Réseaux sociaux : Pourquoi la banque Boursorama a-t-elle invité Marion Maréchal en se mettant à dos ses clients ?

«Je vais fermer mon compte chez vous », « normalisation du fascisme », « boursofacho ». Ce lundi, sur X, les internautes sont furieux : la banque en ligne Boursorama aurait invité la députée Reconquête Marion Maréchal pour une conférence. L’annonce avait été faite en fin de semaine dernière par la députée en personne. « Je serai l’invitée de Boursorama vendredi 23 février à partir de 12h10 », avait-elle tweeté.

Qu’en est-il réellement ? Cette conférence avec la députée européenne d’extrême droite a-t-elle eu lieu et pour quelles raisons ? 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

Sur le site de Boursorama, il n’est pas difficile de retrouver la « conférence » en question qui prend davantage la forme d’un entretien « Ecorama », le format des grandes interviews économiques de la banque en ligne. « Marion Maréchal est candidate et tête de liste Reconquête aux élections européennes du 9 juin. Elle revient sur le point de son programme économique, et notamment la baisse de dépenses publiques et d’impôts », explique la présentation qui accompagne l’entretien d’une trentaine de minutes.

Au téléphone, le service de presse de Boursorama justifie cette invitation par une simple distinction des entités de l’entreprise : « Nous avons plusieurs activités. Il y a le portail d’information économique et financière, plus que politique. Puis, il y a Boursobank, qui est la banque et enfin la bourse ». D’un point de vue éditorial, le site certifie qu’il n’y a aucune « prise de position politique ». « C’est uniquement dans un but d’information, de communiquer sur les différents positons des candidats aux européennes [de juin prochain]. On reste un média qui est très neutre d’information… comme vous ».

Pour l’instant, sur la page d’Ecorama, Marion Maréchal est la seule et première candidate aux Européennes à avoir été invitée. « D'autres représentants sont prévus », assure le site.

Les règles de déontologie

Au sujet de la répartition des temps de parole dans les médias, l’Arcom dicte des règles bien précises sur la télévision et la radio. « L’Arcom veille au respect de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion à la télévision et à la radio, et en particulier dans les émissions d’information politique et générale. L’Autorité quantifie la durée des prises de parole politique en s’affranchissant, depuis le 1er janvier 2018, des notions de majorité et d’opposition. Son but est d’assurer une meilleure équité entre les formations politiques », justifie le site de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique.

Pour la presse écrite et web, les règles sont légèrement différentes. La loi du 29 juillet 1881 est moins exigeante face au pluralisme politique. C’est surtout au bon vouloir des médias de presse d’inviter ou non un politique. Toutefois, contrairement à la télévision qui a un nombre faible de chaînes d’information, la presse, elle, respecte (normalement) cette pluralité par le nombre de titres divers proposés au lecteur.