PROCÈSSix ans de prison pour le chauffard qui avait tué le président d’HelloWork

Rennes : « Un rallye mortifère »… Six ans de prison pour le chauffard qui avait tué le président d’HelloWork

PROCÈSLes deux passagers, qui avaient également pris la fuite après l’accident mortel survenu dans la nuit du 18 au 19 janvier, ont quant à eux été condamnés à douze mois de prison avec sursis
Le président du groupe HelloWork Jérôme Armbruster avait été tué dans un accident de la route alors qu'il circulait à vélo dans la nuit du 18 au 19 janvier.
Le président du groupe HelloWork Jérôme Armbruster avait été tué dans un accident de la route alors qu'il circulait à vélo dans la nuit du 18 au 19 janvier.  - L. Guizard / 20 Minutes
Jérôme Gicquel

Jérôme Gicquel

L'essentiel

  • Jérôme Armbruster, PDG du groupe HelloWork, a été fauché mortellement alors qu’il circulait à vélo dans la nuit du 18 au 19 janvier à Rennes.
  • Poursuivi pour homicide involontaire, le jeune chauffard de 19 ans, qui conduisait sans permis, alcoolisé et sous stupéfiants, a été condamné ce lundi à six ans de prison ferme.
  • Ses deux passagers, qui avaient également pris la fuite après l’accident mortel, ont écopé d’une peine d’un an avec sursis.

Alcool, vitesse excessive, conduite sans permis… Autant de délits routiers qui sont le quotidien de tous les tribunaux. Avec parfois, trop souvent malheureusement, des accidents tragiques qui brisent des destins et endeuillent des familles. Comme celle de Jérôme Armbruster, le PDG du groupe HelloWork (anciennement RégionsJob), mortellement percuté alors qu’il circulait à vélo dans la nuit du 18 au 19 janvier à Rennes. Fauché par un jeune homme de 19 ans qui était jugé ce lundi après-midi dans une salle bondée du tribunal correctionnel pour homicide involontaire avec deux circonstances aggravantes (délit de fuite et défaut de permis) et conduite en état d’ivresse en état de récidive légale.

Le soir du drame, le prévenu avait emprunté la voiture de sa belle-sœur comme il en avait pris l’habitude malgré un permis annulé quelques mois plus tôt. Après avoir consommé « deux ou trois verres de vodka », il avait rejoint deux amis à leur domicile à Guer (Morbihan), réussissant à les motiver à aller en boîte de nuit à Rennes. Devant la discothèque, le jeune conducteur, ne trouvant plus sa carte d’identité, alors fait demi-tour, se jetant encore quelques shots de vodka sur le parking de la boîte. Le point de départ d’un « rallye mortifère qui ne pouvait que se terminer par un mort », selon le procureur Vincent Varlet. « Il a coché toutes les cases pour causer un homicide routier », a-t-il ajouté, plongeant la salle dans un silence glacial.

Il roulait à près de 150 km/h juste avant la collision

Grillant tous les feux rouges dans le centre-ville de Rennes, le jeune homme avait poursuivi sa course folle au niveau de la route de Lorient. Jusqu’à « ce grand boum » survenu autour de minuit quand Jérôme Armbruster, qui rentrait d’une soirée à vélo, a été percuté de plein fouet alors qu’il empruntait le passage piétons. Il décédera vingt minutes plus tard, son corps étant retrouvé à 70 mètres du lieu de l’impact. « Le choc a été si violent que le vélo a été disloqué en trois morceaux avec des fractures partout sur le corps de la victime », a détaillé Maître Olivier Pacheu, avocat de la famille de Jérôme Armbruster.

Selon l’expertise, la Renault Clio conduite par le prévenu fonçait juste avant la collision à près de 150 km/h, soit trois fois la vitesse autorisée sur cet axe. Très confus sur le déroulé des faits, le principal mis en cause, aimant « la conduite sportive » selon ses proches, a réfuté une telle vitesse. « J’ai regardé le compteur juste avant l’accident et j’étais à 80 km/h », a-t-il assuré. « Choqué » par l’accident, il s’était extrait du véhicule avant de prendre la fuite à travers champs avec ses deux passagers du même âge, tous deux poursuivis pour complicité de délit de fuite. « On ne savait pas ce qu’on avait percuté et on a paniqué », a témoigné l’un d’entre eux à la barre.

La partie civile pointe « la lâcheté » des prévenus

Moins de trois heures après le drame, le chauffard sera retrouvé au domicile de sa mère. Il affichait alors un taux d’alcool de 0,92 gramme par litre de sang, son test salivaire se révélant également positif aux stupéfiants. « Il avait consommé de l’alcool mais il n’était pas complètement bourré », a plaidé l’avocat du jeune homme, qui a présenté, comme ses deux amis, ses excuses à la famille du chef d’entreprise, très digne tout au long de l’audience. « Je suis désolé de ce qui s’est passé », a-t-il timidement lâché à la barre.

Pointant du doigt le comportement irresponsable du jeune conducteur, Maître William Pineau, avocat de la société HelloWork, a également dénoncé « la lâcheté » des trois prévenus qui à aucun moment n’ont porté secours à la victime ni même jeté un regard vers le cycliste qui gisait sur la chaussée. « Ils ont fui leurs responsabilités », a conclu le procureur dans son réquisitoire.

Au terme de quatre heures d’audience, le tribunal a condamné le conducteur, placé en détention provisoire depuis l’accident mortel, à six ans de prison ferme. Il a également interdiction de repasser son permis de conduire pendant huit ans. Les deux passagers ont, quant à eux, écopé d’une peine de douze mois avec sursis.