Seine-Saint-Denis : Des profs qui avaient dénoncé la vétusté de leur lycée sur TikTok rappelés à l'ordre

Le pouvoir des réseaux sociaux. Depuis des années, la vétusté du lycée Blaise-Cendrars de Sevran est connue, subie et dénoncée. C’est pourtant une simple vidéo publiée sur TikTok qui a médiatisé la situation critique dans laquelle exerce le personnel de l’établissement de Seine-Saint-Denis. Vue plus de 2,6 millions de fois sur le réseau social, la vidéo est évidemment arrivée sur le bureau de la hiérarchie.

Ce vendredi, les quatre enseignants du lycée qui avaient participé au petit clip d’une minute trente, et qui ont été convoqués devant leurs supérieurs, ont reçu un rappel au règlement. « Une démarche qui nous semble grandement correspondre à une logique d’intimidation », a estimé le personnel éducatif de Blaise-Cendrars dans un communiqué.

« Un entretien d'intimidation »

Ils se sont vu reprocher « de ne pas avoir respecté leur devoir de réserve, d'avoir organisé la vidéo et ne pas avoir respecté le droit à l'image des élèves », selon les propos des enseignants rapportés au syndicat CNT-Education 93. « C'était un entretien d'intimidation et c'est faux de dire qu'ils sont à l'initiative de la vidéo », a dénoncé sous couvert d'anonymat une professeure de l'établissement.

Sollicitée par l'AFP, l'académie de Créteil a estimé « tout à fait normal qu'un chef d'établissement qui constate un problème de positionnement d'un personnel relevant de son autorité le convoque ». « Aucune procédure disciplinaire n'est engagée. Il n'est pas question ici d'exercice du droit syndical, et encore moins d'une volonté d'y porter atteinte », a ajouté l'académie.

« Aucune procédure disciplinaire engagée »

Sur un ton à la fois fataliste et détaché, élèves et enseignants du lycée Blaise-Cendrars de Sevran avaient utilisé cette vidéo pour dresser un tableau sombre de leur établissement, épinglant à la fois son matériel défectueux, son manque d’entretien et des conditions d’enseignement dégradées. « On est à Blaise-Cendrars, évidemment qu’on a un seau pour les fuites parce qu’on n’a plus de plafond », peut-on y entendre.

L’académie de Créteil confirme la convocation des professeurs qui « s’inscrit dans un cadre réglementaire ». « Aucune procédure disciplinaire n’est engagée à cette heure. Il n’est pas question ici d’exercice du droit syndical, et encore moins d’une volonté d’y porter atteinte », assure sa direction.

Depuis une vingtaine de jours, enseignants, élèves et parents mènent des opérations pour réclamer plus de moyens pour l’école dans le département le plus pauvre de France métropolitaine.