FAIS MOI PEURLe RN majoritaire à l’Assemblée ? Un sondage « secret » l’indique

Un sondage « secret » révèle que le RN pourrait obtenir la majorité à l’Assemblée

FAIS MOI PEURVoilà qui ne va pas donner envie au président de dissoudre l’Assemblée nationale
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 12 mars 2024.
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, le 12 mars 2024.  - Christophe Ena/AP/SIPA / SIPA
Rachel Garrat-Valcarcel

R. G.-V.

Les partis politiques, du moins ce qui en ont les moyens, commandent régulièrement des sondages. Ils restent la plupart du temps confidentiels, sauf s’il est vraiment très bon et que c’est intéressant pour vous de le faire sortir d’une manière ou d’une autre. Là, ce n’était pas le cas : en décembre 2023, Les Républicains a commencé un sondage sur des élections législatives à Ipsos qui donne, pour la première fois, une majorité en siège au Rassemblement national (RN). Peut-être même une majorité absolue dans l’hypothèse haute. C’est L’Obs qui révèle cette information.

Le RN obtiendrait autour de 278 sièges (entre 243 et 305) sachant que la majorité absolue est à 289. Le RN a actuellement 88 sièges. Le camp macroniste obtiendrait 135 sièges (entre 117 et 165), alors qu’elle en a 251 aujourd’hui. La gauche obtiendrait entre 75 et 101 sièges (elle en a 151 aujourd’hui). La droite traditionnelle entre 51 et 68 sièges, contre 62 aujourd’hui. Les cartes, c’est le moins que l’on puisse dire, seraient donc assez largement rebattues.

On ne sait pas tout sur ce sondage

Il a été commande par LR à Ipsos lors du débat sur la loi immigration, en décembre. Il s’agissait pour eux d’évaluer la pertinence de censurer le gouvernement, et donc, possiblement, provoquer une dissolution de l’Assemblée nationale. Finalement, les LR n’ont voté aucune censure, et on comprend sans doute pourquoi à la lecture de ce sondage.

C’est un sondage réalisé sur 4.000 personnes : c’est beaucoup. Quatre ou cinq fois plus que la plupart des sondages habituels. Ce qui permet de réduire la marge d’erreur mais aussi de faire une projection en sièges – l’exercice le plus difficile – un peu plus fiable. On ne sait néanmoins pas tout : quels sont par exemple les rapports de force entre les partis ou coalition au premier tour ? Le mode de scrutin majoritaire à deux tours, celui des législatives en France, peut parfois créer des effets de levier très fort en sièges avec le déplacement de quelques pourcentages d’électeurs ou d’électrices seulement.

C’est encore plus le cas quand – et c’est le cas en ce moment – le pays est dominé par un jeu à trois (macronistes, gauche et RN) voir dans certaines régions à quatre, avec LR. Dans cette configuration, le premier tour devient une roulette russe. Déjà en 2022 il s’en est fallu de quelques milliers de voix seulement pour que le Nupes ait une petite majorité relative… ou les macronistes une majorité absolue. Et le RN, deux fois moins de sièges. Et puis bien sûr : il ne s’agit que d’un sondage, qui n’a pas de valeur prédictive et surtout fait en dehors de toute campagne électorale. Ça ne vaut pas rien, mais ça ne vaut que ce que ça vaut.