RESTRICTIONDes JO à Paris pas vraiment « kids friendly »

JO de Paris 2024 : Pas de places bébé, « c'est une honte »... Des Jeux pas vraiment « kids friendly »

RESTRICTIONNi gratuité, ni réduction… Pour les enfants, même pour les bébés, conçus après les premières phases de vente des tickets, Paris-2024 demande d’acheter des places plein tarif
Les bébés vont-ils devoir payer plein pot pour les JO de Paris ?
Les bébés vont-ils devoir payer plein pot pour les JO de Paris ? - David Gray / AFP
Laure Gamaury

Laure Gamaury

L'essentiel

  • Pour les Jeux olympiques de Paris 2024, même les bébés doivent avoir un billet plein tarif pour assister aux épreuves avec leurs parents.
  • Certains d’entre eux, qui avaient déjà acheté des places avant la naissance de leur enfant, cherchent des solutions, comme se relayer pour garder le bébé à tour de rôle, mais elles sont compliquées. D’autres ont acheté un billet en plus mais n’auront peut-être pas des places côte à côte.
  • Contrairement aux Jeux paralympiques, il n’y a pas d’offre « famille » prévue pour les JO alors que les sites sont équipés pour accueillir les enfants.

Sans bébé, ni enfant, la fête est plus folle ? C’est ce que semblent penser les organisateurs de Paris-2024. Alors que le slogan « Ouvrons grand les Jeux » rythme tous les discours sur les JO organisés l’été prochain dans la capitale, la place des plus jeunes sur les sites de compétition ne fait l’objet d’aucune communication : pas de pack famille, pas de tarif enfant et même pire, les bébés même âgés de moins d’un an, doivent avoir un billet plein tarif pour espérer accompagner leurs parents.

Si côté coulisses, la judoka Clarisse Agbégnénou et d’autres se battent pour avoir leurs enfants à leurs côtés durant cet événement planétaire, pour le show, peu de chances d’apercevoir des étoiles dans les yeux des plus jeunes. « On a pris une place pour notre fils de huit ans pour voir du basket à Lille, le 26 juillet. Pour trois tickets, c’est un budget, confie Julie à 20 Minutes. Mais là, notre fille de cinq mois, qui n’était même pas conçue quand on a pris nos places, doit aussi avoir un billet ? Elle sera sur nos genoux, pas sur un siège ! »

Londres a plié en 2012

Pourtant, c’est le règlement, comme le rappelle Paris-2024. « Chaque spectateur sera obligatoirement muni d’un billet payant, quel que soit son âge ». Sécurité ? Jauge ? Tensions sur la billetterie ? Le comité d’organisation reste pour l’heure inflexible sur le sujet, se réjouissant déjà de la nette avancée par rapport à Rio en 2016 où tout enfant de moins de trois ans, était interdit de spectacle.

Oui, mais en 2012, après des mois de concertation, le comité d’organisation des Jeux de Londres était revenu sur sa décision pour les petits bébés. « Toute détentrice de billet devenue entre-temps enceinte, ayant accouché et souhaitant emmener son bébé aux Jeux, pourra le faire. Le bébé devra bien sûr avoir moins de 12 mois et ne sera admis que s’il est attaché en toute sécurité à l’un de ses parents au moyen d’un porte-bébé », avait à l’époque tranché, le directeur général du Cojo londonien, Paul Deighton.

Peu de solutions

Le comité d’organisation de Paris pourrait-il alors faire un pas vers les jeunes parents qui n’avaient aucun moyen d’anticiper une naissance et d’acheter à leur nouveau-né un billet avant même leur conception ? « On a acheté des billets pour l’athlétisme, le tir à l’arc et le water-polo. Nous venons de Bretagne et notre hébergement est réservé, confie à 20 Minutes, Adeline, qui vient d’accoucher et mise, comme Julie, sur un fléchissement. Parce que les places qui sont encore disponibles, le sont à des tarifs vraiment élevés ».

Si pour l’heure, le sujet a été mis en stand-by entre elle et son compagnon, ils ont déjà songé à une solution. « On envisage de se relayer, de partager le temps pour garder notre bébé ». Ainsi pour leur session au Stade de France, pour encourager les athlètes, ils pourraient faire 50-50. « Mon compagnon assisterait à la première moitié, je patienterais avec le bébé à l’extérieur et au milieu, on échangerait ». Une sacrée logistique, difficilement réalisable selon les périmètres de sécurité alentour. « On est déçus parce que l’idée, c’était de vivre l’événement à deux. Tant pis, on n’imagine pas faire garder notre enfant de cinq mois ».

Un service clients vraiment inflexible

Léonard et Marine, dans le même cas de figure, ont opté pour l’achat plein pot d’un nouveau billet pour leur enfant à naître. « Lors d’une nouvelle phase de vente, nous avons pris une place pour la seule session encore disponible ». Ils ont ensuite contacté le service clients de la billetterie pour leur demander s’ils pourront bien être tous ensemble lors de la compétition.

« Au moment de l’achat, votre choix porte uniquement sur la catégorie de place. A l’approche des Jeux, vous serez informé des sièges ou espaces qui vous seront attribués. Paris 2024 s’efforcera de faire en sorte que les sièges correspondant aux billets soient adjacents les uns aux autres, dans la mesure du possible selon la configuration du site. Toutefois, il n’y aura pas de contiguïté de places pour des billets appartenant à des commandes différentes », a répondu Paris-2024. En gros, les billets pris sur la même session auront peut-être la chance d’être les uns à côté des autres. En revanche, celui ajouté lors d’une nouvelle session pour leur bébé qui aura trois mois à ce moment, non. « Une honte », s’agace le couple.

Entre JO et Paralympiques, deux poids, deux mesures

« Je compte bien profiter de ces JO, qui n’arrivent qu’une fois en France, en famille à quatre, renchérit Julie. Le match qu’on a réservé ne dure qu’1h30. On a prévu des casques antibruit. Et puis, surtout c’est l’occasion pour nous qui venons d’Angers, de visiter Lille. Notre hébergement est réservé », appuie la maman, qui n’imagine pas laisser sa fille de cinq mois. « On a toujours un mince espoir que l’organisation change d’avis d’ici les Jeux », complète Adeline.

Le service clients de la billetterie de Paris-2024 a bien précisé à Léonard et Marine que « l’offre Famille est une offre limitée uniquement pour les Jeux paralympiques de Paris 2024 ». Sur place, les sites seront, eux, tout équipés pour recevoir le jeune public : poussettes et espaces près des tribunes pour les garer, tables à langer dans les toilettes. La seule question d’un tarif réduit semble donc avoir été éludée sur les JO, où les organisateurs sont sûrs de remplir les tribunes, sans cet atout marketing ?