Attention à la marcheA Marseille, la commission d’enquête du Sénat face à l’empire du narcotrafic

Marseille : « Une vertigineuse promenade au bord du gouffre », la commission d’enquête face à l’empire du narcotrafic

Attention à la marcheAprès quatre mois de travaux et alors que la commission d’enquête sur le narcotrafic en France est à Marseille, son président et son rapporteur ont livré leur « bande-annonce »
Les quartiers nord de Marseille
Les quartiers nord de Marseille - L. Urman/SIPA / Sipa
Alexandre Vella

Alexandre Vella

«Prenez ça plutôt comme une bande-annonce ». La commission d’enquête parlementaire sur le narcotrafic en France, commencée en novembre dernier et dont les conclusions doivent être remises mi-mai, a livré ses premières impressions au cours d’une conférence presse organisée à la préfecture de police de Marseille. Les sénateurs Etienne Blanc (LR), rapporteur, et Jérôme Durain (PS), président, ont pu confier leurs inquiétudes sur l’ampleur du trafic de drogues en France.

« Cette commission d’enquête est une vertigineuse promenade au bord du gouffre », a assuré Jérôme Durain. Un terme d’abord apparu à l’issue de l’audition de quatre magistrats marseillais, mardi au sénat, qui ont fait état « d’une guerre perdue contre le narcotrafic » et qualifiés Marseille de « narcoville ». Perdu du moins au niveau juridique, vaincus par « la corruption de basse intensité » et le « manque de moyen humain » pour traiter le volume considérable d’affaires de cette criminalité organisée (499 dossiers à ce jour dans la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille).

« Des entreprises réglées comme des horloges »

Jeudi, à Marseille pour deux jours, les sénateurs ont pu rencontrer des représentants du collectif Trop jeune pour mourir qui œuvre entre autres auprès des familles de victimes et dans les quartiers nord, gangrenés par les trafics. « J’ai été frappé par la dimension libérale de cette activité », a expliqué Etienne Blanc surpris par « ces entreprises réglées comme des horloges » où la division du travail est très forte et naturellement la « violence » qui y règne.

La commission d’enquête, qui réserve ses conclusions et recommandations pour le mois de mai, a toutefois estimé que les trafics de drogues généraient en France six milliards de chiffres d’affaires, pour près de trois milliards de résultats nets, une fois la marchandise et tout le monde payé. Un montant à mesurer à l’aune des dix milliards d’euros de budget du ministère de la justice