coïncidence troublanteQu’est-il arrivé au lanceur d’alerte, ex-employé de Boeing, retrouvé mort ?

Boeing : Qu’est-il arrivé au lanceur d’alerte retrouvé mort en plein procès contre son ancien employeur ?

coïncidence troublanteJohn Barnett a témoigné ces derniers jours dans le cadre d’une action en justice qu’il avait intentée contre l’avionneur. Son corps a été retrouvé sans vie dans le parking de son hôtel
John Barnett a été retrouvé mort dans son camion, samedi 9 mars. Il était connu pour avoir dénoncé les dysfonctionnements de Boeing, son ancien employeur, et était à ce moment-là en plein action judiciaire contre l'avionneur américain.
John Barnett a été retrouvé mort dans son camion, samedi 9 mars. Il était connu pour avoir dénoncé les dysfonctionnements de Boeing, son ancien employeur, et était à ce moment-là en plein action judiciaire contre l'avionneur américain. - Photo fournie par la famille / Capture d'écran
Maëva Fassino

Maëva Fassino

L’avionneur Boeing semble être dans une spirale infernale. John Barnett, un ancien employé qui avait témoigné contre l’entreprise, a été retrouvé mort dans son camion, situé dans le parking d’un hôtel où il résidait, à Charleston, en Caroline du Sud, samedi 9 mars.

Présent sur place dans le cadre d’une action en justice qu’il avait intentée contre Boeing après son départ en retraite en 2017, il avait déjà été interrogé par les avocats de l’avionneur, et devait être de nouveau entendu ce jour-là. Son absence de réponse aux appels avait mené à des recherches à son hôtel.

Un potentiel suicide qui interroge

D’après les premières observations communiquées lundi par le bureau du coroner de Caroline du Sud, l’homme aurait lui même mis fin à ses jours. Une enquête est cependant toujours en cours pour déterminer les circonstances exactes du décès. Une hypothèse qui soulève de nombreuses suspicions au vu du contexte précis du drame, alors que Boeing fait face à plusieurs polémiques qui pointent du doigt la fiabilité de ses avions.

Le sexagénaire, qui a travaillé pendant 32 ans pour Boeing, jusqu’à sa retraite, avait tiré la sonnette d’alarme il y a quelques années au sujet de l’usine située à Charleston, où les 787 Dreamliner étaient assemblés. Ancien responsable de qualité pour l’avionneur, il avait déclaré à la BBC que des pièces de qualité inférieure étaient utilisées par le groupe afin de ne pas retarder la production.

Des accusations graves

Selon ses déclarations, l’assemblage était effectué à la hâte et dans des conditions dangereuses. En 2019, il avait notamment assuré avoir observé des travailleurs, mis sous pression, installer des pièces défectueuses, provenant de poubelles, sur des avions.

« Je n'ai pas encore vu d'avion au départ de Charleston sur lequel j'aurais apposé mon nom pour dire qu'il est sûr et en état de navigabilité. »

John Barnett, pour le New York Times, en 2019

Il dénonçait également des anomalies au niveau des masques à oxygène. En effet, il soutenait que les tests effectués sur les systèmes d’oxygène d’urgence devant équiper le 787 avaient révélé un taux de défaillance de 25 %. Un système sur quatre aurait donc pu ne pas se déployer dans une situation d’urgence réelle.

Des révélations corroborées par le FAA

Ainsi, John Barnett avait déclaré de façon fracassante dans le New York Times, en 2019, qu’il n’avait « pas encore vu d’avion au départ de Charleston sur lequel [il] aurait apposé [son] nom pour dire qu’il est sûr et en état de navigabilité ». Des allégations fermement démenties par Boeing. Cependant, selon la BBC, un examen réalisé en 2017 par le régulateur américain, la Federal Aviation Administration (FAA), a confirmé certaines des préoccupations du lanceur d’alerte.

Dans un communiqué, l’avionneur a exprimé sa « tristesse » à l’annonce du décès de leur ancien employé, en adressant ses pensées « à sa famille et à ses amis ». L’avocat du lanceur d’alerte a quant à lui qualifié l’événement de « tragique ».