Après avoir dénoncé des faits de harcèlement et ému Gabriel Attal, Océane se fait exclure de son collège
Harcèlement•La sanction a été prononcée par le collège, mais a été immédiatement levée par la directrice académiqueJérôme Diesnis
L'essentiel
- Mi-février, la lettre d’Océane, une élève de cinquième évoquant des projets de suicide, avait suscité une vague d’émotion, et fait réagir jusqu’à Gabriel Attal, alors ministre de l’Education nationale.
- Alors que le rectorat appelait « à l’apaisement et la retenue », le collège a pris une mesure d’expulsion temporaire des deux adolescentes incriminées, niant de facto toute dimension de harcèlement dans cette affaire.
- Devant l’incompréhension suscitée par cette décision, la directrice académique des Pyrénées-Orientales a demandé à la cheffe d’établissement de suspendre temporairement cette décision.
Ses mots avaient soulevé une vague d’émotion. Il y a quelques semaines, une élève de cinquième du collège Pierre Fouche d’Ille-sur-Têt (Pyrénées-Orientales) avait exprimé son désir de mettre fin à ses jours, se disant victime de harcèlement. Sa lettre, trouvée par sa mère et publiée sur les réseaux sociaux mi-février, avait trouvé un fort écho médiatique, jusqu’à Gabriel Attal, alors ministre de l’Education.
L’affaire a fait l’objet d’une enquête par les services du rectorat, dans le cadre du protocole Phare de lutte et de prévention du harcèlement. « Des mesures conservatoires ont été prises par la direction du collège afin d’éviter tout contact entre les deux élèves à la reprise des cours », expliquait le rectorat le 23 février, alors que s’achevaient les vacances scolaires. Sophie Béjean, la rectrice, y soulignait que « tout était mis en œuvre pour faire la lumière sur ce signalement et permettre à cette élève de poursuivre sa scolarité avec sérénité ». Elle appelait dans ce cadre « à l’apaisement et à la retenue ».
« L’équipe de direction du collège ne reconnaît pas le harcèlement à l’encontre de ma fille »
Les derniers rebondissements de l’affaire ne vont pas vraiment dans ce sens. La mère de la jeune fille a ainsi expliqué que l’établissement a décidé… d’expulser sa fille, Océane. « L’équipe de direction du collège de ma fille a pris la décision (…) de ne pas reconnaître le caractère de harcèlement à l’encontre de ma fille, explique-t-elle dans une vidéo, sur X. Mais en plus de ça, elle a pris la décision d’exclure Océane pendant trois jours pour une insulte, un coup de pied et une bousculade, que réfute ma fille. Voilà comment on traite aujourd’hui les élèves qui arrivent à bout de souffle et sont à deux doigts de mettre fin à leurs jours en France dans le système de l’Education nationale. »
« A partir des faits relevés de part et d’autre et à la suite d’une série d’incidents entre les deux élèves, la principale du collège Pierre Fouche a estimé nécessaire de prononcer des sanctions disciplinaires à l’encontre des deux élèves (exclusions temporaires) », confirme le rectorat dans un communiqué. Une sanction pour le moins étonnante, mais qui ne sera finalement pas effective. « Compte tenu toutefois de l’incompréhension suscitée par ces mesures disciplinaires et dans un souci d’apaisement, Anne-Laure Arino, directrice académique des services de l’éducation nationale des Pyrénées-Orientales, a demandé à la cheffe d’établissement de suspendre temporairement leur application », précise le rectorat.