votre vie votre avis« C’est un danger public »… Ils ont peur quand leur parent âgé conduit

« C’est un danger pour lui et pour les autres »… Ils ont peur que leur parent âgé conduise

votre vie votre avisLes lecteurs et lectrices de « 20 Minutes » parlent de leurs proches âgés qui ne veulent pas lâcher le volant mais mettent en danger leur vie (et celle des autres)
Une dame âgée au volant de sa voiture.
Une dame âgée au volant de sa voiture. - halfpoint/Canva / Canva
Lise Abou Mansour

Lise Abou Mansour

L'essentiel

  • Le Parlement européen se prononce ce mercredi sur une mesure visant à imposer un contrôle médical tous les quinze ans afin de garder son permis de conduire.
  • A cette occasion, des lecteurs et lectrices de « 20 Minutes » nous confient les difficultés qu’ils rencontrent face à un parent qui n’est plus en état de conduire mais ne veut pas lâcher le volant.
  • « C’est une personne qui a déjà fait preuve de violence, donc nous ne pouvons pas lui prendre les clés de force », témoigne Flora dont le grand-père souffre de la maladie de Parkinson.

On l’a presque toutes et tous dans nos familles. Cette personne qui n’a ni toute sa tête, ni tous ses réflexes mais qui s’obstine à vouloir conduire. Une question de liberté et d’indépendance… mais à quel prix ? Pour éviter que des personnes âgées qui ne sont pas en état de prendre le volant puissent le faire, le Parlement européen doit se prononcer ce mercredi sur une mesure visant à imposer un contrôle médical tous les quinze ans afin de garder son permis de conduire.

A cette occasion, des lecteurs et lectrices de 20 Minutes nous confient les difficultés qu’ils rencontrent face à un proche âgé qui continue de conduire en mettant sa vie et celle des autres en danger. Parmi eux, le père de Louise, âgé de 75 ans. Il marche difficilement et a besoin d’aide pour monter et descendre de sa voiture. Il n’a plus vraiment de réflexes ni de capacité d’analyse de certaines situations. Parfois il ne sait plus quel jour on est. Pourtant, il continue à prendre le volant. « Je pense qu’il est un danger, pour lui mais aussi pour les autres », estime Louise, qui a répondu à notre appel à témoignages.

« Il a reculé sans regarder »

Le grand-père de Flora* est, lui, atteint de la maladie de Parkinson. L’homme n’est plus autonome, n’arrive plus à écrire, à manger proprement, à se laver correctement, mais il refuse, lui aussi, d’arrêter de conduire. « Il a eu de nombreux accrochages, heureusement, sans trop de gravité », témoigne Flora. Même histoire chez Maurice : « l’un de mes grands-pères a embouti une voiture sur un parking de supermarché et il ne s’en était même pas rendu compte. » Le grand-père de Loïs, 29 ans, a lui aussi embouti une voiture, celle de son petit-fils, dans sa cour. « Il a reculé sans regarder, comme il le fait tous les jours, sauf que ma voiture était stationnée cinq mètres plus loin. Le rétroviseur et la porte y sont passés. »

Moniteur d’auto-école, Saïf, 29 ans, est tous les jours sur la route. D’après lui, la conduite de certaines personnes âgées est « une catastrophe ». Elles n’auraient, selon lui, pas connaissance des évolutions du Code de la route : « tout a changé, les panneaux, les voies de bus, les tramways avec des feux clignotants. » Un constat partagé par Loïs, 29 ans, qui a « très peur » quand ses parents prennent le volant. « Ce sont de vrais dangers publics. Ils conduisent comme s’il n’y avait que des voitures sur la route. Aucun coup d’œil dans le rétroviseur pour vérifier si un piéton, un cycliste ou un motard n’est pas là. »

« On s’est disputés et plus parlé pendant trois mois »

« La vieillesse fait baisser les réflexes, résume Maurice. Personne ne peut le nier. Et si mes grands-pères n’ont pas eu d’accident grave, c’est uniquement grâce aux réflexes des autres conducteurs. » Parce que leur conduite le rend « malade », et qu’il n’a plus de voiture depuis plusieurs années, Loïs a, lui, choisi de réduire la fréquence de ses visites à ses parents : « si je propose de les relayer au volant, même quand leur fatigue est palpable, j’essuie un refus systématique. J’ai tenté de leur parler de ma peur sans succès, on s’est disputés et plus parlé pendant trois mois. »

Flora et ses proches ont tenté de dissuader son grand-père de conduire. En vain. « C’est une personne qui a déjà fait preuve de violence donc nous ne pouvons pas lui prendre les clés de force. » Après plusieurs accrochages, il a dû se rendre chez le garagiste : « la voiture était parfaitement réparable, mais le garagiste a compris le problème et lui a dit que ce n’était pas réparable, qu’il y avait trop de dégâts. Il se retrouve donc sans voiture et ne met pour l’instant plus personne en danger. »

Depuis, la famille se relaie pour le conduire quand il doit se déplacer, « mais une visite médicale régulière aurait permis de lui retirer le droit de conduire sans que la famille n’ait à entrer en conflit avec lui. »

« Il a pris des ronds-points à l’envers »

Le père de Franck aussi refusait d’écouter son fils : « malgré ses incidents, mon avis et celui de ma mère, il continuait à trouver qu’il conduisait bien. » Franck lui a proposé d’aller prendre une heure de conduite en auto-école pour juger de son niveau. « En revenant, il nous a dit que tout s’était bien passé, mais, ayant un doute, je suis allé à l’auto-école et je n’ai pas obtenu le même discours. Il avait pris des ronds-points à l’envers, n’avait pas respecté plusieurs cédez-le-passage et avait failli renverser un piéton. »

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Après une longue discussion, le père de Franck a fini par accepter de vendre sa voiture. Il ne conduit plus depuis. Par chance, il habite en ville.

*Le prénom a été modifié pour préserver l’anonymat de la personne qui témoigne