référendumL’Irlande vote « non » à un amendement contribuant à moins de sexisme

Irlande : Large victoire du « non » à un amendement de la Constitution contribuant à moins de sexisme

référendumRejeté à 73,9 %, l’amendement visait à effacer de la Constitution le rôle prioritaire des mères à assurer les « devoirs domestiques » dans un foyer
Une Irlandaise votant lors du référendum du 8 mars 2024.
Une Irlandaise votant lors du référendum du 8 mars 2024. - PAUL FAITH / AFP
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Alors que le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes, cette date a marqué cette année en Irlande un coup dur dans la lutte pour l’égalité. Les Irlandais ont largement rejeté vendredi lors d’un référendum une modification des références aux femmes et à la famille dans la Constitution de leur pays, rédigée en 1937 et héritière de la longue et forte influence de l’Eglise catholique sur la vie publique et privée.

A rebours d’une classe politique dont les principaux partis avaient défendu le « oui », les électeurs irlandais ont désapprouvé l’élargissement du concept de famille au-delà de la notion de mariage et l’effacement du texte du rôle prioritaire des mères à assurer les « devoirs domestiques » dans un foyer.

« Non » à une redéfinition de la famille

Le premier amendement proposé a vu le « non » l’emporter avec 67,69 % des voix. Le second a lui été rejeté par 73,9 % des électeurs. La première question proposait d’élargir la définition de la famille pour inclure également les « relations durables » comme les couples en concubinage et leurs enfants. La deuxième proposait d’imputer à tous les membres d’une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres.

Les partisans du « non » estimaient que le concept de « relation durable » prêtait à confusion, et que les femmes et les mères étaient « rayées » de la Constitution. Des militants pour les droits des personnes handicapées accusaient aussi le texte de déresponsabiliser l’Etat en matière de prise en charge et de soin de ces personnes.

« Nous avons eu du mal à convaincre les gens de la nécessité ou du besoin d’un référendum, sans parler des détails de la formulation », a concédé le Premier ministre Leo Varadkar, évoquant un « rejet général » avec « un taux de participation respectable ». Ce référendum a toutefois suscité peu d’enthousiasme, avec une participation qui n’a pas dépassé les 50 % dans la plupart des 39 circonscriptions.

Un vote qui doit servir de « prise de conscience »

L’Irlande a légalisé le mariage pour les couples de même sexe en 2015 et l’avortement en 2018. Le gouvernement comptait sur ce double référendum pour effacer un peu plus l’empreinte laissée par l’Eglise catholique dans les institutions du pays.

« C’est un jour triste pour ceux qui militent depuis des décennies pour se débarrasser de ces mots sexistes », dans la Constitution, a réagi la sénatrice travailliste Marie Sherlock sur la radio RTE. La directrice du National Women’s Council, Orla O’Connor a, elle, jugé que ce vote devait servir de « prise de conscience » pour les droits des femmes en Irlande. « C’est une victoire significative du peuple contre l’establishment politique », s’est de son côté félicité Peadar Toibin, chef du parti conservateur Aontu, qui avait soutenu le « non ».

Avant le vote, Leo Varadkar avait estimé qu’une victoire du « non » ferait faire « un pas en arrière » au pays en maintenant « le langage très démodé sur les femmes au sein du foyer ».