on emprunte généralement entre 200.000 € et 300.000 € sur 20 à 25 ans à la trentaine pour s’établir avec sa jeune famille, on aurait en effet besoin d’à peu près la même somme pour financer les quelque trente années que dure la retraite.
Pour y faire face, on peut notamment recourir à l’épargne de longue durée ou, si l’on est propriétaire, mobiliser son logement en mettant par exemple une partie en location, en le vendant pour acheter plus petit ou pourquoi pas en passant par un dispositif de viager ou de prêt viager hypothécaire.

À noter : le baromètre est établi sans tenir compte des aides financières publiques qui peuvent donc diminuer votre facture.