Affaire du « Grêlé » : « J’ai reconnu son visage instantanément » chez Nagui… Comment « Marianne » a retrouvé la vidéo
média•L’hebdomadaire « Marianne » a retrouvé une vidéo montrant ce violeur et tueur en série participant à un jeu télévisé, présenté par Nagui. L’auteur de l’article, Jean Arca, raconte à « 20 Minutes » les dessous de son scoopThibaut Chevillard
L'essentiel
- En 2019, le tueur en série François Vérove, connu comme « le Grêlé », a participé à « Tout le monde veut prendre sa place » sur France 2.
- L’hebdomadaire Marianne a retrouvé la vidéo de sa participation au jeu animé par Nagui et diffusé sur France 2.
- L’auteur de l’article, Jean Arca, raconte à 20 Minutes les dessous de son scoop.
Il a passé « plusieurs longues soirées » à visionner des émissions de Nagui. « Un travail assez fastidieux », reconnaît Jean Arca. Journaliste à Marianne et au Progrès, il s’était lancé pour défi de retrouver la vidéo du passage du « Grêlé » dans « Tout le monde veut prendre sa place », diffusée sur France 2. Il a eu connaissance de cette information en lisant le livre que la reine des faits-diversiers, Patricia Tourancheau, a consacré au tueur en série ayant sévi dans les années 1980 et 1990.
Son ouvrage, édité par Points, a gagné un chapitre supplémentaire lorsqu’il est ressorti, début février. Patricia Tourancheau dévoilait que la femme de François Vérone, qui s’est suicidé en 2021, avait mentionné pendant un interrogatoire sa participation à un jeu télévisé. « Cette information m’a interpellé, raconte Jean Arca. Ça semblait assez irréel que quelqu’un qui se sait recherché et dont on connaît le visage puisse passer à la télévision, sur une chaîne publique. »
« Savoir si ces images existaient »
Patricia Tourancheau avait bien tenté de retrouver la vidéo. Pour l’épouse du tueur, cet épisode s’est passé en 2020 ou en 2021. « Elle n’était pas sûre de la date. » La journaliste et son équipe « ont regardé toutes les archives de l’INA sur ces deux années ». Mais en vain. Jean Arca se fixe alors pour mission de mettre la main dessus. « Il fallait vraiment essayer de savoir si ces images existaient. Il y avait un doute. On a pu penser qu’il avait seulement candidaté. Mais pour moi, à partir du moment où sa femme en avait parlé, c’est qu’elle avait l’image de lui passant à la télé », poursuit-il.
Le journaliste exhume les émissions de « TLMVPSP », tournées en 2019. « Par chance, j’ai retrouvé, après pas mal d’heures de recherche, une série de vidéos qui avaient été postées sur un compte Facebook non-officiel. Et parmi elles, il y avait celle-ci. »
« Une démarche et une attitude assez reconnaissable »
Jean Arca a « reconnu son visage instantanément ». « J’avais vu beaucoup de clichés de lui, explique-t-il. On avait déjà vu une vidéo de lui au conseil municipal de Prades-le-Lez (Hérault), mais qui était de très mauvaise qualité. Il avait aussi une démarche et une attitude aussi assez reconnaissable. Je trouve qu’il a une barbe un peu plus prononcée que d’habitude, par rapport aux autres clichés de la même période. On peut se demander s’il s’agit d’une coïncidence ou d’une précaution. »
Lorsque Nagui interroge le candidat, les derniers doutes sont levés. François Vérove évoque son passage dans la police et la gendarmerie. Et même ses missions, en tant que cavalier, dans le bois de Boulogne, « alors qu’il aurait été mis à pied en 1986 pour une possible affaire de mœurs en lien avec des faits commis là-bas », note le journaliste.
« Il y a un peu de provocation derrière »
« C’est clairement un peu le choc de deux mondes, celui de la télé, du divertissement, très policé. Et celui du crime sordide », analyse Jean Arca. Qu’a-t-il pensé en voyant les images de ce criminel, visiblement très détendu, répondant aux questions de l’animateur ? « Après coup, on peut trouver qu’il a une attitude bizarre. Mais quand on le voit comme ça, si on ne sait pas ce qu’il a fait, il ressemble à Monsieur Tout-le-Monde », observe l’auteur de l’article paru dans Marianne.
François Vérove a été éliminé au premier tour. « Imaginez s’il avait gagné, et s’il était resté plusieurs jours, plusieurs semaines. C’est du délire », souligne Jean Arca. Et ce dernier de conclure. « Il y a un peu de provocation derrière. »
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