JackpotComment la FDJ veut devenir un « champion européen » du jeu d’argent ?

Jeux à gratter, rachat de loteries… Comment la FDJ veut devenir un « champion européen » des jeux d’argent ?

JackpotDe la difficile ouverture aux paris sportifs à l’ambition internationale, la FDJ a changé de dimension en dix ans
La FDJ a lancé le mois dernier une OPA contre Kindrer, poids lourd européen des jeux en ligne.
La FDJ a lancé le mois dernier une OPA contre Kindrer, poids lourd européen des jeux en ligne. - ROMAIN DOUCELIN/SIPA / Sipa
Xavier Regnier

Xavier Regnier

L'essentiel

  • Astro, Goal ou Banco, la Française des Jeux a toujours plus de jeux à gratter pour séduire les joueurs occasionnels. Une activité désormais essentielle qui s’ajoute à la loterie, mais aussi aux paris sportifs et au poker.
  • Depuis 2019, la FDJ voit au-delà des frontières françaises : sous la pression de l’UE, l’Etat a cédé la majorité de ses parts à des actionnaires privés, et le groupe s’est lancé dans l’acquisition d’opérateurs étrangers.
  • Avec ses 27 millions de clients, la FDJ possède une base de joueurs large et variée, « légèrement plus masculine, jeune, active et aisée » que la moyenne, sauf pour les jeux de grattage qui attirent un public « plutôt féminin ».

Vous êtes du genre à lire l’horoscope de 20 Minutes tous les matins ? Vous gratterez bien un Astro au bar du coin. Grand fan du PSG ? Un Goal alors. Et c’est quoi ce 8 allongé tatoué sur votre poignet ? Il vaut bien un petit Numéro Fétiche, non ? Quel que soit votre style, la FDJ a un jeu à gratter à vous proposer.

En 2023, les jeux de grattage ont ainsi représenté « 60 % de l’activité de loterie » de la FDJ, révèle pour 20 Minutes Audrey Tassin, chargée de relations presse du groupe FDJ. Un succès qui s’appuie sur une stratégie de diversification des jeux, y compris numériques. L’an dernier, la société a « lancé ou relancé 12 jeux en point de vente et 24 en ligne », précise ainsi Audrey Tassin. Plus besoin donc d’aller au bar-tabac du village, puisque vous pouvez gratter votre Solitaire ou votre Banco sur smartphone.

27 millions de clients par an

La FDJ renouvelle ainsi régulièrement son panel, attentive au calendrier et aux « tendances sociétales ». « Une thématique est définie à partir d’inspiration du quotidien ou de benchmark. Ensuite, viennent le travail de design et la construction du tableau de lot », raconte Audrey Tassin. Une logique de séduction de nouveaux joueurs, qui permet à la marque de toucher 27 millions de clients par an. Et qui s’inscrit aussi dans un contexte « d’expansion et de multiplication des jeux à l’échelle mondiale », décrypte l’historienne Elisabeth Belmas, professeure émérite à l’université Paris Nord.

Car depuis 2019, la FDJ voit au-delà des frontières françaises. Sous pression de Bruxelles, l’Etat a cédé la majorité de ses parts à des actionnaires privés. Des petits, comme « Komalo, une compagnie marseillaise de Loto », et des gros, principalement « des fonds d’investissement ». Et même si, sous diverses formes, « 48 % de l’entreprise reste aux mains du public » entre l’Etat, la fédération des buralistes ou encore l’Union des blessés de la tête et de la face, le groupe accompagne une « recomposition du paysage des jeux d’argent au niveau mondial avec le numérique », poursuit l’historienne.

Du monopole national au « champion européen »

« Dernier pays européen à s’ouvrir aux jeux en ligne » et aux plateformes de paris sportifs au début des années 2010, la France n’est plus à la traîne. En 2023, le bénéfice net de la FDJ a bondi de 38 %, avec un chiffre d’affaires de 2,62 milliards d’euros. Des résultats portés par l’acquisition de la loterie irlandaise et de l’opérateur de paris sportifs ZEturf. « La FDJ avait pour objectif d’être présente sur les trois marchés ouverts à la concurrence en ligne (paris sportifs, poker et hippisme), ce qui est désormais le cas », se réjouit Audrey Tassin. Par ailleurs, le groupe s’est lancé dans le rachat de Kindred, un poids lourd européen des paris et jeux en ligne. L’ambition : « créer un champion européen des jeux d’argent et de hasard. »

Au détriment des joueurs, toujours plus incités ? Pas forcément. Si la privatisation de la FDJ avait d’abord laissé craindre une perte de contrôle du secteur au profit des mafias, « la surveillance de l’Autorité nationale des jeux » a permis de garder la main, selon Elisabeth Belmas. « L’interdiction ne sert à rien, car c’est là que se développent les jeux clandestins », défend-elle. Et tout le monde se prend au jeu.

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Avec ses 27 millions de clients, la FDJ possède une base de joueurs large et variée, « légèrement plus masculine, jeune, active et aisée » que la moyenne, selon Audrey Tassin, sauf pour les jeux de grattage, qui attire un public « plutôt féminin ». Au fait, vous n’avez pas une pièce pour gratter un ticket ?