DISCOURSQui est Claude Malhuret, le sniper du Sénat qui a ému le Congrès ?

IVG dans la Constitution : Claude Malhuret, le sniper « malin » du Sénat, habitué des coups d’éclat

DISCOURSLe discours de l’élu Horizons sur l’avortement, lundi lors du Congrès de Versailles, a été applaudi sur tous les bancs
IVG dans la Constitution : « J'ai vu surgir une adolescente en pleurs »
Thibaut Le Gal

T.L.G.

L'essentiel

  • Le Congrès réuni à Versailles a voté pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution lundi.
  • Claude Malhuret, sénateur Horizons, a ému les parlementaires lors de son discours sur son expérience de médecin face aux femmes qui ne peuvent avorter à l’étranger.
  • Ce « sniper » du Sénat est un habitué des coups d’éclat à la tribune.

«Je revois encore cette adolescente redoublant de pleurs ». Claude Malhuret a relaté lundi après-midi son expérience de médecin face aux femmes qui ne peuvent avorter. Son discours au Congrès réuni à Versailles pour inscrire l’IVG dans la Constitution a été chaleureusement applaudi par l’ensemble des parlementaires et du gouvernement. Mais qui est cet élu Horizons de 73 ans, habitué des coups d’éclat au palais du Luxembourg ?

Une vie de médecin

Comme il l’a souligné lors de son témoignage à la tribune, Claude Malhuret a connu une autre vie dans la médecine. D’interne dans un CHU à la fin des années 1960 à médecin épidémiologiste envoyé en Inde pour traiter la variole pour l’Organisation Mondiale de la Santé, dix ans plus tard. Le docteur en médecine, également avocat, est élu président de Médecins sans frontières en 1978. « Il est raisonnable et expérimenté. C’est un vrai humaniste. Il connaît la politique mais aussi la vie tout court, qu’il met en avant dans ses discours », vante Jean-Pierre Grand, sénateur Horizons de l’Hérault. Autre fait d’armes notable : il cofonde en 1999 avec Laurent Alexandre la plateforme Internet médicale Doctissimo, revendu à Lagardère en 2008.

Des coups d’éclat politiques

En politique aussi, sa besace est bien remplie. Secrétaire d’État chargé des Droits de l’homme dans le gouvernement de Jacques Chirac en 1976, maire de Vichy de 1989 à 2017, il est eurodéputé, député, et sénateur de l’Allier depuis 2014. Il préside le groupe de centre-droit Les Indépendants – République et territoires (LIRT) au palais du Luxembourg depuis sept ans, qui appartient à la majorité de Gérard Larcher (LR). « C’est un élu très libre, quelqu’un de mesuré, apprécié dans la majorité », souffle François Patriat, président du groupe Renaissance au Sénat. « Il est malin, mais pas toujours très franc et courageux, il évite de prendre des coups », nuance un sénateur.

Depuis quelques années, Claude Malhuret est surtout connu pour ses prises de parole mordantes, voire virulentes dans l’hémicycle. Ses interventions au Sénat sont régulièrement relayées sur les réseaux sociaux, comme son attaque contre les faux experts du Covid en 2020. « Il travaille vachement bien ses discours, il sait les écrire et il sait les dire », reconnaît François Patriat.

Mélenchon pour cible favorite

Usant de formules ciselées, – ampoulées diront ses détracteurs – le sénateur aime particulièrement étriller de sa voix monocorde un autre tribun, Jean-Luc Mélenchon, qu’il qualifie de « leader minimo de la France soumise à Cuba » ou de « professeur de la faculté de médecine de la Havane » lors du Covid. Plus récemment, lors des journées parlementaires d’Horizons en septembre, il fait rire la salle sur la fin de la Nupes. « Elle était en soins palliatifs depuis juin, elle est aujourd’hui au stade du prélèvement d’organes », raille « le 43e comeback de Ségolène [Royal] et tacle le patron du PS. « Faure, c’est le petit chien en plastique sur la plage arrière qui dit oui pendant tout le voyage ».

« Il attaque l’extrême gauche et l’extrême droite car il s’inquiète de les voir progresser. C’est une fierté d’avoir un orateur de cette qualité, talentueux, il donne une belle image du Parlement », défend son collègue Jean-Pierre Grand. En 2020, l’intéressé avait refusé que des étudiants créent une page Facebook « fans de Malhuret », selon le Figaro. Il préférait alors s’amuser de sa (relative) notoriété sur les réseaux sociaux. « Ce n’est pas à 70 ans que je vais commencer une carrière politique ».