mensongeUn homme condamné pour l’affaire des « faux espions » dans Renault

Renault : Un ex-militaire condamné à trois ans de prison pour avoir inventé une histoire d’espionnage dans l’entreprise

mensongeL’homme avait inventé trois faux coupables d’espionnage industriel au sein de l’entreprise Renault
Le logo de Renault
Le logo de Renault - Cyril Zingaro/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’affaire des « faux espions » de Renault, inventée de toutes pièces mais qui a conduit au licenciement de trois cadres du constructeur automobile, a connu son épilogue jeudi avec la condamnation à trois ans de prison dont un an ferme du principal prévenu.

Le tribunal correctionnel de Paris a reconnu coupable d’escroquerie et tentative d’escroquerie Dominique Gevrey, 65 ans, un ex-officier de la direction de la protection et de la sécurité de la défense (DSPD), reconverti dans la sécurité privée et recruté par Renault au sein de la direction de protection du groupe (DPG).

Une affaire kamouloux

L’ancien militaire, qui pourra effectuer sa peine sous bracelet électronique, devra en outre acquitter une amende de 40.000 euros et payer au constructeur automobile la somme de plus de 318.000 euros (la somme qu’il lui avait escroquée) au titre du préjudice matériel subi par la firme.

L’affaire avait commencé par une lettre anonyme adressée le 17 août 2010 à quatre hauts dirigeants du constructeur pour dénoncer le versement de pots-de-vin à des salariés en échange d’informations sensibles autour d’un programme de voiture électrique de Renault.

Des mensonges, toujours plus de mensonges

Le constructeur, dirigé alors par Carlos Ghosn, avait pris l’affaire suffisamment au sérieux pour ouvrir une enquête interne confiée à sa direction de la protection (DGP). Lors du procès en janvier, l’avocat de Renault, Me Philippe Goossens, a pointé des « éléments troublants » suggérant que le mystérieux « corbeau » et Dominique Gevrey étaient une seule et même personne.

Dominique Gevrey « n’a cessé de proposer des fausses pistes » et « d’égarer l’institution judiciaire », a relevé le président de la 11e chambre correctionnelle, Benjamin Blanchet, en prononçant son jugement. S’abritant derrière une source anonyme en Belgique, Dominique Gevrey avait donné à la direction de Renault le nom de trois cadres qui auraient touché des pots-de-vin sur des comptes en Suisse ou au Liechtenstein.

Des cadres licenciés et laminés

L’affaire avait pris de l’ampleur lorsque des rumeurs avaient mis en cause la Chine, qui avait jugé ces allégations « inacceptables ». En fait, tout était faux. Mais la carrière des cadres de Renault, jusqu’alors considérés comme des salariés modèles, avait été laminée.

En janvier 2011, ils sont licenciés. Carlos Ghosn se rend sur le plateau du 20 heures de TF1 pour les accabler. Fait troublant relevé par le parquet, la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, ancêtre de la DGSI) a été écartée de l’enquête. Ce n’est que lorsque le licenciement des trois cadres est rendu public que la DCRI et le gouvernement (alors actionnaire de Renault à hauteur de 15 %) seront enfin alertés.

La DCRI relève le pot aux roses

En moins d’un mois, la DCRI démontrera qu’aucun des trois cadres mis en cause n’a jamais eu de compte bancaire à l’étranger et que la prétendue affaire d’espionnage industriel a été montée de toutes pièces. En mars 2011, Carlos Ghosn revient sur le plateau du 20 heures pour présenter ses « excuses".

Les trois salariés mis en cause ont été indemnisés par le constructeur. Deux ont quitté Renault, le troisième y est resté. Plusieurs dirigeants de la marque au losange, dont son ex-numéro 2 Patrick Pélata, ont démissionné à la suite de cette affaire.

Dominique Gevrey, présent à l’audience jeudi, avait été interpellé en mars 2011 alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour la Guinée. Il a passé huit mois en détention provisoire. A l’occasion de cette affaire, d’autres cadres de Renault ont révélé avoir été licenciés sur la base de dénonciations anonymes. Mais le tribunal a rejeté ce jeudi leur constitution de partie civile.